Jazz live
Publié le 1 Mai 2012

April in Paris N° 7 : La Marmite infernale et le cauchemar d’Hector

Peut-être aurait-il fallu – comme on lit le livret d’un opéra avant d’aller l’entendre – connaître quelque peu la musique d’Hector Berlioz qui m’a toujours d’autant plus laissé indifférent que les dernières écoutes que je lui ai consacrées doivent remonter à mes cours de musique de troisième, entre deux exercices à la flûte à bec. Pourtant, si j’avais pris la peine de le lire avant l’exctinction des lumières de la salle, un programme distribué à l’entrée m’aurait confirmé avec force détails que la musique du grand compositeur y est bien revisitée. Réappropriée par l’Arfi en un folklore imaginaire.

Ce qui me rappelle que Louis Sclavis dénonçait, dans la longue interview qu’il accorda à Jazz Magazine/Jazzman en mars dernier, l’utilisation faite par la presse du terme de “foklore imaginaire”. Rappelons au passage que La Marmite infernale est le grand orchestre du collectif lyonnais l’ARFI (Association pour la recherche d’un foklore imaginaire). Je me suis senti visé par Sclavis pour avoir beaucoup utilisé ce mot valise de « folklore imaginaire », notamment dans mon livre « Le Jazz dans tous ses états » (Larousse). Tarte à la crème. Le mot est trop pratique peut-être. Mais bien pratique. Car après tout, il y a chez Sclavis comme dans l’Arfi, cette double idée d’une part de s’inventer son propre folklore, mais d’autre part d’aller chercher des modèles dans les folklore réels. La musique de Sclavis et celle de l’Arfi en est pleine, sans en faire des modèles prêts à l’emploi (encore que l’on a pu entendre par le passé sous les doigts de Jean Bolcato une harpe du burundi « samplée acoustiquement » sur sa contrebasse, chez Sclavis des emprunts très transparents aux Balkans ou à l’Albanie), mais des terrains de réflexion pour repenser le jeu, le rythme, le souffle, l’apprentissage, etc.

 

Est-ce un pur hasard si cette expression de « folklore imaginaire » a surgi en écho à celle, sous la plume de Malraux, de « musée imaginaire ». Ce qui peut agacer aujourd’hui, c’est la récupération du mot pour désigner des musiques qui n’ont rien à voir avec l’Arfi, avec le pillage des musiques du monde. Mais après tout, cette idée de foklore imaginaire, c’est une tendance lourde, pour le meilleur et pour le pire, dont l’Arfi a été pionnière. Le terme convenant tout aussi bien à la musique de Weather Report, on ne voit pas pourquoi l’on se priverait d’une expression plutôt bien trouvée.

Tout ça pour dire que, ce 26 avril à la Dynamo de Pantin, le terrain de jeu de notre Marmite, c’était l’œuvre de Berlioz dont elle se réappropria les lambeaux au travers des propositions de cses arrangeurs plus ou moins « iconoclastes », « agrestes » ou « vandales », plus ou moins « désarrangeurs », voire «  bousilleur » (mais « respectueux », « documenté », « géomètre de l’âme », « visionnaire ») : final de la « Damnation de Faust » par Jean Bolcato, bribes des Troyens par Patrick Charbonnier, « Harold en Italie » (ou s’insère une bourrée collectée par Canteloube) par Alain Gibert,etc. De temps à autre, le buste de Berlioz qui domine la scène prend la parole, ou plus exactement sert à diffuser la voix de Berlioz venue du purgatoire où il se trouve condamné à souffrir les inconvenances de la Marmite. Je reste intentionnellement dans le descriptif pour un résultat qui me laisse sans argument. Certes, on ne résiste pas aux grandes polyphonies fanfaronnes qui surgissent ici et là, dramatiques ou enjouées, mais sorti de ce registre, je n’ai pas trouvé mon compte d’émotion ni d’étonnement dans ce dispositif bien compliqué pour si peu. Chronique du disque en juillet dans Jazzmag pour un avis peut-être contradictoire.


