Jazz live
Publié le 24 Août 2016

Parfum de Jazz 2016 : l'histoire du Jazz en 6 jours !

Du 15 au 20 août à Buis les Baronnies (et alentour) en Drôme Provençale, Alain Brunet avait concocté un parcours pédagogique autour des grands styles et grandes figures de l’histoire du jazz.

Parfum de jazz, ne joue pas dans la cour des grands (Marciac, Vienne…). C’est évident. Mais peu lui chaut. Il a trouvé son style : « small is beautiful ». Un  grand  « petit festival » selon la belle formule de Pascal Anquetil (à propos du JazzPote Festival deThionville). Convivialité, proximité, sérénité… Ici on ne court pas après les giga-audiences. Et pour cause : les lieux dédiés aux concerts du soir ne permettraient pas de les accueillir ! Quant aux nombreuses animations proposées dans la journée (avec beaucoup de jam sessions comme « au bon vieux temps »)  elles sont accueillies, chaleureusement, par vacanciers et autochtones, sur les marchés et places de Buis les Baronnies et des petits villages alentour. Plus, cette année, quelques rencontres au superbe Cloître des Dominicains.

Le budget global est modeste (le chiffre de 120 000 euros a été annoncé lors des discours officiels) et une cinquantaine de bénévoles sont quotidiennement au four et au moulin, aux petits soins (tant que faire se peut) des musiciens, des techniciens et du public.

Pour l’édition 2015 nous avions longuement présenté les spécificités de ce festival et le CV étonnant de son président/fondateur et programmateur Alain Brunet (voir Le Jazz Live publié l’été dernier, ici : http://www.jazzmagazine.com/parfum-de-jazz-sixties-nostalgia-2/).

Ci dessous, quelques impressions sur l’édition 2016, présentées dans l’ordre chronologique de l’histoire du jazz.

Bessie Smith Forever. Sarah Lenka (voc) Quartet. Fabien Mornet (bjo six cordes), Taofik Farah (g), Manuel Marchès (b), Camille Passeri (tp). 18 août : Buis Les Baronnies

Sarah Lenka a un look de lycéenne qui va bientôt passer le bac… et pourtant elle a été désignée dès 2007 meilleure artiste vocale féminine de l’année par la Sacem et a déjà enregistré deux disques de jazz (Am I Blue en 2008 et Hush en 2012). Son prochain album sort en septembre 2016. En travaillant sur le répertoire de Billie Holiday Sarah a « rencontré » Bessie Smith. La très grande dame des années 20 et 30. L’impératrice du Blues a chanté la misère, la prison, les vertiges de l’alcool, les amours malheureuses et vénales, le racisme… Pas vraiment « politiquement correcte » Bessie. Ses côtés canaille, grivois et révoltés ont plu à S. Lenka, qui a choisi quelques titres parmi les très nombreux enregistrements de la chanteuse. Mais, apparemment en tous cas, la jeune et belle Sarah n’a pas vécu les mêmes tourments. Tant mieux. Même si elle évoque avec humour ses « problèmes » avec ses amants qu’elle surnomme tous « Gérard », rien du tragique « smithien » ne transparaît dans sa prestation plutôt guillerette et allègre. « Loin de toute affectation, entre fragilité intime et force de caractère » (extrait de son dossier de presse). Son groupe est totalement acoustique. Pas de batteur. Le banjoïste donne une tonalité « rétro » bienvenue et le trompettiste, Camille Passeri, est excellent et maîtrise bien le jeu avec sourdines. Le public est emballé et invité à danser devant la scène. Standing ovation. Pour se faire une idée plus précise du style de Sarah voir et écouter sa version de « Do your duty » ici: https://www.youtube.com/watch?v=MnfdtFwbR8A

« The Louis Ambassadors » d’Irakli de Davrichewy (tp) : Jacques Schneck (p), Philippe Pletan (b) Sylvain Glevarec (dr), Alain Marquet (cl), Jean-Claude Onesta (tb). 17 août : Buis Les Baronnies

Irakli de Davrichewy a consacré toute sa carrière à rendre hommage à Louis Armstrong. Il a même (« séquence émotion » !) joué en 1965 en première partie d’un concert parisien de Satchmo au Palais des Sports. Pour Gérard Conte, spécialiste du jazz traditionnel, « les phrasés d’Irakli ne sont pas des imitations serviles… Il n’est pas exagéré de dire que Louis aurait peut-être bien pu les faire». Quand des journalistes reprochent à Irakli de « copier » Armstrong, il répond : «J’interprète Armstrong comme d’autres Chopin». Il est vrai que pour ceux qui ont découvert le jazz avec le All Stars de Louis des années 50 et 60 (concerts mais surtout enregistrements) les prestations de ses « Louis Ambassadors » sont bluffantes. Les standards et « tubes » de Satchmo s’enchaînent (entrecoupés d’anecdotes savoureuses sur la vie du trompettiste) : Atlanta Blues de W.C Handy, Roses of Picardy (dans une version plus swinguante que celle d’Y. Montand), A song was born , Somebody loves me de Gerschwin. Un medley enchante le public : La vie en rose, C’est si bon, Mack the Knife, Hello Dolly, What a Wonderful World. Puis Whispering juste avant l’entracte. Tous les concerts à Buis sont en 2 parties : entracte obligatoire! La buvette avec sandwiches et gâteaux sert à financer (un peu…) le festival. Deuxième partie légèrement écourtée (le concert enchaînait sur une projection du film Paris Blues de Martin Ritt, tourné en 1961 à Paris, avec… Louis, bien sûr) : Basin Street, I Surrender Dear, Stars Fell on Alabama. Invité à jammer Daniel Barda (qui joua 4 ans avec les Haricots Rouges, et qui dirige aujourd’hui le Paris Washboard), joua sur les derniers morceaux : Do you know what it means to miss New Orleans, I’m crazy about my baby, Mop Mop (du be-bop ? Enfin presque… qu’en pensait Hugues Panassié ?). Pour conclure: I gotta right to sing the blues, superbe ballade.Dans la grande tradition du All Stars de Satchmo le trompettiste est omniprésent mais chaque musicien a droit aussi à des solos plus ou moins étendus. Mention spéciale pour Jacques Schneck (p) maître du stride (mais pas que…).

