Jazz live
Publié le 15 Mar 2022

Viktorija Gecyte au café Laurent

 

Au café Laurent, Viktorija Gečytė (Vik) était accompagnée de Dexter Goldberg au piano, et c’était superbe.

Viktorija Gečytė (chant), Dexter Goldberg (piano), au Café laurent le 8 mars 2022

Le café Laurent accueille tous les soirs des concerts de jazz dans un cadre intimiste et feutré, où l’on oublie la rumeur de la rue Dauphine pourtant toute proche. Les lumières sont tamisées, tout semble propice à l’écoute des musiciens, et même le barman chargé des cocktails a l’élégance de remuer son shaker sur les temps faibles. Cette atmosphère cosy était parfaite pour la voix de Viktorija (disons Vik pour aller plus vite) chanteuse aux magnifiques qualités que depuis sept ou huit ans nous avons écoutée à plusieurs reprises : et toujours en repartant de ses concerts avec un sourire aux lèvres.

Depuis quelques mois Vik a trouvé le groupe qu’il lui fallait (avec l’excellent vibraphoniste Nicholas Thomas et l’indéfectible Peter Giron). Mais même en duo, le charme fonctionne formidablement.  On retrouve avec plaisir sa voix somptueusement grave sur des standards dorés à l’or fin, son feeling communicatif, sa communication chaleureuse avec le public, son tempo d’acier, sa joie de chanter.

 

Mais quelque chose a changé. On la sent de plus en plus libre, par exemple dans le scat, ce passage obligé des chanteuses, qui peut basculer soit dans l’haltérophilie soit dans le tourbillon de confettis. Avec Vik, c’est la deuxième solution qui prévaut, la légèreté, la fantaisie et la musicalité sont aux commandes. On la sent plus libre également avec le kazoo, qu’elle aime utiliser sur le blues et dont elle tire un effet véritablement musical, comme un petit solo de trompette bouchée.

 

Parmi les thèmes joués ce soir : It could happen to you, Old devil Moon, The old country, But not for me, Honeysuckle rose, beautiful love : on remarque pour ce morceau la capacité de Vik à interpréter des ballades sans jamais tomber dans la mièvrerie, en faisant toujours ressortir le côté ensoleillé de titres mélancoliques. Je n’ai pas encore parlé de Dexter Goldberg au piano, qui en particulier sur Beautiful love (mais aussi sur Honeysuckle rose) a pris des magnifique solo en laissant courir ses doigts avec allégresse sur le clavier. Il s’est établi entre le pianiste et la chanteuse (qui n’avaient quasiment jamais joué ensemble auparavant) une sorte d’entente spontanée, dans le désir d’aller vers le côté solaire de cette musique, même quand elle est mélancolique. Bien belle soirée.

 

Texte JF Mondot

Dessins AC Alvoët (autres dessins, peintures sur son site www.annie-claire.com)