Franck Bergerot

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Peut-être aurait-il fallu – comme on lit le livret d’un opéra avant d’aller l’entendre – connaître quelque peu la musique d’Hector Berlioz qui m’a toujours d’autant plus laissé indifférent que les dernières écoutes que je lui ai consacrées doivent remonter à mes cours de musique de troisième, entre deux exercices à la flûte à bec. Pourtant, si j’avais pris la peine de le lire avant l’exctinction des lumières de la salle, un programme distribué à l’entrée m’aurait confirmé avec force détails que la musique du grand compositeur y est bien revisitée. Réappropriée par l’Arfi en un folklore imaginaire.

Ce qui me rappelle que Louis Sclavis dénonçait, dans la longue interview qu’il accorda à Jazz Magazine/Jazzman en mars dernier, l’utilisation faite par la presse du terme de “foklore imaginaire”. Rappelons au passage que La Marmite infernale est le grand orchestre du collectif lyonnais l’ARFI (Association pour la recherche d’un foklore imaginaire). Je me suis senti visé par Sclavis pour avoir beaucoup utilisé ce mot valise de « folklore imaginaire », notamment dans mon livre « Le Jazz dans tous ses états » (Larousse). Tarte à la crème. Le mot est trop pratique peut-être. Mais bien pratique. Car après tout, il y a chez Sclavis comme dans l’Arfi, cette double idée d’une part de s’inventer son propre folklore, mais d’autre part d’aller chercher des modèles dans les folklore réels. La musique de Sclavis et celle de l’Arfi en est pleine, sans en faire des modèles prêts à l’emploi (encore que l’on a pu entendre par le passé sous les doigts de Jean Bolcato une harpe du burundi « samplée acoustiquement » sur sa contrebasse, chez Sclavis des emprunts très transparents aux Balkans ou à l’Albanie), mais des terrains de réflexion pour repenser le jeu, le rythme, le souffle, l’apprentissage, etc.

 

Est-ce un pur hasard si cette expression de « folklore imaginaire » a surgi en écho à celle, sous la plume de Malraux, de « musée imaginaire ». Ce qui peut agacer aujourd’hui, c’est la récupération du mot pour désigner des musiques qui n’ont rien à voir avec l’Arfi, avec le pillage des musiques du monde. Mais après tout, cette idée de foklore imaginaire, c’est une tendance lourde, pour le meilleur et pour le pire, dont l’Arfi a été pionnière. Le terme convenant tout aussi bien à la musique de Weather Report, on ne voit pas pourquoi l’on se priverait d’une expression plutôt bien trouvée.

Tout ça pour dire que, ce 26 avril à la Dynamo de Pantin, le terrain de jeu de notre Marmite, c’était l’œuvre de Berlioz dont elle se réappropria les lambeaux au travers des propositions de cses arrangeurs plus ou moins « iconoclastes », « agrestes » ou « vandales », plus ou moins « désarrangeurs », voire «  bousilleur » (mais « respectueux », « documenté », « géomètre de l’âme », « visionnaire ») : final de la « Damnation de Faust » par Jean Bolcato, bribes des Troyens par Patrick Charbonnier, « Harold en Italie » (ou s’insère une bourrée collectée par Canteloube) par Alain Gibert,etc. De temps à autre, le buste de Berlioz qui domine la scène prend la parole, ou plus exactement sert à diffuser la voix de Berlioz venue du purgatoire où il se trouve condamné à souffrir les inconvenances de la Marmite. Je reste intentionnellement dans le descriptif pour un résultat qui me laisse sans argument. Certes, on ne résiste pas aux grandes polyphonies fanfaronnes qui surgissent ici et là, dramatiques ou enjouées, mais sorti de ce registre, je n’ai pas trouvé mon compte d’émotion ni d’étonnement dans ce dispositif bien compliqué pour si peu. Chronique du disque en juillet dans Jazzmag pour un avis peut-être contradictoire.


