Jazz live
Publié le 23 Juin 2017

JOUR DE CANICULE AU CNSMDP

Par 35° Celsius à l’ombre, en ce jeudi 22 juin 2017, l’Espace Maurice Fleuret du Conservatoire national supérieur de musique (et de danse) de Paris est un lieu très hospitalier : un bel auditorium raisonnablement climatisé pour accueillir les récitals libres de fin de 2ème cycle. Ce n’est pas la première fois que j’assiste à ces récitals, qui sont ouverts au public (voir un compte rendu en 2015 sur le site de Jazz Magazine)

Programme CNSM 22-06-17
Familier du lieu, coutumier du fait, je fréquente ces récitals de fin d’année depuis une quinzaine d’année : dans mes anciennes fonctions de responsable du bureau de jazz de Radio France, j’aimais venir y détecter de nouveaux talents. Et aujourd’hui je viens y constater la vitalité de cette noble institution dans le domaine du jazz et des musiques improvisées. Ce jour-là cinq instrumentistes-compositeurs-improvisateurs vont y présenter le fruit de leur travail en un peu moins d’une heure, entourés d’ami(e)s et condisciples qui ne sont pas nécessairement étudiants du département de jazz (il y a parmi eux et elles des instrumentistes classiques), ou parfois l’ont déjà quitté (le saxophoniste Pascal Mabit) mais reviennent prêter main forte à leurs amis. À l’issue de ce verdict diplômant ils pourront se lancer dans (ou poursuivre) leur vie jazzistique professionnelle, ou encore prolonger par un 3ème cycle leur formation.
ElieMartin-Charrière N et B
      pour ne pas transgresser l’interdiction de filmer et enregistrer la prestation des candidats, une photo du groupe d’Elie Martin-Charrière au moment de la présentation finale et du salut
.
Bonne nouvelle : tous ont obtenu leur parchemin, le lauréat le plus distingué par le jury (de cour à jardin : Sangoma Everett, Jean-Philippe Viret, Arnaud Merlin, Olivier Benoit et Frédéric Couderc) étant le batteur Elie Martin-Charrière, mention très bien à l’unanimité avec félicitations du jury. Succès plus que mérité car il nous a offert une prestation digne du meilleur concert d’un vraiment bon groupe. Avec une belle maîtrise du langage et de la forme, il nous a présenté quatre pièces, du sextette au quartette, exploitant avec art et pertinence les ressources de chacun de ses solistes, en magnifiant l’intense lyrisme du saxophoniste ténor Melvin Marquez, ou en concevant sur mesure un univers pour l’apparente retenue (dans l’intensité pourtant) du saxophoniste alto Bastien Weeger ; et en laissant aussi de grands espaces d’expression à Carl-Henri Morisset, formidable pianiste qui n’en finit pas de m’éblouir ! Belle prestation aussi, celle présentée par un autre batteur, Baptiste Thiébaut, mêlant écriture et improvisation dans un continuum escarpé, avec parfois des thèmes sinueux, tendus et claudicants (une claudication ‘à la Monk’ : c’est un compliment….) qui font penser aux compositions de Paul Motian. Belle énergie, belle gestion des ressources de chacun des partenaires, et sans en avoir l’air un vrai sens de la forme globale gérée comme un flux de pulsions qui se répondent, s’embrasent et s’embrassent. Le pianiste Léo Jassef a présenté une formation à géométrie variable où soufflait parfois l’esprit des sixties turbulentes, tendance Ornette-Dolphy, mais aussi un brin de sérialisme lyrique. Belle présence dans ce groupe du saxophoniste ténor Théo Nguyen Duc Long, un soliste à suivre, que j’avais déjà repéré dans les épreuves d’improvisation et composition expérimentales, et entendu aussi dans des examens du Conservatoire à rayonnement régional (CRR) où il venait prêter main forte à des amis musiciens. Dans sa présentation Léo Jassef nous a également gratifiés d’un épisode rafraîchissant de Vieux Style tendance stride avec effraction cubiste ! Programme très varié, ambitieux, peut-être pas suffisamment répété, et qui a parfois révélé des fragilités chez la chanteuse finlandaise Selma Savolainen, laquelle nous avait par ailleurs régalés dans la prestation du vibraphoniste bulgare Viktor Benev. Chez ce candidat se mêlait très subtilement jazz et musiques traditionnelles, électronique et esprit du jazz modal (l’un de ses thèmes m’a rappelé les compositions de Jef Gilson et Claude Lenissois au début des années 60). Occasion de constater qu’au département de jazz du CNSM les échanges internationaux fonctionnent à plein, ce que confirme la présence du cinquième candidat de l’épreuve, le tromboniste franco-australien Luca Spiler. Il présente un programme d’un éclectisme assumé : tentette plus quatuor à cordes dans une pièce, sextette à trois trombones dans une autre, avant de se faire chanteur pour une ballade immortalisée naguère par Chet Baker, et de conclure avec l’effectif au complet pour un final à tiroirs d’une forme assez mal maîtrisée. Mais l’ensemble méritait quand même la délivrance du Master 2 convoité, et décroché, par les cinq impétrants. Bref ce fut, de 10h à18h, une belle journée, très révélatrice de l’esprit d’ouverture qui tend à prévaloir au département de jazz et musique improvisées, loin d’un prétendu formatage que signalent parfois ceux qui n’ont pas pris la peine d’aller y voir (et entendre !). A voir sur Youtube, pour confirmation de la belle transversalité du CNSM, le documentaire Tranversalissime, que l’on trouve en suivant le lien ci-après.
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Xavier Prévost

