Jazz live
Publié le 11 Déc 2015

Solal – Liebman: premières impressions d'une première (à suivre)

Hier soir, jeudi 10 décembre, le pianiste Martial Solal et le saxophoniste David Liebman se rencontraient pour la première fois sur scène, au Sunside, où ils ont encore rendez-vous ce soir… et plus tard encore certainement si les organisateurs de concerts le veulent bien. Souvenirs sur l’oreiller…

Sunside, Paris (75), le 10 décembre 2015.

David Liebman (saxophones soprano et ténor, flageolet), Martial Solal (piano).

Lou, la jeune chatte, tente de m’arracher à mon oreiller, secouant une grande reproduction de Matisse qui domine le bureau de Blueraie dans un coin de notre pièce et dont elle tente de faire sauter les poissons rouges hors de leur bocal, espérant par là-même me faire bondir du lit… qu’enfin la journée commence. Rien n’y fait. De guerre lasse, elle fait tomber un stylo qu’elle fait glisser sur le sol en vain, lacère un un fauteuil (dont elle ne sait pas qu’il lui est entièrement destiné), puis se rendort dans la position de la petite poule, tandis que je résiste, m’appliquant à retenir derrière mes paupières qui tendent maintenant à se décoller l’une de l’autre, ce que j’ai entraperçu hier soir du fond du Sunside.
Les rêves sont-ils sonores… Je le crois sans en avoir été jamais certain. Ce dont je me souviens de ce premier concert de Solal et Liebman, ne sont probablement que des choses vues. On dit que la critique n’entend pas (“If They Only Knew” que Liebman leur adressa autrefois aurait aussi pu s’intituler “If They Only Heard”), qu’elle ne fait que voir. De manière générale, les musiciens mis à part qui ont fait de l’ouïe leur métier, l’être humain est un peu handicapé de ce côté là. Je me réveille lentement, filant à tâtons vers mon ordinateur avant que ces images glissées sous mes paupières ne se soient évanouies avec la lumière du jour, car si Xavier Prévost, l’auteur du long entretien Martial Solal, compositeur de l’instant, m’a demandé à bloguer lui-même sur ce concert, je lui ai dit que résisterai peut-être pas à écrire deux lignes moi aussi sur cette rencontre que nous n’osions rêver. Et sachant qu’il a l’oreille plus pointue que la mienne sur la chose harmonique au cœur des débats de nos deux musiciens, je m’en tiendrais à ce que j’ai vu… ou presque et ne doute pas que nos deux propos soient très complémentaires.
J’arrive à la bourre, alors que David Liebman commente longuement Isocèle, une composition de Martial Solal qui traduit en deux mots le long commentaire de son compère anglophone… le ton est donné. Taquin. Et Solal, à l’issue de cette périlleuse construction sonore, brandira la partition, concise, deux pages, l’air de dire: « Ça n’est que ça!” Puis suivra, peut-être (je ne retrouve plus la page du Monde où j’ai griffoné dans le noir l’ordre des morceaux) I’ll Remember April ou Solar (que je confonds toujours avec Four, mais le producteur Xavier Feygeroldes me souffle « Evidemment, Solar par Solal” qui jouant plus tard Four y citera d’ailleurs Solar) et je vois Liebman, les yeux clos, soudain se cabrer à la façon dont le pianiste fait glisser les substituts harmoniques l’un sur l’autre, esquisser un sourire puis se lancer sur ces plaques verglacées superposées qui se dérobent. Des petites phrases sèches, des répliques brèves et attentives, on joue beaucoup sur l’harmonie certes, mais aussi beaucoup sur la mélodie agitée aux yeux du public comme un chiffon rouge, avec moult calembours, Liebman soudain en de longues phrases rauques et tumultueuses, sur un terrain qui n’est pas celui de son comparse qui le suit à sa manière à lui, traduisant les aveux de Liebman en équations dans son langage pudique, résistant au kitsch de l’émotion surjouée dont il se méfie, mais frémissant aux propos du ténor sur Lover Man, jubilant à l’unisson (un unisson passé au kaléidoscope) des possibilités ludiques d’Oleo, plus étranger (et donc soudain plus décoratif) au “mystiscime” de Liebman sur Cosmos que ce ce dernier introduit au flutiau. Et l’on perçoit, dans la façon dont Martial observe Dave au travers de cette décoration, que l’on n’en est qu’au début de quelque chose qui va s’affermir où la précision chirurgicale du pianiste ne fait encore que tâter de la pointe du bistouri les contours que le saxophoniste aime déborder de couleurs fauves. Rappel: un standard, deux standards… Si on l’avait laissé faire, Martial aurait continué.
Lui que l’on n’a pas vu en club depuis des lustres, il confie qu’il commence à seulement se réveiller, entouré d’admiratrices de tous âges, sous les yeux pas moins admirateurs de Mme Solal et de sa fille Claudia. Franck Bergerot

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Hier soir, jeudi 10 décembre, le pianiste Martial Solal et le saxophoniste David Liebman se rencontraient pour la première fois sur scène, au Sunside, où ils ont encore rendez-vous ce soir… et plus tard encore certainement si les organisateurs de concerts le veulent bien. Souvenirs sur l’oreiller…

Sunside, Paris (75), le 10 décembre 2015.

