Jazz live
Publié le 27 Fév 2017

JAZZ SUR LE VIF : ENZO CARNIEL ‘House of Echo’ & ALEX TASSEL QUARTET

Neuvième concert de la saison ‘Jazz sur le Vif’ d’Arnaud Merlin, et une fois encore un programme riche et contrasté tout à la fois : le quartette d’un pianiste qui voici peu terminait son cursus au département de jazz du Conservatoire National Supérieur de Paris, Enzo Carniel ; et un musicien quadragénaire qui s’est de longtemps imposé dans les meilleures compagnies, principalement au bugle, dont il est un praticien expert, Alex Tassel.

Enzo Carniel vu du côté cour

ENZO CARNIEL ‘House of Echo’ : Enzo Carniel (piano, piano préparé, composition), Marc-Antoine Perrio (guitare, effets électroniques, composition), Simon Tailleu (contrebasse), Ariel Tessier (batterie)

Maison de la Radio, studio 105, 25 février 2017, 17h30

Le groupe s’intitule ‘House of Echo’, il est inspiré par une maison provençale, et il s’apprête à publier son deuxième disque, d’ores et déjà enregistré. Ce projet est aussi celui du guitariste Marc-Antoine Perrio, qui apporte certaines compositions, et une couleur instrumentale distincte de celle du pianiste ; les deux univers cohabitent harmonieusement, sur le plan de la composition comme sur celui de l’improvisation. Le concert commence pianissimo, avec des sons de guitare ténus et tenus, pour un long crescendo fédérateur qui catalyse finalement l’ensemble des instruments et des énergies. C’est une musique de l’espace et de l’atmosphère, dans un esprit très collectif où chacun cependant paraît conquérir une existence autonome. Pour le thème suivant, on entre bille en tête, comme si l’on montait en marche dans un chorus de la plus belle effervescence ; un autre paysage en somme. Puis l’on revient pour la troisième composition vers un univers plus introspectif. Le pianiste ponctue certaines notes de son instrument par la percussion d’un bol tibétain (que l’on retrouvera plus loin, comme auxiliaire du piano préparé, sur les cordes de l’instrument), créant ainsi un cadre mystérieux où la contrebasse s’insère de manière hétérodoxe : le bassiste attaque de son archet le chevalet de l’instrument, produisant un bruissement qui renvoie à la rumeur du monde naturel. Le piano domine par un ostinato, rejoint par la guitare jusqu’à un tutti aux accents rythmiques effrénés : à cet instant, comme plus loin au fil du concert, on pensera aux rythmes hypnotiques, et présumés ‘barbares’, sur lesquels Bartók et Stravinski construisirent certaines de leurs pièces. La batterie se fera aussi soliste, mais dans le flux collectif, où elle autonomise son discours sans cesser jamais de porter la pulsation. Et l’on ira ainsi, de calme en tempête, jusqu’à un hymne conclusif tissé de sérénité. Manifestement, il y a là un univers singulier, et abouti, que le disque à paraître devrait conforter.

Alex Tassel

ALEX TASSEL QUARTET : Alex Tassel (bugle), Jason Rebello (piano), Viktor Nyberg (contrebasse), Julien Charlet (batterie)

Maison de la Radio, studio 105, 25 février 2017, 18h45

Un nouveau groupe pour Alex Tassel, avec lequel il n’avait jusqu’alors effectué qu’un tour de chauffe. Le bassiste et le batteur sont ceux que l’on avait entendus avec lui en quintette au Duc des Lombards, mais le pianiste est cette fois le Britannique Jason Rebello, un musicien qui collaborait à l’aube de sa carrière avec Wayne Shorter, Branford Marsalis ou Gary Burton, et qui a aussi trouvé sa place dans l’univers de la pop avec Sting, Jeff Beck, Peter Gabriel et Phil Collins. Et ce n’est pas un hasard si on le retrouve au côté d’Alex Tassel, lequel a joué, comme Jason Rebello, avec Manu Katché…. La raison de ce compagnonnage est surtout à chercher dans le formidable talent de ce pianiste, peut-être un peu occulté dans l’univers du jazz européen par ses activités dans le grand show business. Et le choix fait par Alex Tassel est assurément idéal. La musique, qui semble regarder un peu vers les grands disques Blue Note des sixties, oscille entre énergie pure et mélancolie. On commence sur tempo vif, dans un esprit qui serait celui du hard bop prolongé façon années 90, avant de plonger dans Nostalgia, thème bien nommé, qui figurait notamment sur l’album «Serenity» publié en 2015. Le timbre chaud du bugle convient parfaitement à cet univers doux-amer, et les développements du souffleur dans ses improvisations épouse à merveille ce clair-obscur. Sur tempo vif il montre d’autres facettes, tout aussi convaincantes. Le pianiste impressionne : il a le bon goût de ne pas dérouler des valeurs rythmiques toujours égales, et une distribution d’accents répétitive et symétrique : il joue au contraire dans la diversité, le contraste, la surprise, et on le suit dans sa cavalcade pianistique avec étonnement…. et enthousiasme. Le tandem basse-batterie est d’une parfaite pertinence, il donne constamment vie au déroulé de la musique. Julien Charlet a la ponctuation vive, et Viktor Nyberg pose ses notes, en accompagnement comme en chorus, avec une force qui évoque chez l’amateur un brin nostalgique les grandes heures mingusiennes. Bref on se régale, car le souffleur est parfaitement porté par cette équipe promise, nous l’espérons vivement, au plus bel avenir.

