Jazz live
Publié le 21 Juil 2019

RADIO FRANCE OCCITANIE MONTPELLIER : LEÏLA MARTIAL BAA BOX

Encore une soirée intense au Domaine d’O, avec le groupe de Leïla Martial, et un invité-surprise

Comme chaque soir, un petit tour sous les micocouliers, où un nombreux public se presse pour l’apéro concert. Belle initiative, l’espace restauration est juste de l’autre côté de l’allée, pour ne pas troubler l’écoute de la musique.

Au programme ce soir pour cet avant concert, le groupe ‘Musings on Bill Frisell’, une déambulation musicale autour de l’univers du guitariste américain, entre atmosphère folky, grand espaces de l’Ouest, et passion jazz contenue dans des douceurs formelles.

 

LEÏLA MARTIAL BAA BOX

Leïla Martial (voix, glockenspiel, flûte à coulisse, sanza, percussions, appeaux), Pierre Tereygeol (guitare électro-acoustique, voix), Éric Perez (batterie, basse cocale, électronique)

Amphithéâtre du Domaine d’O, 20 juillet 2019, 22h

Le groupe joue en bonne part la musique du disque «Warm Canto» (Laborie Jazz), paru au printemps dernier. On commence en relative douceur, avec une polyphonie vocale nourrie d’inflexions instrumentales et de dérives. Et Leïla Martial enchaîne en jouant d’une sorte de flûte à coulisse, au son de laquelle elle mêle sa voix, employant une de ces techniques hétérodoxes dont elle a le secret. Dès l’abord le charme opère, la musique s’impose, les partenaires sont totalement en phase avec la chanteuse, par l’instrument comme par la voix.

Puis après un solo vocal d’Éric Perez, nourri de rythmes et de percussions, surgit de la coulisse côté cour l’invité surprise : le chanteur Andreas Schaerer, qui était le veille sur cette même scène. Les deux vocalistes s’étaient côtoyés dans Vocal Acrobats, une vidéo de Klemens Schiess (https://vimeo.com/ondemand/vocalacrobats). Ils distillent ce soir des fragments de Caravan, le thème de Juan Tizol et Duke Ellington. Cette musique se mêle à d’autres éléments qui forment une sorte de chant choral et instrumental aux contours multiples. L’effervescence va croissant : ce sont deux esprits libres qui s’embarquent sans filet dans l’improvisation. Les partenaires de Baa Box sont inclus dans le jeu. Belle envolée ! Suit un dialogue mi bruité, mi parlé, entre les deux vocalistes. Un rythme surgit, et la folie communicative s’installe à nouveau. Le public jubile, le chroniqueur itou. L’invité quitte (provisoirement) la scène, et Leïla Martial chante, en duo avec Pierre Tereygeol à la guitare, Between the Bars, une poignante ballade d’Elliott Smith, chanteur américain relativement peu prolifique, et prématurément disparu, mais dont les chansons ont marqué la génération des années 90, et au-delà. Puis d’un dialogue entre guitare et sanza, soutenu par Éric Perez, surgit le dernier titre, Serenpidity. L’effervescence monte encore d’un cran. Rappel en trio avec un dialogue rythmé-chanté, et polyphonie vocal de Baa Boox qui fait écho à celle du début de concert, puis retour d’Andreas Schaerer pour Warm Canto de Mal Waldron : Leïla Martial transforme le public en une chorale qu’elle dirige avec précision et douceur. Andreas et Leïla s’envolent dans l’impro autour du thème : belle conclusion d’une concert vraiment magique. Ovation verticale, ce qui devient une habitude ici avec cette succession de soirées très réussies.

À revivre (ou à vivre pour ceux qui n’étaient pas à l’Amphi d’O) sur le site de France Musique

https://www.francemusique.fr/emissions/jazz-ete/le-baa-box-de-leila-martial-en-direct-du-festival-de-montpellier-74805

Hélas ce concert est le dernier de cette édition 2019 qui sera diffusé sur France Musique. Les suivants ne sont pas enregistrés. Pour se consoler de cette défection des antennes de Radio France dans un festival qui pourtant porte son nom, et qui depuis 1985 l’associe à cette ville et à cette région, on peut écouter sur France Musique d’autres concerts de jazz, jusqu’à la fin d’août ; détail ci-dessous sur le site de Jazz Magazine.

https://www.jazzmagazine.com/jazzlive/diffusions-de-concerts-de-jazz-cet-ete-sur-france-musique/

Xavier Prévost