David Liebman (saxophones soprano et ténor, flageolet), Martial Solal (piano).

Lou, la jeune chatte, tente de m’arracher à mon oreiller, secouant une grande reproduction de Matisse qui domine le bureau de Blueraie dans un coin de notre pièce et dont elle tente de faire sauter les poissons rouges hors de leur bocal, espérant par là-même me faire bondir du lit… qu’enfin la journée commence. Rien n’y fait. De guerre lasse, elle fait tomber un stylo qu’elle fait glisser sur le sol en vain, lacère un un fauteuil (dont elle ne sait pas qu’il lui est entièrement destiné), puis se rendort dans la position de la petite poule, tandis que je résiste, m’appliquant à retenir derrière mes paupières qui tendent maintenant à se décoller l’une de l’autre, ce que j’ai entraperçu hier soir du fond du Sunside.
Les rêves sont-ils sonores… Je le crois sans en avoir été jamais certain. Ce dont je me souviens de ce premier concert de Solal et Liebman, ne sont probablement que des choses vues. On dit que la critique n’entend pas (“If They Only Knew” que Liebman leur adressa autrefois aurait aussi pu s’intituler “If They Only Heard”), qu’elle ne fait que voir. De manière générale, les musiciens mis à part qui ont fait de l’ouïe leur métier, l’être humain est un peu handicapé de ce côté là. Je me réveille lentement, filant à tâtons vers mon ordinateur avant que ces images glissées sous mes paupières ne se soient évanouies avec la lumière du jour, car si Xavier Prévost, l’auteur du long entretien Martial Solal, compositeur de l’instant, m’a demandé à bloguer lui-même sur ce concert, je lui ai dit que résisterai peut-être pas à écrire deux lignes moi aussi sur cette rencontre que nous n’osions rêver. Et sachant qu’il a l’oreille plus pointue que la mienne sur la chose harmonique au cœur des débats de nos deux musiciens, je m’en tiendrais à ce que j’ai vu… ou presque et ne doute pas que nos deux propos soient très complémentaires.
J’arrive à la bourre, alors que David Liebman commente longuement Isocèle, une composition de Martial Solal qui traduit en deux mots le long commentaire de son compère anglophone… le ton est donné. Taquin. Et Solal, à l’issue de cette périlleuse construction sonore, brandira la partition, concise, deux pages, l’air de dire: « Ça n’est que ça!” Puis suivra, peut-être (je ne retrouve plus la page du Monde où j’ai griffoné dans le noir l’ordre des morceaux) I’ll Remember April ou Solar (que je confonds toujours avec Four, mais le producteur Xavier Feygeroldes me souffle « Evidemment, Solar par Solal” qui jouant plus tard Four y citera d’ailleurs Solar) et je vois Liebman, les yeux clos, soudain se cabrer à la façon dont le pianiste fait glisser les substituts harmoniques l’un sur l’autre, esquisser un sourire puis se lancer sur ces plaques verglacées superposées qui se dérobent. Des petites phrases sèches, des répliques brèves et attentives, on joue beaucoup sur l’harmonie certes, mais aussi beaucoup sur la mélodie agitée aux yeux du public comme un chiffon rouge, avec moult calembours, Liebman soudain en de longues phrases rauques et tumultueuses, sur un terrain qui n’est pas celui de son comparse qui le suit à sa manière à lui, traduisant les aveux de Liebman en équations dans son langage pudique, résistant au kitsch de l’émotion surjouée dont il se méfie, mais frémissant aux propos du ténor sur Lover Man, jubilant à l’unisson (un unisson passé au kaléidoscope) des possibilités ludiques d’Oleo, plus étranger (et donc soudain plus décoratif) au “mystiscime” de Liebman sur Cosmos que ce ce dernier introduit au flutiau. Et l’on perçoit, dans la façon dont Martial observe Dave au travers de cette décoration, que l’on n’en est qu’au début de quelque chose qui va s’affermir où la précision chirurgicale du pianiste ne fait encore que tâter de la pointe du bistouri les contours que le saxophoniste aime déborder de couleurs fauves. Rappel: un standard, deux standards… Si on l’avait laissé faire, Martial aurait continué.
Lui que l’on n’a pas vu en club depuis des lustres, il confie qu’il commence à seulement se réveiller, entouré d’admiratrices de tous âges, sous les yeux pas moins admirateurs de Mme Solal et de sa fille Claudia. Franck Bergerot

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Hier soir, jeudi 10 décembre, le pianiste Martial Solal et le saxophoniste David Liebman se rencontraient pour la première fois sur scène, au Sunside, où ils ont encore rendez-vous ce soir… et plus tard encore certainement si les organisateurs de concerts le veulent bien. Souvenirs sur l’oreiller…

Sunside, Paris (75), le 10 décembre 2015.