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Par 35° Celsius à l’ombre, en ce jeudi 22 juin 2017, l’Espace Maurice Fleuret du Conservatoire national supérieur de musique (et de danse) de Paris est un lieu très hospitalier : un bel auditorium raisonnablement climatisé pour accueillir les récitals libres de fin de 2ème cycle. Ce n’est pas la première fois que j’assiste à ces récitals, qui sont ouverts au public (voir un compte rendu en 2015 sur le site de Jazz Magazine)

Programme CNSM 22-06-17
Familier du lieu, coutumier du fait, je fréquente ces récitals de fin d’année depuis une quinzaine d’année : dans mes anciennes fonctions de responsable du bureau de jazz de Radio France, j’aimais venir y détecter de nouveaux talents. Et aujourd’hui je viens y constater la vitalité de cette noble institution dans le domaine du jazz et des musiques improvisées. Ce jour-là cinq instrumentistes-compositeurs-improvisateurs vont y présenter le fruit de leur travail en un peu moins d’une heure, entourés d’ami(e)s et condisciples qui ne sont pas nécessairement étudiants du département de jazz (il y a parmi eux et elles des instrumentistes classiques), ou parfois l’ont déjà quitté (le saxophoniste Pascal Mabit) mais reviennent prêter main forte à leurs amis. À l’issue de ce verdict diplômant ils pourront se lancer dans (ou poursuivre) leur vie jazzistique professionnelle, ou encore prolonger par un 3ème cycle leur formation.
ElieMartin-Charrière N et B
      pour ne pas transgresser l’interdiction de filmer et enregistrer la prestation des candidats, une photo du groupe d’Elie Martin-Charrière au moment de la présentation finale et du salut
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Bonne nouvelle : tous ont obtenu leur parchemin, le lauréat le plus distingué par le jury (de cour à jardin : Sangoma Everett, Jean-Philippe Viret, Arnaud Merlin, Olivier Benoit et Frédéric Couderc) étant le batteur Elie Martin-Charrière, mention très bien à l’unanimité avec félicitations du jury. Succès plus que mérité car il nous a offert une prestation digne du meilleur concert d’un vraiment bon groupe. Avec une belle maîtrise du langage et de la forme, il nous a présenté quatre pièces, du sextette au quartette, exploitant avec art et pertinence les ressources de chacun de ses solistes, en magnifiant l’intense lyrisme du saxophoniste ténor Melvin Marquez, ou en concevant sur mesure un univers pour l’apparente retenue (dans l’intensité pourtant) du saxophoniste alto Bastien Weeger ; et en laissant aussi de grands espaces d’expression à Carl-Henri Morisset, formidable pianiste qui n’en finit pas de m’éblouir ! Belle prestation aussi, celle présentée par un autre batteur, Baptiste Thiébaut, mêlant écriture et improvisation dans un continuum escarpé, avec parfois des thèmes sinueux, tendus et claudicants (une claudication ‘à la Monk’ : c’est un compliment….) qui font penser aux compositions de Paul Motian. Belle énergie, belle gestion des ressources de chacun des partenaires, et sans en avoir l’air un vrai sens de la forme globale gérée comme un flux de pulsions qui se répondent, s’embrasent et s’embrassent. Le pianiste Léo Jassef a présenté une formation à géométrie variable où soufflait parfois l’esprit des sixties turbulentes, tendance Ornette-Dolphy, mais aussi un brin de sérialisme lyrique. Belle présence dans ce groupe du saxophoniste ténor Théo Nguyen Duc Long, un soliste à suivre, que j’avais déjà repéré dans les épreuves d’improvisation et composition expérimentales, et entendu aussi dans des examens du Conservatoire à rayonnement régional (CRR) où il venait prêter main forte à des amis musiciens. Dans sa présentation Léo Jassef nous a également gratifiés d’un épisode rafraîchissant de Vieux Style tendance stride avec effraction cubiste ! Programme très varié, ambitieux, peut-être pas suffisamment répété, et qui a parfois révélé des fragilités chez la chanteuse finlandaise Selma Savolainen, laquelle nous avait par ailleurs régalés dans la prestation du vibraphoniste bulgare Viktor Benev. Chez ce candidat se mêlait très subtilement jazz et musiques traditionnelles, électronique et esprit du jazz modal (l’un de ses thèmes m’a rappelé les compositions de Jef Gilson et Claude Lenissois au début des années 60). Occasion de constater qu’au département de jazz du CNSM les échanges internationaux fonctionnent à plein, ce que confirme la présence du cinquième candidat de l’épreuve, le tromboniste franco-australien Luca Spiler. Il présente un programme d’un éclectisme assumé : tentette plus quatuor à cordes dans une pièce, sextette à trois trombones dans une autre, avant de se faire chanteur pour une ballade immortalisée naguère par Chet Baker, et de conclure avec l’effectif au complet pour un final à tiroirs d’une forme assez mal maîtrisée. Mais l’ensemble méritait quand même la délivrance du Master 2 convoité, et décroché, par les cinq impétrants. Bref ce fut, de 10h à18h, une belle journée, très révélatrice de l’esprit d’ouverture qui tend à prévaloir au département de jazz et musique improvisées, loin d’un prétendu formatage que signalent parfois ceux qui n’ont pas pris la peine d’aller y voir (et entendre !). A voir sur Youtube, pour confirmation de la belle transversalité du CNSM, le documentaire Tranversalissime, que l’on trouve en suivant le lien ci-après.
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Xavier Prévost

