Tyreek McDole, Welcome John et Brandon Woody au Montréal Jazz Festival 2025

Montréal accueille du 26 juin au 5 juillet des dizaines d’artistes, entre talents à découvrir et légendes vivantes. Découvrez chaque jour les Live Reports de l’envoyé spécial de Jazz Magazine.
Celui qu’on présente déjà comme la prochaine star du jazz vocal masculin était très attendu au Studio TD par un public dont l’essentiel semblait avoir déjà entendu parler de lui, tandis que le reste ne l’oublierai plus après deux premiers morceaux dune énergie torrentielle. Mais Tyreek McDole ne manque pas d’humilité, et l’a prouvé en mettant aussi souvent que possible en avant les membres de son groupe, encourageant le public à applaudir les nombreux moments de bravoure qu’il leur avait aménagé pendant le concert. Les relectures de standards qui constituent le cœur de son premier album “Open Up Your Senses” frappent par une originalité qui laisse transparaître une personnalité déjà forte et qui commence seulement à s’épanouir. Une voix à suivre !
Autre découverte, moins attendue celle-là, le groupe Welcome John dont la musique s’éloigne du jazz mais qui synthétise avec brio des influences d’une pop sophistiquée difficilement résistible dès lors que ces cinq-là puisent aux mêmes sources que Bobby Caldwell ou plus près de nous Conan Mocassin ou Vulfpeck, et donc tout un monde de pop et de soul au charme impérissable, tout en étant capables de s’aventurer quand ils le veulent aux frontières d’une musique électronique expérimentale sans jamais abandonner le groove . On n’a pas souvent vu le public danser autant que face à ce groupe, et en les écoutant vous comprendrez sans doute vite pourquoi.
L’ambiance est toute autre devant la scène du Pub Molson qu’occupe le natif de Baltimore Brandon Woody, qui a confirmé la très bonne impression qu’avait laissé son premier album sorti chez Blue Note “For The Love Of It All” (Révélation ! Jazz Magazine), publié relativement tardivement dans sa carrière déjà avancée de sideman (Terri Lyne Carrington, Danilo Pérez, Casey Benjamin, Marcus Gilmore, le Black Radio Orchestra de Robert Glasper, Marc Cary ou encore Solange) mais d’autan plus mature et profond.

Malgré des thèmes construits et exposés avec une force de caractère implacable, chaque membre de son groupe (mention spéciale au jubilatoire batteur Quincy Phillips) bouillonne d’idées et semblait parfois prolonger une sorte de solo de chaque instant si leurs contributions ne portaient pas sans cesse le propos du leader. Une musique où l’intensité se manifeste à chaque instant, même quand la pression redescend à la faveur d’une accalmie, et où la technique, quoique qu’impressionnante, n’est jamais une fin en soi. Yazid Kouloughli