Jazz live
Publié le 9 Juil 2017

Julian Lage ou l'esprit de la musique

Le jazz est-il « savant » ou « populaire » ? Le concert donné par Julian Lage au Duc des Lombards prouve que la question n’a que peu d’intérêt lorsque, comme le guitariste américain, on sait tout faire.

Mercredi 5 juillet 2017, Duc des Lombards, Paris (75)

Julian Lage Trio

Julian Lage (g), Chris Lightcap (cb), Eric Doob (dr).

Julian Lage 1

Avant cette prestation en trio, la soirée « Bagatelles » de John Zorn à la Cité de la musique le 2 avril dernier m’avait donné l’occasion d’entendre pour la première fois Julian Lage en concert. Il exécutait une pièce pour deux guitaristes manifestement entièrement écrite, ou quasi, d’une extrême difficulté. Pourtant, loin de la concentration contrite de certains interprètes « classiques », tout en lui exprimait la joie à faire sienne la virtuosité spécifique imposée par la partition de Zorn. Autre soir, autre répertoire. Au Duc des lombards, le trio de Julian Lage donne à entendre les pièces de leur dernier album en date. Elles trouvent leur ancrage dans une expression très américaine. Durant ce second set, je perçois ici et là des phrasés, des couleurs, des enchaînements redevables d’abord à Pat Metheny ou Bill Frisell, plus tard dans le set à Wayne Krantz et John Scofield. À la différence d’autres musiciens, chez Julian Lage cela m’apparaît comme une qualité. Au lieu de constituer des béquilles à un vocabulaire limité, ces effluves historiques ont précisément une fonction narrative. Chacune d’entre elles « dit » quelque chose à l’auditeur, Julian Lage réalisant sciemment un subtile dialogue avec le passé. C’est un jeu et non une démonstration à laquelle se livre d’ailleurs le guitariste, à la différence de Wynton Marsalis lorsqu’il endosse sa blouse blanche de professeur. Julian Lage pourrait en effet très bien se passer de toute référence à ses grands aînés. Il l’a largement démontré en produisant une introduction vertigineuse au seul standard donné au cours du set (et dont le titre m’échappe en écrivant ces lignes). Il imagina entre autre un développement à deux voix réelles proprement vertigineux. Ne donnant prise à aucune comparaison possible, ce passage laissa alors deviner un potentiel hors norme.

Ce point incarne peut-être le vif plaisir ressenti à l’écoute de ce concert. Manifestement ultra doué, Julian Lage ne joue pas de sa virtuosité. Sans jouer contre pour autant, elle n’est qu’un vecteur parmi d’autres de son expression musicale. Le mélodisme, le son plein, l’accent qui change tout sont certains aspects de sa quête esthétique. Toujours le sourire aux lèvres, il chante par exemple tout ce qu’il joue, même, et peut-être surtout les phrases les plus rapides. En l’écoutant j’ai parfois imaginé une sorte de Bill Frisell avec des doigts.

L’ensemble de la prestation du trio – car les partenaires de Julian Lage sont bien sûr de qualité équivalente – me ravit par sa finesse, sans jamais chercher à mettre en déroute les auditeurs, y compris lorsque le groupe joua une pièce d’expression free (thème hors tempo, pas de grille ni de structure, improvisation contrebasse/batterie libre, etc.). Au lieu des mesures à 11/8, d’insaisissables claves superposées, de grilles incompréhensibles pour le commun des mortels, ce furent des blues, des ii-V-I, des mesures à 4/4, à 3/4 ou à 12/8, du groove. Du très classique, mais joué d’une telle manière, fine, fraîche et intelligente, la musique semblant s’évaporer de ces musiciens-médiums ! L’artisanat de l’entertainment poussé à son plus haut ! Alors, le jazz, « savant » ou « populaire » ? Décidément, cette question n’a pas de sens.|Le jazz est-il « savant » ou « populaire » ? Le concert donné par Julian Lage au Duc des Lombards prouve que la question n’a que peu d’intérêt lorsque, comme le guitariste américain, on sait tout faire.

Mercredi 5 juillet 2017, Duc des Lombards, Paris (75)

Julian Lage Trio

Julian Lage (g), Chris Lightcap (cb), Eric Doob (dr).