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Par 35° Celsius à l’ombre, en ce jeudi 22 juin 2017, l’Espace Maurice Fleuret du Conservatoire national supérieur de musique (et de danse) de Paris est un lieu très hospitalier : un bel auditorium raisonnablement climatisé pour accueillir les récitals libres de fin de 2ème cycle. Ce n’est pas la première fois que j’assiste à ces récitals, qui sont ouverts au public (voir un compte rendu en 2015 sur le site de Jazz Magazine)

Programme CNSM 22-06-17
Familier du lieu, coutumier du fait, je fréquente ces récitals de fin d’année depuis une quinzaine d’année : dans mes anciennes fonctions de responsable du bureau de jazz de Radio France, j’aimais venir y détecter de nouveaux talents. Et aujourd’hui je viens y constater la vitalité de cette noble institution dans le domaine du jazz et des musiques improvisées. Ce jour-là cinq instrumentistes-compositeurs-improvisateurs vont y présenter le fruit de leur travail en un peu moins d’une heure, entourés d’ami(e)s et condisciples qui ne sont pas nécessairement étudiants du département de jazz (il y a parmi eux et elles des instrumentistes classiques), ou parfois l’ont déjà quitté (le saxophoniste Pascal Mabit) mais reviennent prêter main forte à leurs amis. À l’issue de ce verdict diplômant ils pourront se lancer dans (ou poursuivre) leur vie jazzistique professionnelle, ou encore prolonger par un 3ème cycle leur formation.
ElieMartin-Charrière N et B
      pour ne pas transgresser l’interdiction de filmer et enregistrer la prestation des candidats, une photo du groupe d’Elie Martin-Charrière au moment de la présentation finale et du salut
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Bonne nouvelle : tous ont obtenu leur parchemin, le lauréat le plus distingué par le jury (de cour à jardin : Sangoma Everett, Jean-Philippe Viret, Arnaud Merlin, Olivier Benoit et Frédéric Couderc) étant le batteur Elie Martin-Charrière, mention très bien à l’unanimité avec félicitations du jury. Succès plus que mérité car il nous a offert une prestation digne du meilleur concert d’un vraiment bon groupe. Avec une belle maîtrise du langage et de la forme, il nous a présenté quatre pièces, du sextette au quartette, exploitant avec art et pertinence les ressources de chacun de ses solistes, en magnifiant l’intense lyrisme du saxophoniste ténor Melvin Marquez, ou en concevant sur mesure un univers pour l’apparente retenue (dans l’intensité pourtant) du saxophoniste alto Bastien Weeger ; et en laissant aussi de grands espaces d’expression à Carl-Henri Morisset, formidable pianiste qui n’en finit pas de m’éblouir ! Belle prestation aussi, celle présentée par un autre batteur, Baptiste Thiébaut, mêlant écriture et improvisation dans un continuum escarpé, avec parfois des thèmes sinueux, tendus et claudicants (une claudication ‘à la Monk’ : c’est un compliment….) qui font penser aux compositions de Paul Motian. Belle