Frank Sinatra Forever. Gead Mulheran (voc) avec le Brass Messenger direction Dominique Rieux. Dominique Rieux et Tony Amouroux (tp, fluegelhorn), Christophe Mouly (saxes, fl), Rémi Vidal (tb), Florent Hortal (g, bjo), André Neufert (dr), Julien Duthu (b), Thierry Ollé (p). 19 août : Buis Les Baronnies

Jazz-Magazine-679- sinatra

Avant de devenir une immense star populaire (comme crooner et superbe acteur) Sinatra fut un très grand chanteur de jazz. Certains l’ont oublié, d’autres ne l’ont jamais su… Il aurait eu 100 ans en 2015. Jazz Magazine a célébré en grande pompe cet anniversaire dans son numéro 679 (décembre 2015). Ici, c’est un mini big band de 8 musiciens (le Brass Messenger) accompagnant le crooner de Manchester, Gead Mulheran, qui a honoré de bien belle manière Frankie. Le Brass Messenger est une « réduction », selon les termes même de son leader et fondateur le trompettiste toulousain Dominique Rieux, de son Big Band Brass (15 musiciens). Le public fut scotché d’entrée sur Wind Machine de Basie. L’usine à swing ronronnait comme un moteur de Ferrari.Le chanteur à un talent fou, une présence scénique incroyable, un humour très british et un certain sens de l’auto-dérision. Avec dynamisme et énergie (communicative), Gead Mulheran et l’orchestre ont fait une relecture originale et irrésistible (mais fidèle) de l’œuvre de Frank Sinatra, faisant revivre le génie et le talent du crooner américain. Come fly with me, The good life (La belle vie de Sacha Distel!), Moonlight in Vermont, I’ve got you under my skin, I get a kick out of you, Fly me to the moon, As time goes by, Bad bad Leroy Brown (chantée, en français, du temps des yéyé, par Sylvie Vartan), You are the sunshine of my life de Stevie Wonder, Hello Dolly. En deuxième partie, encore des tubes incontournables : Perdido, La mer (en français), Top Hat, Mack the knife, «New York-New York», «Stranger in the night», «Night and day», «What now my love» (du Bécaud… en anglais), les «Feuilles mortes» (en français) et pour conclure… l’incontournable My Way. Mulheran fit fredonner à plusieurs reprises le public ravi. Un concert jubilatoire. Lucille Humair, qui est américaine et qui a vécu longtemps aux USA, était très touchée : « Toutes les chansons de ma jeunesse avec le bon background orchestral… un très bon concert. Vraiment ».

Steeve Laffont (g) Trio plus un invité « surprise » : Rudy Buffeti (g), William Brunard (b), Jérôme Brajtman (g). 16 août : Mollans sur Ouvèze.

Plus de 300 personnes sur la place de Mollans sur Ouveze, pittoresque petit village drômois, pour le Steeve Laffont Trio rendant hommage à Django. Steeve Laffont avait invité, sans l’annoncer aux organisateurs, un jeune guitariste: Jérôme Brajtman, rencontré par Steeve lors d’un boeuf. Belle surprise. Ce jeune homme (31 ans, mais, comme on dit, « il ne les fait pas ») est ariégois et joue dans le style des grands guitaristes bop et post bop : Jim Hall, Wes… Mais il est aussi un grand admirateur du pianiste Georges Shearing. Etonnant dans le contexte d’un concert de jazz manouche ! A plusieurs reprises il s’évada avec talent et originalité des phrasés à la Django… Sous le regard bienveillant et étonné du leader. Le lendemain il participa, au marché de Buis, à une jam session torride avec les be-boppers du Parfum de Jazz All Stars. Très à l’aise il épata les vieux routiers de cet aréopage. Un garçon à suivre.

Michel Portal (bcl, ss, cla), Daniel Humair (dr), Bruno Chevillon (b) et Bojan Z (claviers). 20 août : Buis Les Baronnies .

Pour le concert de clôture l’affiche prestigieuse (un all stars de la musique improvisée européenne) avait attiré la foule. Presque 500 personnes à la salle des fêtes… En limite de la jauge maximale. Une vingtaine de spectateurs furent même installés sur scène ! Michel Portal était malade (aphone) et fatigué (déplacements compliqués pour différents « gigs » dans les jours précédents). A la balance il était inquiet et stressé. Comme d’habitude… penserons ses fans et amis. Mais peut-être quand même encore plus que d’habitude ? Moult partitions en vrac un peu partout sur la scène à la répétition… Que jouer ? Dilemme portalien habituel. Ses interrogations continuèrent pendant le concert… Heureusement ses accompagnateurs le connaissent bien et ils ne s’inquiètent plus, même quand Portal décide soudain de jouer un thème non prévu dans la liste laborieusement établie quelques minutes avant le concert…

Quoiqu’il en soit… le concert fut triomphal. Longs applaudissements entre chaque thème. Rappels. En deuxième partie Portal se détendit. Le soutien inconditionnel de « son » public ce soir là (comme très souvent) joua bien sûr un grand drôle dans son relâchement (relatif, mais bien réel). Une étude sérieuse sur la composition sociologique des grandes caractéristiques des inconditionnel(le)s de son fan club serait passionnante (entre autres beaucoup de femmes, de tous âges, qu’à 81 ans il fascine littéralement…).

Quasiment pas d’improvisations libertaires, celles que ses fans de la première heure adorent depuis les années 70. La quasi-totalité des deux sets fut consacrée à des thèmes très écrits, dans le champ de ses somptueuses musiques de films ou de ses « tubes » enregistrés. Comme, pour le premier set, Dolce ou Bailador. La fascinante mélodie de Max mon amour (musique du film de Nagisa Oshima de 1986) lui permet de belles envolées à la clarinette. Les variations autour du Jean Pierre de Miles Davis sont magnifiées par le jeu « balkanique » plein et fascinant de Bojan Z.

Pendant le deuxième set le rôle de pilier solide et brillant de Bojan se confirme : Full Half Moon (composition de Bojan dédiée à Sarajevo). Sur Mino Miro en duo contrebasse/clarinette basse on savoure (enfin, car jusque là il s’était surtout cantonné à son rôle d’accompagnateur) la subtilité, la complexité et la profondeur du jeu de Bruno Chevillon. « Un des meilleurs contrebassistes du monde aujourd’hui » (Daniel Humair). Cuba si/Cuba no, The sandpiper, Tadorna, Citrus Juice (une compo d’Eddy Louiss dédiée à M. Portal) et CD-Rom (de Bojan) déclenchent des applaudissements de plus en plus soutenus… « Condamné » à un ultime rappel par la pression du public, Portal proposa une jolie et douce petite mélodie sous forme d’un riff: Judy Garland. Thème composé par Michel lorsqu’il enregistra Minneapolis avec des musiciens de Prince en 2001.