Julian Lage 1

Avant cette prestation en trio, la soirée « Bagatelles » de John Zorn à la Cité de la musique le 2 avril dernier m’avait donné l’occasion d’entendre pour la première fois Julian Lage en concert. Il exécutait une pièce pour deux guitaristes manifestement entièrement écrite, ou quasi, d’une extrême difficulté. Pourtant, loin de la concentration contrite de certains interprètes « classiques », tout en lui exprimait la joie à faire sienne la virtuosité spécifique imposée par la partition de Zorn. Autre soir, autre répertoire. Au Duc des lombards, le trio de Julian Lage donne à entendre les pièces de leur dernier album en date. Elles trouvent leur ancrage dans une expression très américaine. Durant ce second set, je perçois ici et là des phrasés, des couleurs, des enchaînements redevables d’abord à Pat Metheny ou Bill Frisell, plus tard dans le set à Wayne Krantz et John Scofield. À la différence d’autres musiciens, chez Julian Lage cela m’apparaît comme une qualité. Au lieu de constituer des béquilles à un vocabulaire limité, ces effluves historiques ont précisément une fonction narrative. Chacune d’entre elles « dit » quelque chose à l’auditeur, Julian Lage réalisant sciemment un subtile dialogue avec le passé. C’est un jeu et non une démonstration à laquelle se livre d’ailleurs le guitariste, à la différence de Wynton Marsalis lorsqu’il endosse sa blouse blanche de professeur. Julian Lage pourrait en effet très bien se passer de toute référence à ses grands aînés. Il l’a largement démontré en produisant une introduction vertigineuse au seul standard donné au cours du set (et dont le titre m’échappe en écrivant ces lignes). Il imagina entre autre un développement à deux voix réelles proprement vertigineux. Ne donnant prise à aucune comparaison possible, ce passage laissa alors deviner un potentiel hors norme.

Ce point incarne peut-être le vif plaisir ressenti à l’écoute de ce concert. Manifestement ultra doué, Julian Lage ne joue pas de sa virtuosité. Sans jouer contre pour autant, elle n’est qu’un vecteur parmi d’autres de son expression musicale. Le mélodisme, le son plein, l’accent qui change tout sont certains aspects de sa quête esthétique. Toujours le sourire aux lèvres, il chante par exemple tout ce qu’il joue, même, et peut-être surtout les phrases les plus rapides. En l’écoutant j’ai parfois imaginé une sorte de Bill Frisell avec des doigts.

L’ensemble de la prestation du trio – car les partenaires de Julian Lage sont bien sûr de qualité équivalente – me ravit par sa finesse, sans jamais chercher à mettre en déroute les auditeurs, y compris lorsque le groupe joua une pièce d’expression free (thème hors tempo, pas de grille ni de structure, improvisation contrebasse/batterie libre, etc.). Au lieu des mesures à 11/8, d’insaisissables claves superposées, de grilles incompréhensibles pour le commun des mortels, ce furent des blues, des ii-V-I, des mesures à 4/4, à 3/4 ou à 12/8, du groove. Du très classique, mais joué d’une telle manière, fine, fraîche et intelligente, la musique semblant s’évaporer de ces musiciens-médiums ! L’artisanat de l’entertainment poussé à son plus haut ! Alors, le jazz, « savant » ou « populaire » ? Décidément, cette question n’a pas de sens.|Le jazz est-il « savant » ou « populaire » ? Le concert donné par Julian Lage au Duc des Lombards prouve que la question n’a que peu d’intérêt lorsque, comme le guitariste américain, on sait tout faire.

Mercredi 5 juillet 2017, Duc des Lombards, Paris (75)

Julian Lage Trio

Julian Lage (g), Chris Lightcap (cb), Eric Doob (dr).

Julian Lage 1

Avant cette prestation en trio, la soirée « Bagatelles » de John Zorn à la Cité de la musique le 2 avril dernier m’avait donné l’occasion d’entendre pour la première fois Julian Lage en concert. Il exécutait une pièce pour deux guitaristes manifestement entièrement écrite, ou quasi, d’une extrême difficulté. Pourtant, loin de la concentration contrite de certains interprètes « classiques », tout en lui exprimait la joie à faire sienne la virtuosité spécifique imposée par la partition de Zorn. Autre soir, autre répertoire. Au Duc des lombards, le trio de Julian Lage donne à entendre les pièces de leur dernier album en date. Elles trouvent leur ancrage dans une expression très américaine. Durant ce second set, je perçois ici et là des phrasés, des couleurs, des enchaînements redevables d’abord à Pat Metheny ou Bill Frisell, plus tard dans le set à Wayne Krantz et John Scofield. À la différence d’autres musiciens, chez Julian Lage cela m’apparaît comme une qualité. Au lieu de constituer des béquilles à un vocabulaire limité, ces effluves historiques ont précisément une fonction narrative. Chacune d’entre elles « dit » quelque chose à l’auditeur, Julian Lage réalisant sciemment un subtile dialogue avec le passé. C’est un jeu et non une démonstration à laquelle se livre d’ailleurs le guitariste, à la différence de Wynton Marsalis lorsqu’il endosse sa blouse blanche de professeur. Julian Lage pourrait en effet très bien se passer de toute référence à ses grands aînés. Il l’a largement démontré en produisant une introduction vertigineuse au seul standard donné au cours du set (et dont le titre m’échappe en écrivant ces lignes). Il imagina entre autre un développement à deux voix réelles proprement vertigineux. Ne donnant prise à aucune comparaison possible, ce passage laissa alors deviner un potentiel hors norme.