Franck Bergerot

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Peut-être aurait-il fallu – comme on lit le livret d’un opéra avant d’aller l’entendre – connaître quelque peu la musique d’Hector Berlioz qui m’a toujours d’autant plus laissé indifférent que les dernières écoutes que je lui ai consacrées doivent remonter à mes cours de musique de troisième, entre deux exercices à la flûte à bec. Pourtant, si j’avais pris la peine de le lire avant l’exctinction des lumières de la salle, un programme distribué à l’entrée m’aurait confirmé avec force détails que la musique du grand compositeur y est bien revisitée. Réappropriée par l’Arfi en un folklore imaginaire.

Ce qui me rappelle que Louis Sclavis dénonçait, dans la longue interview qu’il accorda à Jazz Magazine/Jazzman en mars dernier, l’utilisation faite par la presse du terme de “foklore imaginaire”. Rappelons au passage que La Marmite infernale est le grand orchestre du collectif lyonnais l’ARFI (Association pour la recherche d’un foklore imaginaire). Je me suis senti visé par Sclavis pour avoir beaucoup utilisé ce mot valise de « folklore imaginaire », notamment dans mon livre « Le Jazz dans tous ses états » (Larousse). Tarte à la crème. Le mot est trop pratique peut-être. Mais bien pratique. Car après tout, il y a chez Sclavis comme dans l’Arfi, cette double idée d’une part de s’inventer son propre folklore, mais d’autre part d’aller chercher des modèles dans les folklore réels. La musique de Sclavis et celle de l’Arfi en est pleine, sans en faire des modèles prêts à l’emploi (encore que l’on a pu entendre par le passé sous les doigts de Jean Bolcato une harpe du burundi « samplée acoustiquement » sur sa contrebasse, chez Sclavis des emprunts très transparents aux Balkans ou à l’Albanie), mais des terrains de réflexion pour repenser le jeu, le rythme, le souffle, l’apprentissage, etc.

 

Est-ce un pur hasard si cette expression de « folklore imaginaire » a surgi en écho à celle, sous la plume de Malraux, de « musée imaginaire ». Ce qui peut agacer aujourd’hui, c’est la récupération du mot pour désigner des musiques qui n’ont rien à voir avec l’Arfi, avec le pillage des musiques du monde. Mais après tout, cette idée de foklore imaginaire, c’est une tendance lourde, pour le meilleur et pour le pire, dont l’Arfi a été pionnière. Le terme convenant tout aussi bien à la musique de Weather Report, on ne voit pas pourquoi l’on se priverait d’une expression plutôt bien trouvée.

Tout ça pour dire que, ce 26 avril à la Dynamo de Pantin, le terrain de jeu de notre Marmite, c’était l’œuvre de Berlioz dont elle se réappropria les lambeaux au travers des propositions de cses arrangeurs plus ou moins « iconoclastes », « agrestes » ou « vandales », plus ou moins « désarrangeurs », voire «  bousilleur » (mais « respectueux », « documenté », « géomètre de l’âme », « visionnaire ») : final de la « Damnation de Faust » par Jean Bolcato, bribes des Troyens par Patrick Charbonnier, « Harold en Italie » (ou s’insère une bourrée collectée par Canteloube) par Alain Gibert,etc. De temps à autre, le buste de Berlioz qui domine la scène prend la parole, ou plus exactement sert à diffuser la voix de Berlioz venue du purgatoire où il se trouve condamné à souffrir les inconvenances de la Marmite. Je reste intentionnellement dans le descriptif pour un résultat qui me laisse sans argument. Certes, on ne résiste pas aux grandes polyphonies fanfaronnes qui surgissent ici et là, dramatiques ou enjouées, mais sorti de ce registre, je n’ai pas trouvé mon compte d’émotion ni d’étonnement dans ce dispositif bien compliqué pour si peu. Chronique du disque en juillet dans Jazzmag pour un avis peut-être contradictoire.