Daniel Humair (78 ans) a démarré sa carrière professionnelle il y a 60 ans. Il a joué avec quasiment toutes les pointures du jazz moderne (« Sauf Miles et Rollins » dit-il en riant). Grand découvreur de jeunes talents. Son jeu est toujours remarquable de vivacité et d’originalité. Cet été il n’a joué que 3 fois (Parfum de Jazz compris) ! Il est pour le moins étonnant (et même carrément regrettable) qu’aucun festival n’ait fêté cet anniversaire, sous forme d’un jubilé ou d’une carte blanche…

Parfum de Jazz All Stars : Daniel Barda (tb) , « Baby » Clavel (as), José Caparros (tp) accompagné par le Magnetix Orchestra : François Gallix (b), Benoît Thévenot (claviers), Nicolas Serret (dr)

Le be-bop ne fut pas honoré cette année dans les concerts du soir. Mais chaque jour à midi et à l’heure de l’apéritif le Parfum de Jazz All Stars célébra abondamment et brillamment cette musique.

Akpé Motion : Pascal Bouterin (dr), Alain Brunet (tp, fluegelhorn), Jean Gros (g) et Luis Manresa (elb)

Enfin l’Akpé Motion d’Alain Brunet, jazz modal et électrique, qui tourne beaucoup depuis deux ans et qui a joué ici plusieurs fois a montré que, dans sa nouvelle formule (deux nouveaux musiciens) il jouait désormais dans la cour des grands.

Pierre-Henri Ardonceau

 |Du 15 au 20 août à Buis les Baronnies (et alentour) en Drôme Provençale, Alain Brunet avait concocté un parcours pédagogique autour des grands styles et grandes figures de l’histoire du jazz.

Parfum de jazz, ne joue pas dans la cour des grands (Marciac, Vienne…). C’est évident. Mais peu lui chaut. Il a trouvé son style : « small is beautiful ». Un  grand  « petit festival » selon la belle formule de Pascal Anquetil (à propos du JazzPote Festival deThionville). Convivialité, proximité, sérénité… Ici on ne court pas après les giga-audiences. Et pour cause : les lieux dédiés aux concerts du soir ne permettraient pas de les accueillir ! Quant aux nombreuses animations proposées dans la journée (avec beaucoup de jam sessions comme « au bon vieux temps »)  elles sont accueillies, chaleureusement, par vacanciers et autochtones, sur les marchés et places de Buis les Baronnies et des petits villages alentour. Plus, cette année, quelques rencontres au superbe Cloître des Dominicains.

Le budget global est modeste (le chiffre de 120 000 euros a été annoncé lors des discours officiels) et une cinquantaine de bénévoles sont quotidiennement au four et au moulin, aux petits soins (tant que faire se peut) des musiciens, des techniciens et du public.

Pour l’édition 2015 nous avions longuement présenté les spécificités de ce festival et le CV étonnant de son président/fondateur et programmateur Alain Brunet (voir Le Jazz Live publié l’été dernier, ici : http://www.jazzmagazine.com/parfum-de-jazz-sixties-nostalgia-2/).

Ci dessous, quelques impressions sur l’édition 2016, présentées dans l’ordre chronologique de l’histoire du jazz.

Bessie Smith Forever. Sarah Lenka (voc) Quartet. Fabien Mornet (bjo six cordes), Taofik Farah (g), Manuel Marchès (b), Camille Passeri (tp). 18 août : Buis Les Baronnies

Sarah Lenka a un look de lycéenne qui va bientôt passer le bac… et pourtant elle a été désignée dès 2007 meilleure artiste vocale féminine de l’année par la Sacem et a déjà enregistré deux disques de jazz (Am I Blue en 2008 et Hush en 2012). Son prochain album sort en septembre 2016. En travaillant sur le répertoire de Billie Holiday Sarah a « rencontré » Bessie Smith. La très grande dame des années 20 et 30. L’impératrice du Blues a chanté la misère, la prison, les vertiges de l’alcool, les amours malheureuses et vénales, le racisme… Pas vraiment « politiquement correcte » Bessie. Ses côtés canaille, grivois et révoltés ont plu à S. Lenka, qui a choisi quelques titres parmi les très nombreux enregistrements de la chanteuse. Mais, apparemment en tous cas, la jeune et belle Sarah n’a pas vécu les mêmes tourments. Tant mieux. Même si elle évoque avec humour ses « problèmes » avec ses amants qu’elle surnomme tous « Gérard », rien du tragique « smithien » ne transparaît dans sa prestation plutôt guillerette et allègre. « Loin de toute affectation, entre fragilité intime et force de caractère » (extrait de son dossier de presse). Son groupe est totalement acoustique. Pas de batteur. Le banjoïste donne une tonalité « rétro » bienvenue et le trompettiste, Camille Passeri, est excellent et maîtrise bien le jeu avec sourdines. Le public est emballé et invité à danser devant la scène. Standing ovation. Pour se faire une idée plus précise du style de Sarah voir et écouter sa version de « Do your duty » ici: https://www.youtube.com/watch?v=MnfdtFwbR8A

« The Louis Ambassadors » d’Irakli de Davrichewy (tp) : Jacques Schneck (p), Philippe Pletan (b) Sylvain Glevarec (dr), Alain Marquet (cl), Jean-Claude Onesta (tb). 17 août : Buis Les Baronnies