David Liebman (saxophones soprano et ténor, flageolet), Martial Solal (piano).

Lou, la jeune chatte, tente de m’arracher à mon oreiller, secouant une grande reproduction de Matisse qui domine le bureau de Blueraie dans un coin de notre pièce et dont elle tente de faire sauter les poissons rouges hors de leur bocal, espérant par là-même me faire bondir du lit… qu’enfin la journée commence. Rien n’y fait. De guerre lasse, elle fait tomber un stylo qu’elle fait glisser sur le sol en vain, lacère un un fauteuil (dont elle ne sait pas qu’il lui est entièrement destiné), puis se rendort dans la position de la petite poule, tandis que je résiste, m’appliquant à retenir derrière mes paupières qui tendent maintenant à se décoller l’une de l’autre, ce que j’ai entraperçu hier soir du fond du Sunside.
Les rêves sont-ils sonores… Je le crois sans en avoir été jamais certain. Ce dont je me souviens de ce premier concert de Solal et Liebman, ne sont probablement que des choses vues. On dit que la critique n’entend pas (“If They Only Knew” que Liebman leur adressa autrefois aurait aussi pu s’intituler “If They Only Heard”), qu’elle ne fait que voir. De manière générale, les musiciens mis à part qui ont fait de l’ouïe leur métier, l’être humain est un peu handicapé de ce côté là. Je me réveille lentement, filant à tâtons vers mon ordinateur avant que ces images glissées sous mes paupières ne se soient évanouies avec la lumière du jour, car si Xavier Prévost, l’auteur du long entretien Martial Solal, compositeur de l’instant, m’a demandé à bloguer lui-même sur ce concert, je lui ai dit que résisterai peut-être pas à écrire deux lignes moi aussi sur cette rencontre que nous n’osions rêver. Et sachant qu’il a l’oreille plus pointue que la mienne sur la chose harmonique au cœur des débats de nos deux musiciens, je m’en tiendrais à ce que j’ai vu… ou presque et ne doute pas que nos deux propos soient très complémentaires.
J’arrive à la bourre, alors que David Liebman commente longuement Isocèle, une composition de Martial Solal qui traduit en deux mots le long commentaire de son compère anglophone… le ton est donné. Taquin. Et Solal, à l’issue de cette périlleuse construction sonore, brandira la partition, concise, deux pages, l’air de dire: « Ça n’est que ça!” Puis suivra, peut-être (je ne retrouve plus la page du Monde où j’ai griffoné dans le noir l’ordre des morceaux) I’ll Remember April ou Solar (que je confonds toujours avec Four, mais le producteur Xavier Feygeroldes me souffle « Evidemment, Solar par Solal” qui jouant plus tard Four y citera d’ailleurs Solar) et je vois Liebman, les yeux clos, soudain se cabrer à la façon dont le pianiste fait glisser les substituts harmoniques l’un sur l’autre, esquisser un sourire puis se lancer sur ces plaques verglacées superposées qui se dérobent. Des petites phrases sèches, des répliques brèves et attentives, on joue beaucoup sur l’harmonie certes, mais aussi beaucoup sur la mélodie agitée aux yeux du public comme un chiffon rouge, avec moult calembours, Liebman soudain en de longues phrases rauques et tumultueuses, sur un terrain qui n’est pas celui de son comparse qui le suit à sa manière à lui, traduisant les aveux de Liebman en équations dans son langage pudique, résistant au kitsch de l’émotion surjouée dont il se méfie, mais frémissant aux propos du ténor sur Lover Man, jubilant à l’unisson (un unisson passé au kaléidoscope) des possibilités ludiques d’Oleo, plus étranger (et donc soudain plus décoratif) au “mystiscime” de Liebman sur Cosmos que ce ce dernier introduit au flutiau. Et l’on perçoit, dans la façon dont Martial observe Dave au travers de cette décoration, que l’on n’en est qu’au début de quelque chose qui va s’affermir où la précision chirurgicale du pianiste ne fait encore que tâter de la pointe du bistouri les contours que le saxophoniste aime déborder de couleurs fauves. Rappel: un standard, deux standards… Si on l’avait laissé faire, Martial aurait continué.
Lui que l’on n’a pas vu en club depuis des lustres, il confie qu’il commence à seulement se réveiller, entouré d’admiratrices de tous âges, sous les yeux pas moins admirateurs de Mme Solal et de sa fille Claudia. Franck Bergerot

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Hier soir, jeudi 10 décembre, le pianiste Martial Solal et le saxophoniste David Liebman se rencontraient pour la première fois sur scène, au Sunside, où ils ont encore rendez-vous ce soir… et plus tard encore certainement si les organisateurs de concerts le veulent bien. Souvenirs sur l’oreiller…

Sunside, Paris (75), le 10 décembre 2015.

