Jazz live
Publié le 25 Jan 2023

Les sortilèges Julie Campiche

En amont de la parution du second album de son quartette, la harpiste suisse a fait basculer le Sunset dans un fascinant monde parallèle.

Ce n’est pas juste parce qu’elle est l’une des (très) rares harpistes dans le monde du jazz que Julie Campiche s’était faite remarquer voici trois ans avec le premier album de son Quartet, “Onkalo” : la Suisse s’y illustrait autant comme une instrumentiste capable de puiser toutes sortes de richesses insoupçonnées dans la harpe que comme une compositrice inspirée, à l’univers déjà affirmé et doté d’une profondeur esthétique, mais aussi poétique et politique rares.

Ce soir, sur scène, elle s’était entourée de trois musiciens qui partagent le même état d’esprit et sont capables de prolonger et de donner corps à sa vision singulière, ne tardant pas à faire basculer collectivement le Sunset dans un univers parallèle, entre douceurs oniriques et gravité. Le saxophoniste Leo Fumagalli, impérial, a beaucoup fait par son souffle lyrique et empreint d’urgence pour rendre une musique déjà pittoresque presque palpable, tandis que la section rythmique (Manu Hagmann à la basse, Clemens Kuratle à la batterie), qui a livré une performance volcanique, semblait animée de forces venues d’ailleurs, donnant aux improvisations cascadantes de Julie Campiche, à mi-chemin entre le chorus et la peinture de paysages sonores, une force encore plus grande. Yazid Kouloughli

“You Matter” paraîtra le 3 février prochain chez ENJA (L’Autre Distribution)

 

Photo © Sophie Le Meillour