Irakli de Davrichewy a consacré toute sa carrière à rendre hommage à Louis Armstrong. Il a même (« séquence émotion » !) joué en 1965 en première partie d’un concert parisien de Satchmo au Palais des Sports. Pour Gérard Conte, spécialiste du jazz traditionnel, « les phrasés d’Irakli ne sont pas des imitations serviles… Il n’est pas exagéré de dire que Louis aurait peut-être bien pu les faire». Quand des journalistes reprochent à Irakli de « copier » Armstrong, il répond : «J’interprète Armstrong comme d’autres Chopin». Il est vrai que pour ceux qui ont découvert le jazz avec le All Stars de Louis des années 50 et 60 (concerts mais surtout enregistrements) les prestations de ses « Louis Ambassadors » sont bluffantes. Les standards et « tubes » de Satchmo s’enchaînent (entrecoupés d’anecdotes savoureuses sur la vie du trompettiste) : Atlanta Blues de W.C Handy, Roses of Picardy (dans une version plus swinguante que celle d’Y. Montand), A song was born , Somebody loves me de Gerschwin. Un medley enchante le public : La vie en rose, C’est si bon, Mack the Knife, Hello Dolly, What a Wonderful World. Puis Whispering juste avant l’entracte. Tous les concerts à Buis sont en 2 parties : entracte obligatoire! La buvette avec sandwiches et gâteaux sert à financer (un peu…) le festival. Deuxième partie légèrement écourtée (le concert enchaînait sur une projection du film Paris Blues de Martin Ritt, tourné en 1961 à Paris, avec… Louis, bien sûr) : Basin Street, I Surrender Dear, Stars Fell on Alabama. Invité à jammer Daniel Barda (qui joua 4 ans avec les Haricots Rouges, et qui dirige aujourd’hui le Paris Washboard), joua sur les derniers morceaux : Do you know what it means to miss New Orleans, I’m crazy about my baby, Mop Mop (du be-bop ? Enfin presque… qu’en pensait Hugues Panassié ?). Pour conclure: I gotta right to sing the blues, superbe ballade.Dans la grande tradition du All Stars de Satchmo le trompettiste est omniprésent mais chaque musicien a droit aussi à des solos plus ou moins étendus. Mention spéciale pour Jacques Schneck (p) maître du stride (mais pas que…).

Frank Sinatra Forever. Gead Mulheran (voc) avec le Brass Messenger direction Dominique Rieux. Dominique Rieux et Tony Amouroux (tp, fluegelhorn), Christophe Mouly (saxes, fl), Rémi Vidal (tb), Florent Hortal (g, bjo), André Neufert (dr), Julien Duthu (b), Thierry Ollé (p). 19 août : Buis Les Baronnies

Jazz-Magazine-679- sinatra

Avant de devenir une immense star populaire (comme crooner et superbe acteur) Sinatra fut un très grand chanteur de jazz. Certains l’ont oublié, d’autres ne l’ont jamais su… Il aurait eu 100 ans en 2015. Jazz Magazine a célébré en grande pompe cet anniversaire dans son numéro 679 (décembre 2015). Ici, c’est un mini big band de 8 musiciens (le Brass Messenger) accompagnant le crooner de Manchester, Gead Mulheran, qui a honoré de bien belle manière Frankie. Le Brass Messenger est une « réduction », selon les termes même de son leader et fondateur le trompettiste toulousain Dominique Rieux, de son Big Band Brass (15 musiciens). Le public fut scotché d’entrée sur Wind Machine de Basie. L’usine à swing ronronnait comme un moteur de Ferrari.Le chanteur à un talent fou, une présence scénique incroyable, un humour très british et un certain sens de l’auto-dérision. Avec dynamisme et énergie (communicative), Gead Mulheran et l’orchestre ont fait une relecture originale et irrésistible (mais fidèle) de l’œuvre de Frank Sinatra, faisant revivre le génie et le talent du crooner américain. Come fly with me, The good life (La belle vie de Sacha Distel!), Moonlight in Vermont, I’ve got you under my skin, I get a kick out of you, Fly me to the moon, As time goes by, Bad bad Leroy Brown (chantée, en français, du temps des yéyé, par Sylvie Vartan), You are the sunshine of my life de Stevie Wonder, Hello Dolly. En deuxième partie, encore des tubes incontournables : Perdido, La mer (en français), Top Hat, Mack the knife, «New York-New York», «Stranger in the night», «Night and day», «What now my love» (du Bécaud… en anglais), les «Feuilles mortes» (en français) et pour conclure… l’incontournable My Way. Mulheran fit fredonner à plusieurs reprises le public ravi. Un concert jubilatoire. Lucille Humair, qui est américaine et qui a vécu longtemps aux USA, était très touchée : « Toutes les chansons de ma jeunesse avec le bon background orchestral… un très bon concert. Vraiment ».

Steeve Laffont (g) Trio plus un invité « surprise » : Rudy Buffeti (g), William Brunard (b), Jérôme Brajtman (g). 16 août : Mollans sur Ouvèze.

Plus de 300 personnes sur la place de Mollans sur Ouveze, pittoresque petit village drômois, pour le Steeve Laffont Trio rendant hommage à Django. Steeve Laffont avait invité, sans l’annoncer aux organisateurs, un jeune guitariste: Jérôme Brajtman, rencontré par Steeve lors d’un boeuf. Belle surprise. Ce jeune homme (31 ans, mais, comme on dit, « il ne les fait pas ») est ariégois et joue dans le style des grands guitaristes bop et post bop : Jim Hall, Wes… Mais il est aussi un grand admirateur du pianiste Georges Shearing. Etonnant dans le contexte d’un concert de jazz manouche ! A plusieurs reprises il s’évada avec talent et originalité des phrasés à la Django… Sous le regard bienveillant et étonné du leader. Le lendemain il participa, au marché de Buis, à une jam session torride avec les be-boppers du Parfum de Jazz All Stars. Très à l’aise il épata les vieux routiers de cet aréopage. Un garçon à suivre.

Michel Portal (bcl, ss, cla), Daniel Humair (dr), Bruno Chevillon (b) et Bojan Z (claviers). 20 août : Buis Les Baronnies .

Pour le concert de clôture l’affiche prestigieuse (un all stars de la musique improvisée européenne) avait attiré la foule. Presque 500 personnes à la salle des fêtes… En limite de la jauge maximale. Une vingtaine de spectateurs furent même installés sur scène ! Michel Portal était malade (aphone) et fatigué (déplacements compliqués pour différents « gigs » dans les jours précédents). A la balance il était inquiet et stressé. Comme d’habitude… penserons ses fans et amis. Mais peut-être quand même encore plus que d’habitude ? Moult partitions en vrac un peu partout sur la scène à la répétition… Que jouer ? Dilemme portalien habituel. Ses interrogations continuèrent pendant le concert… Heureusement ses accompagnateurs le connaissent bien et ils ne s’inquiètent plus, même quand Portal décide soudain de jouer un thème non prévu dans la liste laborieusement établie quelques minutes avant le concert…

Quoiqu’il en soit… le concert fut triomphal. Longs applaudissements entre chaque thème. Rappels. En deuxième partie Portal se détendit. Le soutien inconditionnel de « son » public ce soir là (comme très souvent) joua bien sûr un grand drôle dans son relâchement (relatif, mais bien réel). Une étude sérieuse sur la composition sociologique des grandes caractéristiques des inconditionnel(le)s de son fan club serait passionnante (entre autres beaucoup de femmes, de tous âges, qu’à 81 ans il fascine littéralement…).