Xavier Prévost

Ces concerts seront diffusés l’été prochain sur France Musique, à des dates pour l’instant inconnues.|Neuvième concert de la saison ‘Jazz sur le Vif’ d’Arnaud Merlin, et une fois encore un programme riche et contrasté tout à la fois : le quartette d’un pianiste qui voici peu terminait son cursus au département de jazz du Conservatoire National Supérieur de Paris, Enzo Carniel ; et un musicien quadragénaire qui s’est de longtemps imposé dans les meilleures compagnies, principalement au bugle, dont il est un praticien expert, Alex Tassel.

Enzo Carniel vu du côté cour

ENZO CARNIEL ‘House of Echo’ : Enzo Carniel (piano, piano préparé, composition), Marc-Antoine Perrio (guitare, effets électroniques, composition), Simon Tailleu (contrebasse), Ariel Tessier (batterie)

Maison de la Radio, studio 105, 25 février 2017, 17h30

Le groupe s’intitule ‘House of Echo’, il est inspiré par une maison provençale, et il s’apprête à publier son deuxième disque, d’ores et déjà enregistré. Ce projet est aussi celui du guitariste Marc-Antoine Perrio, qui apporte certaines compositions, et une couleur instrumentale distincte de celle du pianiste ; les deux univers cohabitent harmonieusement, sur le plan de la composition comme sur celui de l’improvisation. Le concert commence pianissimo, avec des sons de guitare ténus et tenus, pour un long crescendo fédérateur qui catalyse finalement l’ensemble des instruments et des énergies. C’est une musique de l’espace et de l’atmosphère, dans un esprit très collectif où chacun cependant paraît conquérir une existence autonome. Pour le thème suivant, on entre bille en tête, comme si l’on montait en marche dans un chorus de la plus belle effervescence ; un autre paysage en somme. Puis l’on revient pour la troisième composition vers un univers plus introspectif. Le pianiste ponctue certaines notes de son instrument par la percussion d’un bol tibétain (que l’on retrouvera plus loin, comme auxiliaire du piano préparé, sur les cordes de l’instrument), créant ainsi un cadre mystérieux où la contrebasse s’insère de manière hétérodoxe : le bassiste attaque de son archet le chevalet de l’instrument, produisant un bruissement qui renvoie à la rumeur du monde naturel. Le piano domine par un ostinato, rejoint par la guitare jusqu’à un tutti aux accents rythmiques effrénés : à cet instant, comme plus loin au fil du concert, on pensera aux rythmes hypnotiques, et présumés ‘barbares’, sur lesquels Bartók et Stravinski construisirent certaines de leurs pièces. La batterie se fera aussi soliste, mais dans le flux collectif, où elle autonomise son discours sans cesser jamais de porter la pulsation. Et l’on ira ainsi, de calme en tempête, jusqu’à un hymne conclusif tissé de sérénité. Manifestement, il y a là un univers singulier, et abouti, que le disque à paraître devrait conforter.