Ce point incarne peut-être le vif plaisir ressenti à l’écoute de ce concert. Manifestement ultra doué, Julian Lage ne joue pas de sa virtuosité. Sans jouer contre pour autant, elle n’est qu’un vecteur parmi d’autres de son expression musicale. Le mélodisme, le son plein, l’accent qui change tout sont certains aspects de sa quête esthétique. Toujours le sourire aux lèvres, il chante par exemple tout ce qu’il joue, même, et peut-être surtout les phrases les plus rapides. En l’écoutant j’ai parfois imaginé une sorte de Bill Frisell avec des doigts.

L’ensemble de la prestation du trio – car les partenaires de Julian Lage sont bien sûr de qualité équivalente – me ravit par sa finesse, sans jamais chercher à mettre en déroute les auditeurs, y compris lorsque le groupe joua une pièce d’expression free (thème hors tempo, pas de grille ni de structure, improvisation contrebasse/batterie libre, etc.). Au lieu des mesures à 11/8, d’insaisissables claves superposées, de grilles incompréhensibles pour le commun des mortels, ce furent des blues, des ii-V-I, des mesures à 4/4, à 3/4 ou à 12/8, du groove. Du très classique, mais joué d’une telle manière, fine, fraîche et intelligente, la musique semblant s’évaporer de ces musiciens-médiums ! L’artisanat de l’entertainment poussé à son plus haut ! Alors, le jazz, « savant » ou « populaire » ? Décidément, cette question n’a pas de sens.|Le jazz est-il « savant » ou « populaire » ? Le concert donné par Julian Lage au Duc des Lombards prouve que la question n’a que peu d’intérêt lorsque, comme le guitariste américain, on sait tout faire.

Mercredi 5 juillet 2017, Duc des Lombards, Paris (75)

Julian Lage Trio

Julian Lage (g), Chris Lightcap (cb), Eric Doob (dr).

Julian Lage 1

Avant cette prestation en trio, la soirée « Bagatelles » de John Zorn à la Cité de la musique le 2 avril dernier m’avait donné l’occasion d’entendre pour la première fois Julian Lage en concert. Il exécutait une pièce pour deux guitaristes manifestement entièrement écrite, ou quasi, d’une extrême difficulté. Pourtant, loin de la concentration contrite de certains interprètes « classiques », tout en lui exprimait la joie à faire sienne la virtuosité spécifique imposée par la partition de Zorn. Autre soir, autre répertoire. Au Duc des lombards, le trio de Julian Lage donne à entendre les pièces de leur dernier album en date. Elles trouvent leur ancrage dans une expression très américaine. Durant ce second set, je perçois ici et là des phrasés, des couleurs, des enchaînements redevables d’abord à Pat Metheny ou Bill Frisell, plus tard dans le set à Wayne Krantz et John Scofield. À la différence d’autres musiciens, chez Julian Lage cela m’apparaît comme une qualité. Au lieu de constituer des béquilles à un vocabulaire limité, ces effluves historiques ont précisément une fonction narrative. Chacune d’entre elles « dit » quelque chose à l’auditeur, Julian Lage réalisant sciemment un subtile dialogue avec le passé. C’est un jeu et non une démonstration à laquelle se livre d’ailleurs le guitariste, à la différence de Wynton Marsalis lorsqu’il endosse sa blouse blanche de professeur. Julian Lage pourrait en effet très bien se passer de toute référence à ses grands aînés. Il l’a largement démontré en produisant une introduction vertigineuse au seul standard donné au cours du set (et dont le titre m’échappe en écrivant ces lignes). Il imagina entre autre un développement à deux voix réelles proprement vertigineux. Ne donnant prise à aucune comparaison possible, ce passage laissa alors deviner un potentiel hors norme.

Ce point incarne peut-être le vif plaisir ressenti à l’écoute de ce concert. Manifestement ultra doué, Julian Lage ne joue pas de sa virtuosité. Sans jouer contre pour autant, elle n’est qu’un vecteur parmi d’autres de son expression musicale. Le mélodisme, le son plein, l’accent qui change tout sont certains aspects de sa quête esthétique. Toujours le sourire aux lèvres, il chante par exemple tout ce qu’il joue, même, et peut-être surtout les phrases les plus rapides. En l’écoutant j’ai parfois imaginé une sorte de Bill Frisell avec des doigts.

L’ensemble de la prestation du trio – car les partenaires de Julian Lage sont bien sûr de qualité équivalente – me ravit par sa finesse, sans jamais chercher à mettre en déroute les auditeurs, y compris lorsque le groupe joua une pièce d’expression free (thème hors tempo, pas de grille ni de structure, improvisation contrebasse/batterie libre, etc.). Au lieu des mesures à 11/8, d’insaisissables claves superposées, de grilles incompréhensibles pour le commun des mortels, ce furent des blues, des ii-V-I, des mesures à 4/4, à 3/4 ou à 12/8, du groove. Du très classique, mais joué d’une telle manière, fine, fraîche et intelligente, la musique semblant s’évaporer de ces musiciens-médiums ! L’artisanat de l’entertainment poussé à son plus haut ! Alors, le jazz, « savant » ou « populaire » ? Décidément, cette question n’a pas de sens.