énergie, belle gestion des ressources de chacun des partenaires, et sans en avoir l’air un vrai sens de la forme globale gérée comme un flux de pulsions qui se répondent, s’embrasent et s’embrassent. Le pianiste Léo Jassef a présenté une formation à géométrie variable où soufflait parfois l’esprit des sixties turbulentes, tendance Ornette-Dolphy, mais aussi un brin de sérialisme lyrique. Belle présence dans ce groupe du saxophoniste ténor Théo Nguyen Duc Long, un soliste à suivre, que j’avais déjà repéré dans les épreuves d’improvisation et composition expérimentales, et entendu aussi dans des examens du Conservatoire à rayonnement régional (CRR) où il venait prêter main forte à des amis musiciens. Dans sa présentation Léo Jassef nous a également gratifiés d’un épisode rafraîchissant de Vieux Style tendance stride avec effraction cubiste ! Programme très varié, ambitieux, peut-être pas suffisamment répété, et qui a parfois révélé des fragilités chez la chanteuse finlandaise Selma Savolainen, laquelle nous avait par ailleurs régalés dans la prestation du vibraphoniste bulgare Viktor Benev. Chez ce candidat se mêlait très subtilement jazz et musiques traditionnelles, électronique et esprit du jazz modal (l’un de ses thèmes m’a rappelé les compositions de Jef Gilson et Claude Lenissois au début des années 60). Occasion de constater qu’au département de jazz du CNSM les échanges internationaux fonctionnent à plein, ce que confirme la présence du cinquième candidat de l’épreuve, le tromboniste franco-australien Luca Spiler. Il présente un programme d’un éclectisme assumé : tentette plus quatuor à cordes dans une pièce, sextette à trois trombones dans une autre, avant de se faire chanteur pour une ballade immortalisée naguère par Chet Baker, et de conclure avec l’effectif au complet pour un final à tiroirs d’une forme assez mal maîtrisée. Mais l’ensemble méritait quand même la délivrance du Master 2 convoité, et décroché, par les cinq impétrants. Bref ce fut, de 10h à18h, une belle journée, très révélatrice de l’esprit d’ouverture qui tend à prévaloir au département de jazz et musique improvisées, loin d’un prétendu formatage que signalent parfois ceux qui n’ont pas pris la peine d’aller y voir (et entendre !). A voir sur Youtube, pour confirmation de la belle transversalité du CNSM, le documentaire Tranversalissime, que l’on trouve en suivant le lien ci-après.
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Xavier Prévost

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Par 35° Celsius à l’ombre, en ce jeudi 22 juin 2017, l’Espace Maurice Fleuret du Conservatoire national supérieur de musique (et de danse) de Paris est un lieu très hospitalier : un bel auditorium raisonnablement climatisé pour accueillir les récitals libres de fin de 2ème cycle. Ce n’est pas la première fois que j’assiste à ces récitals, qui sont ouverts au public (voir un compte rendu en 2015 sur le site de Jazz Magazine)

