QUIET MEN à l’Arrosoir de Chalon-sur-Saône

Une escapade en Bourgogne, à l’Arrosoir, club qui fêtait en 2021 son cinquantenaire. Franck Bergerot faisait écho récemment aux concerts, donnés en ces lieux, du trio Emler-Tchamitchian-Échampard (ici), et de Benjamin Moussay (là). Je profite quant à moi d’une virée bourguignonne, qui me conduit aussi à Cosne-sur-Loire pour écouter le quintette Texier entouré d’une harmonie de plus de 45 instrumentistes, pour revenir dans ce club où je n’étais pas venu depuis 15 ou 20 ans (bien avant la suppression du toboggan routier du centre ville….)

QUIET MEN

Denis Colin (clarinettes basse & contralto), Pablo Cueco (zarb), Simon Drappier (arpeggione), Julien Omé (guitare)

Chalon-sur Saône, 25 mars 2022, 21h

Un groupe éminemment singulier : le discours d’escorte de son disque éponyme, enregistré en 2018 et publié l’année suivante, qualifiait la musique de Psychedelic Folk Jazz…. Et c’est une identité possible pour cette fusion d’univers musicaux qui puise à toutes les sources. La présence de l’arpeggione n’ y est pas pour peu. J’ai lu ici ou là que l’instrument avait été conçu à la fin du 19ème siècle : pas très sérieux…. Il fut inventé en 1823, l’année suivante Schubert composa sa fameuse Sonate pour pianoforte et arpeggione , et quatre ans plus tard le compositeur trépassait. L’expressivité particulière de l’arpeggione entre en dialogue avec les clarinettes (la basse, qui nous est familière, et la contralto, au timbre diaphane qui se promène entre sax baryton, cor anglais…. et clarinette basse!). Le zarb façonne les rythmes puis s’envole vers des espaces de liberté virtuose qui nous éblouissent. La guitare tisse des arpèges avant de s’évader en soliste, et les clarinettes déploient tous les sortilèges de la musique, de l’infime nuance à l’explosion sans limite. Le groupe donne le programme du CD, avec aussi quelques souvenirs des groupes de Denis Colin ou Pablo Cueco. Intense, vivant, et puissamment musical, de bout en bout : un régal !

Xavier Prévost