Alex Tassel

ALEX TASSEL QUARTET : Alex Tassel (bugle), Jason Rebello (piano), Viktor Nyberg (contrebasse), Julien Charlet (batterie)

Maison de la Radio, studio 105, 25 février 2017, 18h45

Un nouveau groupe pour Alex Tassel, avec lequel il n’avait jusqu’alors effectué qu’un tour de chauffe. Le bassiste et le batteur sont ceux que l’on avait entendus avec lui en quintette au Duc des Lombards, mais le pianiste est cette fois le Britannique Jason Rebello, un musicien qui collaborait à l’aube de sa carrière avec Wayne Shorter, Branford Marsalis ou Gary Burton, et qui a aussi trouvé sa place dans l’univers de la pop avec Sting, Jeff Beck, Peter Gabriel et Phil Collins. Et ce n’est pas un hasard si on le retrouve au côté d’Alex Tassel, lequel a joué, comme Jason Rebello, avec Manu Katché…. La raison de ce compagnonnage est surtout à chercher dans le formidable talent de ce pianiste, peut-être un peu occulté dans l’univers du jazz européen par ses activités dans le grand show business. Et le choix fait par Alex Tassel est assurément idéal. La musique, qui semble regarder un peu vers les grands disques Blue Note des sixties, oscille entre énergie pure et mélancolie. On commence sur tempo vif, dans un esprit qui serait celui du hard bop prolongé façon années 90, avant de plonger dans Nostalgia, thème bien nommé, qui figurait notamment sur l’album «Serenity» publié en 2015. Le timbre chaud du bugle convient parfaitement à cet univers doux-amer, et les développements du souffleur dans ses improvisations épouse à merveille ce clair-obscur. Sur tempo vif il montre d’autres facettes, tout aussi convaincantes. Le pianiste impressionne : il a le bon goût de ne pas dérouler des valeurs rythmiques toujours égales, et une distribution d’accents répétitive et symétrique : il joue au contraire dans la diversité, le contraste, la surprise, et on le suit dans sa cavalcade pianistique avec étonnement…. et enthousiasme. Le tandem basse-batterie est d’une parfaite pertinence, il donne constamment vie au déroulé de la musique. Julien Charlet a la ponctuation vive, et Viktor Nyberg pose ses notes, en accompagnement comme en chorus, avec une force qui évoque chez l’amateur un brin nostalgique les grandes heures mingusiennes. Bref on se régale, car le souffleur est parfaitement porté par cette équipe promise, nous l’espérons vivement, au plus bel avenir.

Xavier Prévost

Ces concerts seront diffusés l’été prochain sur France Musique, à des dates pour l’instant inconnues.|Neuvième concert de la saison ‘Jazz sur le Vif’ d’Arnaud Merlin, et une fois encore un programme riche et contrasté tout à la fois : le quartette d’un pianiste qui voici peu terminait son cursus au département de jazz du Conservatoire National Supérieur de Paris, Enzo Carniel ; et un musicien quadragénaire qui s’est de longtemps imposé dans les meilleures compagnies, principalement au bugle, dont il est un praticien expert, Alex Tassel.

Enzo Carniel vu du côté cour

ENZO CARNIEL ‘House of Echo’ : Enzo Carniel (piano, piano préparé, composition), Marc-Antoine Perrio (guitare, effets électroniques, composition), Simon Tailleu (contrebasse), Ariel Tessier (batterie)

Maison de la Radio, studio 105, 25 février 2017, 17h30

Le groupe s’intitule ‘House of Echo’, il est inspiré par une maison provençale, et il s’apprête à publier son deuxième disque, d’ores et déjà enregistré. Ce projet est aussi celui du guitariste Marc-Antoine Perrio, qui apporte certaines compositions, et une couleur instrumentale distincte de celle du pianiste ; les deux univers cohabitent harmonieusement, sur le plan de la composition comme sur celui de l’improvisation. Le concert commence pianissimo, avec des sons de guitare ténus et tenus, pour un long crescendo fédérateur qui catalyse finalement l’ensemble des instruments et des énergies. C’est une musique de l’espace et de l’atmosphère, dans un esprit très collectif où chacun cependant paraît conquérir une existence autonome. Pour le thème suivant, on entre bille en tête, comme si l’on montait en marche dans un chorus de la plus belle effervescence ; un autre paysage en somme. Puis l’on revient pour la troisième composition vers un univers plus introspectif. Le pianiste ponctue certaines notes de son instrument par la percussion d’un bol tibétain (que l’on retrouvera plus loin, comme auxiliaire du piano préparé, sur les cordes de l’instrument), créant ainsi un cadre mystérieux où la contrebasse s’insère de manière hétérodoxe : le bassiste attaque de son archet le chevalet de l’instrument, produisant un bruissement qui renvoie à la rumeur du monde naturel. Le piano domine par un ostinato, rejoint par la guitare jusqu’à un tutti aux accents rythmiques effrénés : à cet instant, comme plus loin au fil du concert, on pensera aux rythmes hypnotiques, et présumés ‘barbares’, sur lesquels Bartók et Stravinski construisirent certaines de leurs pièces. La batterie se fera aussi soliste, mais dans le flux collectif, où elle autonomise son discours sans cesser jamais de porter la pulsation. Et l’on ira ainsi, de calme en tempête, jusqu’à un hymne conclusif tissé de sérénité. Manifestement, il y a là un univers singulier, et abouti, que le disque à paraître devrait conforter.