Quasiment pas d’improvisations libertaires, celles que ses fans de la première heure adorent depuis les années 70. La quasi-totalité des deux sets fut consacrée à des thèmes très écrits, dans le champ de ses somptueuses musiques de films ou de ses « tubes » enregistrés. Comme, pour le premier set, Dolce ou Bailador. La fascinante mélodie de Max mon amour (musique du film de Nagisa Oshima de 1986) lui permet de belles envolées à la clarinette. Les variations autour du Jean Pierre de Miles Davis sont magnifiées par le jeu « balkanique » plein et fascinant de Bojan Z.

Pendant le deuxième set le rôle de pilier solide et brillant de Bojan se confirme : Full Half Moon (composition de Bojan dédiée à Sarajevo). Sur Mino Miro en duo contrebasse/clarinette basse on savoure (enfin, car jusque là il s’était surtout cantonné à son rôle d’accompagnateur) la subtilité, la complexité et la profondeur du jeu de Bruno Chevillon. « Un des meilleurs contrebassistes du monde aujourd’hui » (Daniel Humair). Cuba si/Cuba no, The sandpiper, Tadorna, Citrus Juice (une compo d’Eddy Louiss dédiée à M. Portal) et CD-Rom (de Bojan) déclenchent des applaudissements de plus en plus soutenus… « Condamné » à un ultime rappel par la pression du public, Portal proposa une jolie et douce petite mélodie sous forme d’un riff: Judy Garland. Thème composé par Michel lorsqu’il enregistra Minneapolis avec des musiciens de Prince en 2001.

Daniel Humair (78 ans) a démarré sa carrière professionnelle il y a 60 ans. Il a joué avec quasiment toutes les pointures du jazz moderne (« Sauf Miles et Rollins » dit-il en riant). Grand découvreur de jeunes talents. Son jeu est toujours remarquable de vivacité et d’originalité. Cet été il n’a joué que 3 fois (Parfum de Jazz compris) ! Il est pour le moins étonnant (et même carrément regrettable) qu’aucun festival n’ait fêté cet anniversaire, sous forme d’un jubilé ou d’une carte blanche…

Parfum de Jazz All Stars : Daniel Barda (tb) , « Baby » Clavel (as), José Caparros (tp) accompagné par le Magnetix Orchestra : François Gallix (b), Benoît Thévenot (claviers), Nicolas Serret (dr)

Le be-bop ne fut pas honoré cette année dans les concerts du soir. Mais chaque jour à midi et à l’heure de l’apéritif le Parfum de Jazz All Stars célébra abondamment et brillamment cette musique.

Akpé Motion : Pascal Bouterin (dr), Alain Brunet (tp, fluegelhorn), Jean Gros (g) et Luis Manresa (elb)

Enfin l’Akpé Motion d’Alain Brunet, jazz modal et électrique, qui tourne beaucoup depuis deux ans et qui a joué ici plusieurs fois a montré que, dans sa nouvelle formule (deux nouveaux musiciens) il jouait désormais dans la cour des grands.

Pierre-Henri Ardonceau

 |Du 15 au 20 août à Buis les Baronnies (et alentour) en Drôme Provençale, Alain Brunet avait concocté un parcours pédagogique autour des grands styles et grandes figures de l’histoire du jazz.

Parfum de jazz, ne joue pas dans la cour des grands (Marciac, Vienne…). C’est évident. Mais peu lui chaut. Il a trouvé son style : « small is beautiful ». Un  grand  « petit festival » selon la belle formule de Pascal Anquetil (à propos du JazzPote Festival deThionville). Convivialité, proximité, sérénité… Ici on ne court pas après les giga-audiences. Et pour cause : les lieux dédiés aux concerts du soir ne permettraient pas de les accueillir ! Quant aux nombreuses animations proposées dans la journée (avec beaucoup de jam sessions comme « au bon vieux temps »)  elles sont accueillies, chaleureusement, par vacanciers et autochtones, sur les marchés et places de Buis les Baronnies et des petits villages alentour. Plus, cette année, quelques rencontres au superbe Cloître des Dominicains.

Le budget global est modeste (le chiffre de 120 000 euros a été annoncé lors des discours officiels) et une cinquantaine de bénévoles sont quotidiennement au four et au moulin, aux petits soins (tant que faire se peut) des musiciens, des techniciens et du public.

Pour l’édition 2015 nous avions longuement présenté les spécificités de ce festival et le CV étonnant de son président/fondateur et programmateur Alain Brunet (voir Le Jazz Live publié l’été dernier, ici : http://www.jazzmagazine.com/parfum-de-jazz-sixties-nostalgia-2/).

Ci dessous, quelques impressions sur l’édition 2016, présentées dans l’ordre chronologique de l’histoire du jazz.

Bessie Smith Forever. Sarah Lenka (voc) Quartet. Fabien Mornet (bjo six cordes), Taofik Farah (g), Manuel Marchès (b), Camille Passeri (tp). 18 août : Buis Les Baronnies

Sarah Lenka a un look de lycéenne qui va bientôt passer le bac… et pourtant elle a été désignée dès 2007 meilleure artiste vocale féminine de l’année par la Sacem et a déjà enregistré deux disques de jazz (Am I Blue en 2008 et Hush en 2012). Son prochain album sort en septembre 2016. En travaillant sur le répertoire de Billie Holiday Sarah a « rencontré » Bessie Smith. La très grande dame des années 20 et 30. L’impératrice du Blues a chanté la misère, la prison, les vertiges de l’alcool, les amours malheureuses et vénales, le racisme… Pas vraiment « politiquement correcte » Bessie. Ses côtés canaille, grivois et révoltés ont plu à S. Lenka, qui a choisi quelques titres parmi les très nombreux enregistrements de la chanteuse. Mais, apparemment en tous cas, la jeune et belle Sarah n’a pas vécu les mêmes tourments. Tant mieux. Même si elle évoque avec humour ses « problèmes » avec ses amants qu’elle surnomme tous « Gérard », rien du tragique « smithien » ne transparaît dans sa prestation plutôt guillerette et allègre. « Loin de toute affectation, entre fragilité intime et force de caractère » (extrait de son dossier de presse). Son groupe est totalement acoustique. Pas de batteur. Le banjoïste donne une tonalité « rétro » bienvenue et le trompettiste, Camille Passeri, est excellent et maîtrise bien le jeu avec sourdines. Le public est emballé et invité à danser devant la scène. Standing ovation. Pour se faire une idée plus précise du style de Sarah voir et écouter sa version de « Do your duty » ici: https://www.youtube.com/watch?v=MnfdtFwbR8A