David Liebman (saxophones soprano et ténor, flageolet), Martial Solal (piano).

Lou, la jeune chatte, tente de m’arracher à mon oreiller, secouant une grande reproduction de Matisse qui domine le bureau de Blueraie dans un coin de notre pièce et dont elle tente de faire sauter les poissons rouges hors de leur bocal, espérant par là-même me faire bondir du lit… qu’enfin la journée commence. Rien n’y fait. De guerre lasse, elle fait tomber un stylo qu’elle fait glisser sur le sol en vain, lacère un un fauteuil (dont elle ne sait pas qu’il lui est entièrement destiné), puis se rendort dans la position de la petite poule, tandis que je résiste, m’appliquant à retenir derrière mes paupières qui tendent maintenant à se décoller l’une de l’autre, ce que j’ai entraperçu hier soir du fond du Sunside.
Les rêves sont-ils sonores… Je le crois sans en avoir été jamais certain. Ce dont je me souviens de ce premier concert de Solal et Liebman, ne sont probablement que des choses vues. On dit que la critique n’entend pas (“If They Only Knew” que Liebman leur adressa autrefois aurait aussi pu s’intituler “If They Only Heard”), qu’elle ne fait que voir. De manière générale, les musiciens mis à part qui ont fait de l’ouïe leur métier, l’être humain est un peu handicapé de ce côté là. Je me réveille lentement, filant à tâtons vers mon ordinateur avant que ces images glissées sous mes paupières ne se soient évanouies avec la lumière du jour, car si Xavier Prévost, l’auteur du long entretien Martial Solal, compositeur de l’instant, m’a demandé à bloguer lui-même sur ce concert, je lui ai dit que résisterai peut-être pas à écrire deux lignes moi aussi sur cette rencontre que nous n’osions rêver. Et sachant qu’il a l’oreille plus pointue que la mienne sur la chose harmonique au cœur des débats de nos deux musiciens, je m’en tiendrais à ce que j’ai vu… ou presque et ne doute pas que nos deux propos soient très complémentaires.
J’arrive à la bourre, alors que David Liebman commente longuement Isocèle, une composition de Martial Solal qui traduit en deux mots le long commentaire de son compère anglophone… le ton est donné. Taquin. Et Solal, à l’issue de cette périlleuse construction sonore, brandira la partition, concise, deux pages, l’air de dire: « Ça n’est que ça!” Puis suivra, peut-être (je ne retrouve plus la page du Monde où j’ai griffoné dans le noir l’ordre des morceaux) I’ll Remember April ou Solar (que je confonds toujours avec Four, mais le producteur Xavier Feygeroldes me souffle « Evidemment, Solar par Solal” qui jouant plus tard Four y citera d’ailleurs Solar) et je vois Liebman, les yeux clos, soudain se cabrer à la façon dont le pianiste fait glisser les substituts harmoniques l’un sur l’autre, esquisser un sourire puis se lancer sur ces plaques verglacées superposées qui se dérobent. Des petites phrases sèches, des répliques brèves et attentives, on joue beaucoup sur l’harmonie certes, mais aussi beaucoup sur la mélodie agitée aux yeux du public comme un chiffon rouge, avec moult calembours, Liebman soudain en de longues phrases rauques et tumultueuses, sur un terrain qui n’est pas celui de son comparse qui le suit à sa manière à lui, traduisant les aveux de Liebman en équations dans son langage pudique, résistant au kitsch de l’émotion surjouée dont il se méfie, mais frémissant aux propos du ténor sur Lover Man, jubilant à l’unisson (un unisson passé au kaléidoscope) des possibilités ludiques d’Oleo, plus étranger (et donc soudain plus décoratif) au “mystiscime” de Liebman sur Cosmos que ce ce dernier introduit au flutiau. Et l’on perçoit, dans la façon dont Martial observe Dave au travers de cette décoration, que l’on n’en est qu’au début de quelque chose qui va s’affermir où la précision chirurgicale du pianiste ne fait encore que tâter de la pointe du bistouri les contours que le saxophoniste aime déborder de couleurs fauves. Rappel: un standard, deux standards… Si on l’avait laissé faire, Martial aurait continué.
Lui que l’on n’a pas vu en club depuis des lustres, il confie qu’il commence à seulement se réveiller, entouré d’admiratrices de tous âges, sous les yeux pas moins admirateurs de Mme Solal et de sa fille Claudia. Franck Bergerot