Alex Tassel

ALEX TASSEL QUARTET : Alex Tassel (bugle), Jason Rebello (piano), Viktor Nyberg (contrebasse), Julien Charlet (batterie)

Maison de la Radio, studio 105, 25 février 2017, 18h45

Un nouveau groupe pour Alex Tassel, avec lequel il n’avait jusqu’alors effectué qu’un tour de chauffe. Le bassiste et le batteur sont ceux que l’on avait entendus avec lui en quintette au Duc des Lombards, mais le pianiste est cette fois le Britannique Jason Rebello, un musicien qui collaborait à l’aube de sa carrière avec Wayne Shorter, Branford Marsalis ou Gary Burton, et qui a aussi trouvé sa place dans l’univers de la pop avec Sting, Jeff Beck, Peter Gabriel et Phil Collins. Et ce n’est pas un hasard si on le retrouve au côté d’Alex Tassel, lequel a joué, comme Jason Rebello, avec Manu Katché…. La raison de ce compagnonnage est surtout à chercher dans le formidable talent de ce pianiste, peut-être un peu occulté dans l’univers du jazz européen par ses activités dans le grand show business. Et le choix fait par Alex Tassel est assurément idéal. La musique, qui semble regarder un peu vers les grands disques Blue Note des sixties, oscille entre énergie pure et mélancolie. On commence sur tempo vif, dans un esprit qui serait celui du hard bop prolongé façon années 90, avant de plonger dans Nostalgia, thème bien nommé, qui figurait notamment sur l’album «Serenity» publié en 2015. Le timbre chaud du bugle convient parfaitement à cet univers doux-amer, et les développements du souffleur dans ses improvisations épouse à merveille ce clair-obscur. Sur tempo vif il montre d’autres facettes, tout aussi convaincantes. Le pianiste impressionne : il a le bon goût de ne pas dérouler des valeurs rythmiques toujours égales, et une distribution d’accents répétitive et symétrique : il joue au contraire dans la diversité, le contraste, la surprise, et on le suit dans sa cavalcade pianistique avec étonnement…. et enthousiasme. Le tandem basse-batterie est d’une parfaite pertinence, il donne constamment vie au déroulé de la musique. Julien Charlet a la ponctuation vive, et Viktor Nyberg pose ses notes, en accompagnement comme en chorus, avec une force qui évoque chez l’amateur un brin nostalgique les grandes heures mingusiennes. Bref on se régale, car le souffleur est parfaitement porté par cette équipe promise, nous l’espérons vivement, au plus bel avenir.

Xavier Prévost

Ces concerts seront diffusés l’été prochain sur France Musique, à des dates pour l’instant inconnues.|Neuvième concert de la saison ‘Jazz sur le Vif’ d’Arnaud Merlin, et une fois encore un programme riche et contrasté tout à la fois : le quartette d’un pianiste qui voici peu terminait son cursus au département de jazz du Conservatoire National Supérieur de Paris, Enzo Carniel ; et un musicien quadragénaire qui s’est de longtemps imposé dans les meilleures compagnies, principalement au bugle, dont il est un praticien expert, Alex Tassel.