« The Louis Ambassadors » d’Irakli de Davrichewy (tp) : Jacques Schneck (p), Philippe Pletan (b) Sylvain Glevarec (dr), Alain Marquet (cl), Jean-Claude Onesta (tb). 17 août : Buis Les Baronnies

Irakli de Davrichewy a consacré toute sa carrière à rendre hommage à Louis Armstrong. Il a même (« séquence émotion » !) joué en 1965 en première partie d’un concert parisien de Satchmo au Palais des Sports. Pour Gérard Conte, spécialiste du jazz traditionnel, « les phrasés d’Irakli ne sont pas des imitations serviles… Il n’est pas exagéré de dire que Louis aurait peut-être bien pu les faire». Quand des journalistes reprochent à Irakli de « copier » Armstrong, il répond : «J’interprète Armstrong comme d’autres Chopin». Il est vrai que pour ceux qui ont découvert le jazz avec le All Stars de Louis des années 50 et 60 (concerts mais surtout enregistrements) les prestations de ses « Louis Ambassadors » sont bluffantes. Les standards et « tubes » de Satchmo s’enchaînent (entrecoupés d’anecdotes savoureuses sur la vie du trompettiste) : Atlanta Blues de W.C Handy, Roses of Picardy (dans une version plus swinguante que celle d’Y. Montand), A song was born , Somebody loves me de Gerschwin. Un medley enchante le public : La vie en rose, C’est si bon, Mack the Knife, Hello Dolly, What a Wonderful World. Puis Whispering juste avant l’entracte. Tous les concerts à Buis sont en 2 parties : entracte obligatoire! La buvette avec sandwiches et gâteaux sert à financer (un peu…) le festival. Deuxième partie légèrement écourtée (le concert enchaînait sur une projection du film Paris Blues de Martin Ritt, tourné en 1961 à Paris, avec… Louis, bien sûr) : Basin Street, I Surrender Dear, Stars Fell on Alabama. Invité à jammer Daniel Barda (qui joua 4 ans avec les Haricots Rouges, et qui dirige aujourd’hui le Paris Washboard), joua sur les derniers morceaux : Do you know what it means to miss New Orleans, I’m crazy about my baby, Mop Mop (du be-bop ? Enfin presque… qu’en pensait Hugues Panassié ?). Pour conclure: I gotta right to sing the blues, superbe ballade.Dans la grande tradition du All Stars de Satchmo le trompettiste est omniprésent mais chaque musicien a droit aussi à des solos plus ou moins étendus. Mention spéciale pour Jacques Schneck (p) maître du stride (mais pas que…).

Frank Sinatra Forever. Gead Mulheran (voc) avec le Brass Messenger direction Dominique Rieux. Dominique Rieux et Tony Amouroux (tp, fluegelhorn), Christophe Mouly (saxes, fl), Rémi Vidal (tb), Florent Hortal (g, bjo), André Neufert (dr), Julien Duthu (b), Thierry Ollé (p). 19 août : Buis Les Baronnies

Jazz-Magazine-679- sinatra

Avant de devenir une immense star populaire (comme crooner et superbe acteur) Sinatra fut un très grand chanteur de jazz. Certains l’ont oublié, d’autres ne l’ont jamais su… Il aurait eu 100 ans en 2015. Jazz Magazine a célébré en grande pompe cet anniversaire dans son numéro 679 (décembre 2015). Ici, c’est un mini big band de 8 musiciens (le Brass Messenger) accompagnant le crooner de Manchester, Gead Mulheran, qui a honoré de bien belle manière Frankie. Le Brass Messenger est une « réduction », selon les termes même de son leader et fondateur le trompettiste toulousain Dominique Rieux, de son Big Band Brass (15 musiciens). Le public fut scotché d’entrée sur Wind Machine de Basie. L’usine à swing ronronnait comme un moteur de Ferrari.Le chanteur à un talent fou, une présence scénique incroyable, un humour très british et un certain sens de l’auto-dérision. Avec dynamisme et énergie (communicative), Gead Mulheran et l’orchestre ont fait une relecture originale et irrésistible (mais fidèle) de l’œuvre de Frank Sinatra, faisant revivre le génie et le talent du crooner américain. Come fly with me, The good life (La belle vie de Sacha Distel!), Moonlight in Vermont, I’ve got you under my skin, I get a kick out of you, Fly me to the moon, As time goes by, Bad bad Leroy Brown (chantée, en français, du temps des yéyé, par Sylvie Vartan), You are the sunshine of my life de Stevie Wonder, Hello Dolly. En deuxième partie, encore des tubes incontournables : Perdido, La mer (en français), Top Hat, Mack the knife, «New York-New York», «Stranger in the night», «Night and day», «What now my love» (du Bécaud… en anglais), les «Feuilles mortes» (en français) et pour conclure… l’incontournable My Way. Mulheran fit fredonner à plusieurs reprises le public ravi. Un concert jubilatoire. Lucille Humair, qui est américaine et qui a vécu longtemps aux USA, était très touchée : « Toutes les chansons de ma jeunesse avec le bon background orchestral… un très bon concert. Vraiment ».

Steeve Laffont (g) Trio plus un invité « surprise » : Rudy Buffeti (g), William Brunard (b), Jérôme Brajtman (g). 16 août : Mollans sur Ouvèze.

Plus de 300 personnes sur la place de Mollans sur Ouveze, pittoresque petit village drômois, pour le Steeve Laffont Trio rendant hommage à Django. Steeve Laffont avait invité, sans l’annoncer aux organisateurs, un jeune guitariste: Jérôme Brajtman, rencontré par Steeve lors d’un boeuf. Belle surprise. Ce jeune homme (31 ans, mais, comme on dit, « il ne les fait pas ») est ariégois et joue dans le style des grands guitaristes bop et post bop : Jim Hall, Wes… Mais il est aussi un grand admirateur du pianiste Georges Shearing. Etonnant dans le contexte d’un concert de jazz manouche ! A plusieurs reprises il s’évada avec talent et originalité des phrasés à la Django… Sous le regard bienveillant et étonné du leader. Le lendemain il participa, au marché de Buis, à une jam session torride avec les be-boppers du Parfum de Jazz All Stars. Très à l’aise il épata les vieux routiers de cet aréopage. Un garçon à suivre.