Franck Bergerot

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Peut-être aurait-il fallu – comme on lit le livret d’un opéra avant d’aller l’entendre – connaître quelque peu la musique d’Hector Berlioz qui m’a toujours d’autant plus laissé indifférent que les dernières écoutes que je lui ai consacrées doivent remonter à mes cours de musique de troisième, entre deux exercices à la flûte à bec. Pourtant, si j’avais pris la peine de le lire avant l’exctinction des lumières de la salle, un programme distribué à l’entrée m’aurait confirmé avec force détails que la musique du grand compositeur y est bien revisitée. Réappropriée par l’Arfi en un folklore imaginaire.

Ce qui me rappelle que Louis Sclavis dénonçait, dans la longue interview qu’il accorda à Jazz Magazine/Jazzman en mars dernier, l’utilisation faite par la presse du terme de “foklore imaginaire”. Rappelons au passage que La Marmite infernale est le grand orchestre du collectif lyonnais l’ARFI (Association pour la recherche d’un foklore imaginaire). Je me suis senti visé par Sclavis pour avoir beaucoup utilisé ce mot valise de « folklore imaginaire », notamment dans mon livre « Le Jazz dans tous ses états » (Larousse). Tarte à la crème. Le mot est trop pratique peut-être. Mais bien pratique. Car après tout, il y a chez Sclavis comme dans l’Arfi, cette double idée d’une part de s’inventer son propre folklore, mais d’autre part d’aller chercher des modèles dans les folklore réels. La musique de Sclavis et celle de l’Arfi en est pleine, sans en faire des modèles prêts à l’emploi (encore que l’on a pu entendre par le passé sous les doigts de Jean Bolcato une harpe du burundi « samplée acoustiquement » sur sa contrebasse, chez Sclavis des emprunts très transparents aux Balkans ou à l’Albanie), mais des terrains de réflexion pour repenser le jeu, le rythme, le souffle, l’apprentissage, etc.

 

Est-ce un pur hasard si cette expression de « folklore imaginaire » a surgi en écho à celle, sous la plume de Malraux, de « musée imaginaire ». Ce qui peut agacer aujourd’hui, c’est la récupération du mot pour désigner des musiques qui n’ont rien à voir avec l’Arfi, avec le pillage des musiques du monde. Mais après tout, cette idée de foklore imaginaire, c’est une tendance lourde, pour le meilleur et pour le pire, dont l’Arfi a été pionnière. Le terme convenant tout aussi bien à la musique de Weather Report, on ne voit pas pourquoi l’on se priverait d’une expression plutôt bien trouvée.

Tout ça pour dire que, ce 26 avril à la Dynamo de Pantin, le terrain de jeu de notre Marmite, c’était l’œuvre de Berlioz dont elle se réappropria les lambeaux au travers des propositions de cses arrangeurs plus ou moins « iconoclastes », « agrestes » ou « vandales », plus ou moins « désarrangeurs », voire «  bousilleur » (mais « respectueux », « documenté », « géomètre de l’âme », « visionnaire ») : final de la « Damnation de Faust » par Jean Bolcato, bribes des Troyens par Patrick Charbonnier, « Harold en Italie » (ou s’insère une bourrée collectée par Canteloube) par Alain Gibert,etc. De temps à autre, le buste de Berlioz qui domine la scène prend la parole, ou plus exactement sert à diffuser la voix de Berlioz venue du purgatoire où il se trouve condamné à souffrir les inconvenances de la Marmite. Je reste intentionnellement dans le descriptif pour un résultat qui me laisse sans argument. Certes, on ne résiste pas aux grandes polyphonies fanfaronnes qui surgissent ici et là, dramatiques ou enjouées, mais sorti de ce registre, je n’ai pas trouvé mon compte d’émotion ni d’étonnement dans ce dispositif bien compliqué pour si peu. Chronique du disque en juillet dans Jazzmag pour un avis peut-être contradictoire.


Franck Bergerot