Programme CNSM 22-06-17
Familier du lieu, coutumier du fait, je fréquente ces récitals de fin d’année depuis une quinzaine d’année : dans mes anciennes fonctions de responsable du bureau de jazz de Radio France, j’aimais venir y détecter de nouveaux talents. Et aujourd’hui je viens y constater la vitalité de cette noble institution dans le domaine du jazz et des musiques improvisées. Ce jour-là cinq instrumentistes-compositeurs-improvisateurs vont y présenter le fruit de leur travail en un peu moins d’une heure, entourés d’ami(e)s et condisciples qui ne sont pas nécessairement étudiants du département de jazz (il y a parmi eux et elles des instrumentistes classiques), ou parfois l’ont déjà quitté (le saxophoniste Pascal Mabit) mais reviennent prêter main forte à leurs amis. À l’issue de ce verdict diplômant ils pourront se lancer dans (ou poursuivre) leur vie jazzistique professionnelle, ou encore prolonger par un 3ème cycle leur formation.
ElieMartin-Charrière N et B
      pour ne pas transgresser l’interdiction de filmer et enregistrer la prestation des candidats, une photo du groupe d’Elie Martin-Charrière au moment de la présentation finale et du salut
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Bonne nouvelle : tous ont obtenu leur parchemin, le lauréat le plus distingué par le jury (de cour à jardin : Sangoma Everett, Jean-Philippe Viret, Arnaud Merlin, Olivier Benoit et Frédéric Couderc) étant le batteur Elie Martin-Charrière, mention très bien à l’unanimité avec félicitations du jury. Succès plus que mérité car il nous a offert une prestation digne du meilleur concert d’un vraiment bon groupe. Avec une belle maîtrise du langage et de la forme, il nous a présenté quatre pièces, du sextette au quartette, exploitant avec art et pertinence les ressources de chacun de ses solistes, en magnifiant l’intense lyrisme du saxophoniste ténor Melvin Marquez, ou en concevant sur mesure un univers pour l’apparente retenue (dans l’intensité pourtant) du saxophoniste alto Bastien Weeger ; et en laissant aussi de grands espaces d’expression à Carl-Henri Morisset, formidable pianiste qui n’en finit pas de m’éblouir ! Belle prestation aussi, celle présentée par un autre batteur, Baptiste Thiébaut, mêlant écriture et improvisation dans un continuum escarpé, avec parfois des thèmes sinueux, tendus et claudicants (une claudication ‘à la Monk’ : c’est un compliment….) qui font penser aux compositions de Paul Motian. Belle énergie, belle gestion des ressources de chacun des partenaires, et sans en avoir l’air un vrai sens de la forme globale gérée comme un flux de pulsions qui se répondent, s’embrasent et s’embrassent. Le pianiste Léo Jassef a présenté une formation à géométrie variable où soufflait parfois l’esprit des sixties turbulentes, tendance Ornette-Dolphy, mais aussi un brin de sérialisme lyrique. Belle présence dans ce groupe du saxophoniste ténor Théo Nguyen Duc Long, un soliste à suivre, que j’avais déjà repéré dans les épreuves d’improvisation et composition expérimentales, et entendu aussi dans des examens du Conservatoire à rayonnement régional (CRR) où il venait prêter main forte à des amis musiciens. Dans sa présentation Léo Jassef nous a également gratifiés d’un épisode rafraîchissant de Vieux Style tendance stride avec effraction cubiste ! Programme très varié, ambitieux, peut-être pas suffisamment répété, et qui a parfois révélé des fragilités chez la chanteuse finlandaise Selma Savolainen, laquelle nous avait par ailleurs régalés dans la prestation du vibraphoniste bulgare Viktor Benev. Chez ce candidat se mêlait très subtilement jazz et musiques traditionnelles, électronique et esprit du jazz modal (l’un de ses thèmes m’a rappelé les compositions de Jef Gilson et Claude Lenissois au début des années 60). Occasion de constater qu’au département de jazz du CNSM les échanges internationaux fonctionnent à plein, ce que confirme la présence du cinquième candidat de l’épreuve, le tromboniste franco-australien Luca Spiler. Il présente un programme d’un éclectisme assumé : tentette plus quatuor à cordes dans une pièce, sextette à trois trombones dans une autre, avant de se faire chanteur pour une ballade immortalisée naguère par Chet Baker, et de conclure avec l’effectif au complet pour un final à tiroirs d’une forme assez mal maîtrisée. Mais l’ensemble méritait quand même la délivrance du Master 2 convoité, et décroché, par les cinq impétrants. Bref ce fut, de 10h à18h, une belle journée, très révélatrice de l’esprit d’ouverture qui tend à prévaloir au département de jazz et musique improvisées, loin d’un prétendu formatage que signalent parfois ceux qui n’ont pas pris la peine d’aller y voir (et entendre !). A voir sur Youtube, pour confirmation de la belle transversalité du CNSM, le documentaire Tranversalissime, que l’on trouve en suivant le lien ci-après.
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Xavier Prévost