Michel Portal (bcl, ss, cla), Daniel Humair (dr), Bruno Chevillon (b) et Bojan Z (claviers). 20 août : Buis Les Baronnies .

Pour le concert de clôture l’affiche prestigieuse (un all stars de la musique improvisée européenne) avait attiré la foule. Presque 500 personnes à la salle des fêtes… En limite de la jauge maximale. Une vingtaine de spectateurs furent même installés sur scène ! Michel Portal était malade (aphone) et fatigué (déplacements compliqués pour différents « gigs » dans les jours précédents). A la balance il était inquiet et stressé. Comme d’habitude… penserons ses fans et amis. Mais peut-être quand même encore plus que d’habitude ? Moult partitions en vrac un peu partout sur la scène à la répétition… Que jouer ? Dilemme portalien habituel. Ses interrogations continuèrent pendant le concert… Heureusement ses accompagnateurs le connaissent bien et ils ne s’inquiètent plus, même quand Portal décide soudain de jouer un thème non prévu dans la liste laborieusement établie quelques minutes avant le concert…

Quoiqu’il en soit… le concert fut triomphal. Longs applaudissements entre chaque thème. Rappels. En deuxième partie Portal se détendit. Le soutien inconditionnel de « son » public ce soir là (comme très souvent) joua bien sûr un grand drôle dans son relâchement (relatif, mais bien réel). Une étude sérieuse sur la composition sociologique des grandes caractéristiques des inconditionnel(le)s de son fan club serait passionnante (entre autres beaucoup de femmes, de tous âges, qu’à 81 ans il fascine littéralement…).

Quasiment pas d’improvisations libertaires, celles que ses fans de la première heure adorent depuis les années 70. La quasi-totalité des deux sets fut consacrée à des thèmes très écrits, dans le champ de ses somptueuses musiques de films ou de ses « tubes » enregistrés. Comme, pour le premier set, Dolce ou Bailador. La fascinante mélodie de Max mon amour (musique du film de Nagisa Oshima de 1986) lui permet de belles envolées à la clarinette. Les variations autour du Jean Pierre de Miles Davis sont magnifiées par le jeu « balkanique » plein et fascinant de Bojan Z.

Pendant le deuxième set le rôle de pilier solide et brillant de Bojan se confirme : Full Half Moon (composition de Bojan dédiée à Sarajevo). Sur Mino Miro en duo contrebasse/clarinette basse on savoure (enfin, car jusque là il s’était surtout cantonné à son rôle d’accompagnateur) la subtilité, la complexité et la profondeur du jeu de Bruno Chevillon. « Un des meilleurs contrebassistes du monde aujourd’hui » (Daniel Humair). Cuba si/Cuba no, The sandpiper, Tadorna, Citrus Juice (une compo d’Eddy Louiss dédiée à M. Portal) et CD-Rom (de Bojan) déclenchent des applaudissements de plus en plus soutenus… « Condamné » à un ultime rappel par la pression du public, Portal proposa une jolie et douce petite mélodie sous forme d’un riff: Judy Garland. Thème composé par Michel lorsqu’il enregistra Minneapolis avec des musiciens de Prince en 2001.

Daniel Humair (78 ans) a démarré sa carrière professionnelle il y a 60 ans. Il a joué avec quasiment toutes les pointures du jazz moderne (« Sauf Miles et Rollins » dit-il en riant). Grand découvreur de jeunes talents. Son jeu est toujours remarquable de vivacité et d’originalité. Cet été il n’a joué que 3 fois (Parfum de Jazz compris) ! Il est pour le moins étonnant (et même carrément regrettable) qu’aucun festival n’ait fêté cet anniversaire, sous forme d’un jubilé ou d’une carte blanche…

Parfum de Jazz All Stars : Daniel Barda (tb) , « Baby » Clavel (as), José Caparros (tp) accompagné par le Magnetix Orchestra : François Gallix (b), Benoît Thévenot (claviers), Nicolas Serret (dr)

Le be-bop ne fut pas honoré cette année dans les concerts du soir. Mais chaque jour à midi et à l’heure de l’apéritif le Parfum de Jazz All Stars célébra abondamment et brillamment cette musique.

Akpé Motion : Pascal Bouterin (dr), Alain Brunet (tp, fluegelhorn), Jean Gros (g) et Luis Manresa (elb)

Enfin l’Akpé Motion d’Alain Brunet, jazz modal et électrique, qui tourne beaucoup depuis deux ans et qui a joué ici plusieurs fois a montré que, dans sa nouvelle formule (deux nouveaux musiciens) il jouait désormais dans la cour des grands.

Pierre-Henri Ardonceau

 |Du 15 au 20 août à Buis les Baronnies (et alentour) en Drôme Provençale, Alain Brunet avait concocté un parcours pédagogique autour des grands styles et grandes figures de l’histoire du jazz.

Parfum de jazz, ne joue pas dans la cour des grands (Marciac, Vienne…). C’est évident. Mais peu lui chaut. Il a trouvé son style : « small is beautiful ». Un  grand  « petit festival » selon la belle formule de Pascal Anquetil (à propos du JazzPote Festival deThionville). Convivialité, proximité, sérénité… Ici on ne court pas après les giga-audiences. Et pour cause : les lieux dédiés aux concerts du soir ne permettraient pas de les accueillir ! Quant aux nombreuses animations proposées dans la journée (avec beaucoup de jam sessions comme « au bon vieux temps »)  elles sont accueillies, chaleureusement, par vacanciers et autochtones, sur les marchés et places de Buis les Baronnies et des petits villages alentour. Plus, cette année, quelques rencontres au superbe Cloître des Dominicains.

Le budget global est modeste (le chiffre de 120 000 euros a été annoncé lors des discours officiels) et une cinquantaine de bénévoles sont quotidiennement au four et au moulin, aux petits soins (tant que faire se peut) des musiciens, des techniciens et du public.