Enzo Carniel vu du côté cour

ENZO CARNIEL ‘House of Echo’ : Enzo Carniel (piano, piano préparé, composition), Marc-Antoine Perrio (guitare, effets électroniques, composition), Simon Tailleu (contrebasse), Ariel Tessier (batterie)

Maison de la Radio, studio 105, 25 février 2017, 17h30

Le groupe s’intitule ‘House of Echo’, il est inspiré par une maison provençale, et il s’apprête à publier son deuxième disque, d’ores et déjà enregistré. Ce projet est aussi celui du guitariste Marc-Antoine Perrio, qui apporte certaines compositions, et une couleur instrumentale distincte de celle du pianiste ; les deux univers cohabitent harmonieusement, sur le plan de la composition comme sur celui de l’improvisation. Le concert commence pianissimo, avec des sons de guitare ténus et tenus, pour un long crescendo fédérateur qui catalyse finalement l’ensemble des instruments et des énergies. C’est une musique de l’espace et de l’atmosphère, dans un esprit très collectif où chacun cependant paraît conquérir une existence autonome. Pour le thème suivant, on entre bille en tête, comme si l’on montait en marche dans un chorus de la plus belle effervescence ; un autre paysage en somme. Puis l’on revient pour la troisième composition vers un univers plus introspectif. Le pianiste ponctue certaines notes de son instrument par la percussion d’un bol tibétain (que l’on retrouvera plus loin, comme auxiliaire du piano préparé, sur les cordes de l’instrument), créant ainsi un cadre mystérieux où la contrebasse s’insère de manière hétérodoxe : le bassiste attaque de son archet le chevalet de l’instrument, produisant un bruissement qui renvoie à la rumeur du monde naturel. Le piano domine par un ostinato, rejoint par la guitare jusqu’à un tutti aux accents rythmiques effrénés : à cet instant, comme plus loin au fil du concert, on pensera aux rythmes hypnotiques, et présumés ‘barbares’, sur lesquels Bartók et Stravinski construisirent certaines de leurs pièces. La batterie se fera aussi soliste, mais dans le flux collectif, où elle autonomise son discours sans cesser jamais de porter la pulsation. Et l’on ira ainsi, de calme en tempête, jusqu’à un hymne conclusif tissé de sérénité. Manifestement, il y a là un univers singulier, et abouti, que le disque à paraître devrait conforter.

Alex Tassel

ALEX TASSEL QUARTET : Alex Tassel (bugle), Jason Rebello (piano), Viktor Nyberg (contrebasse), Julien Charlet (batterie)

Maison de la Radio, studio 105, 25 février 2017, 18h45

Un nouveau groupe pour Alex Tassel, avec lequel il n’avait jusqu’alors effectué qu’un tour de chauffe. Le bassiste et le batteur sont ceux que l’on avait entendus avec lui en quintette au Duc des Lombards, mais le pianiste est cette fois le Britannique Jason Rebello, un musicien qui collaborait à l’aube de sa carrière avec Wayne Shorter, Branford Marsalis ou Gary Burton, et qui a aussi trouvé sa place dans l’univers de la pop avec Sting, Jeff Beck, Peter Gabriel et Phil Collins. Et ce n’est pas un hasard si on le retrouve au côté d’Alex Tassel, lequel a joué, comme Jason Rebello, avec Manu Katché…. La raison de ce compagnonnage est surtout à chercher dans le formidable talent de ce pianiste, peut-être un peu occulté dans l’univers du jazz européen par ses activités dans le grand show business. Et le choix fait par Alex Tassel est assurément idéal. La musique, qui semble regarder un peu vers les grands disques Blue Note des sixties, oscille entre énergie pure et mélancolie. On commence sur tempo vif, dans un esprit qui serait celui du hard bop prolongé façon années 90, avant de plonger dans Nostalgia, thème bien nommé, qui figurait notamment sur l’album «Serenity» publié en 2015. Le timbre chaud du bugle convient parfaitement à cet univers doux-amer, et les développements du souffleur dans ses improvisations épouse à merveille ce clair-obscur. Sur tempo vif il montre d’autres facettes, tout aussi convaincantes. Le pianiste impressionne : il a le bon goût de ne pas dérouler des valeurs rythmiques toujours égales, et une distribution d’accents répétitive et symétrique : il joue au contraire dans la diversité, le contraste, la surprise, et on le suit dans sa cavalcade pianistique avec étonnement…. et enthousiasme. Le tandem basse-batterie est d’une parfaite pertinence, il donne constamment vie au déroulé de la musique. Julien Charlet a la ponctuation vive, et Viktor Nyberg pose ses notes, en accompagnement comme en chorus, avec une force qui évoque chez l’amateur un brin nostalgique les grandes heures mingusiennes. Bref on se régale, car le souffleur est parfaitement porté par cette équipe promise, nous l’espérons vivement, au plus bel avenir.

Xavier Prévost

Ces concerts seront diffusés l’été prochain sur France Musique, à des dates pour l’instant inconnues.