Pour l’édition 2015 nous avions longuement présenté les spécificités de ce festival et le CV étonnant de son président/fondateur et programmateur Alain Brunet (voir Le Jazz Live publié l’été dernier, ici : http://www.jazzmagazine.com/parfum-de-jazz-sixties-nostalgia-2/).

Ci dessous, quelques impressions sur l’édition 2016, présentées dans l’ordre chronologique de l’histoire du jazz.

Bessie Smith Forever. Sarah Lenka (voc) Quartet. Fabien Mornet (bjo six cordes), Taofik Farah (g), Manuel Marchès (b), Camille Passeri (tp). 18 août : Buis Les Baronnies

Sarah Lenka a un look de lycéenne qui va bientôt passer le bac… et pourtant elle a été désignée dès 2007 meilleure artiste vocale féminine de l’année par la Sacem et a déjà enregistré deux disques de jazz (Am I Blue en 2008 et Hush en 2012). Son prochain album sort en septembre 2016. En travaillant sur le répertoire de Billie Holiday Sarah a « rencontré » Bessie Smith. La très grande dame des années 20 et 30. L’impératrice du Blues a chanté la misère, la prison, les vertiges de l’alcool, les amours malheureuses et vénales, le racisme… Pas vraiment « politiquement correcte » Bessie. Ses côtés canaille, grivois et révoltés ont plu à S. Lenka, qui a choisi quelques titres parmi les très nombreux enregistrements de la chanteuse. Mais, apparemment en tous cas, la jeune et belle Sarah n’a pas vécu les mêmes tourments. Tant mieux. Même si elle évoque avec humour ses « problèmes » avec ses amants qu’elle surnomme tous « Gérard », rien du tragique « smithien » ne transparaît dans sa prestation plutôt guillerette et allègre. « Loin de toute affectation, entre fragilité intime et force de caractère » (extrait de son dossier de presse). Son groupe est totalement acoustique. Pas de batteur. Le banjoïste donne une tonalité « rétro » bienvenue et le trompettiste, Camille Passeri, est excellent et maîtrise bien le jeu avec sourdines. Le public est emballé et invité à danser devant la scène. Standing ovation. Pour se faire une idée plus précise du style de Sarah voir et écouter sa version de « Do your duty » ici: https://www.youtube.com/watch?v=MnfdtFwbR8A

« The Louis Ambassadors » d’Irakli de Davrichewy (tp) : Jacques Schneck (p), Philippe Pletan (b) Sylvain Glevarec (dr), Alain Marquet (cl), Jean-Claude Onesta (tb). 17 août : Buis Les Baronnies

Irakli de Davrichewy a consacré toute sa carrière à rendre hommage à Louis Armstrong. Il a même (« séquence émotion » !) joué en 1965 en première partie d’un concert parisien de Satchmo au Palais des Sports. Pour Gérard Conte, spécialiste du jazz traditionnel, « les phrasés d’Irakli ne sont pas des imitations serviles… Il n’est pas exagéré de dire que Louis aurait peut-être bien pu les faire». Quand des journalistes reprochent à Irakli de « copier » Armstrong, il répond : «J’interprète Armstrong comme d’autres Chopin». Il est vrai que pour ceux qui ont découvert le jazz avec le All Stars de Louis des années 50 et 60 (concerts mais surtout enregistrements) les prestations de ses « Louis Ambassadors » sont bluffantes. Les standards et « tubes » de Satchmo s’enchaînent (entrecoupés d’anecdotes savoureuses sur la vie du trompettiste) : Atlanta Blues de W.C Handy, Roses of Picardy (dans une version plus swinguante que celle d’Y. Montand), A song was born , Somebody loves me de Gerschwin. Un medley enchante le public : La vie en rose, C’est si bon, Mack the Knife, Hello Dolly, What a Wonderful World. Puis Whispering juste avant l’entracte. Tous les concerts à Buis sont en 2 parties : entracte obligatoire! La buvette avec sandwiches et gâteaux sert à financer (un peu…) le festival. Deuxième partie légèrement écourtée (le concert enchaînait sur une projection du film Paris Blues de Martin Ritt, tourné en 1961 à Paris, avec… Louis, bien sûr) : Basin Street, I Surrender Dear, Stars Fell on Alabama. Invité à jammer Daniel Barda (qui joua 4 ans avec les Haricots Rouges, et qui dirige aujourd’hui le Paris Washboard), joua sur les derniers morceaux : Do you know what it means to miss New Orleans, I’m crazy about my baby, Mop Mop (du be-bop ? Enfin presque… qu’en pensait Hugues Panassié ?). Pour conclure: I gotta right to sing the blues, superbe ballade.Dans la grande tradition du All Stars de Satchmo le trompettiste est omniprésent mais chaque musicien a droit aussi à des solos plus ou moins étendus. Mention spéciale pour Jacques Schneck (p) maître du stride (mais pas que…).

Frank Sinatra Forever. Gead Mulheran (voc) avec le Brass Messenger direction Dominique Rieux. Dominique Rieux et Tony Amouroux (tp, fluegelhorn), Christophe Mouly (saxes, fl), Rémi Vidal (tb), Florent Hortal (g, bjo), André Neufert (dr), Julien Duthu (b), Thierry Ollé (p). 19 août : Buis Les Baronnies

Jazz-Magazine-679- sinatra

Avant de devenir une immense star populaire (comme crooner et superbe acteur) Sinatra fut un très grand chanteur de jazz. Certains l’ont oublié, d’autres ne l’ont jamais su… Il aurait eu 100 ans en 2015. Jazz Magazine a célébré en grande pompe cet anniversaire dans son numéro 679 (décembre 2015). Ici, c’est un mini big band de 8 musiciens (le Brass Messenger) accompagnant le crooner de Manchester, Gead Mulheran, qui a honoré de bien belle manière Frankie. Le Brass Messenger est une « réduction », selon les termes même de son leader et fondateur le trompettiste toulousain Dominique Rieux, de son Big Band Brass (15 musiciens). Le public fut scotché d’entrée sur Wind Machine de Basie. L’usine à swing ronronnait comme un moteur de Ferrari.Le chanteur à un talent fou, une présence scénique incroyable, un humour très british et un certain sens de l’auto-dérision. Avec dynamisme et énergie (communicative), Gead Mulheran et l’orchestre ont fait une relecture originale et irrésistible (mais fidèle) de l’œuvre de Frank Sinatra, faisant revivre le génie et le talent du crooner américain. Come fly with me, The good life (La belle vie de Sacha Distel!), Moonlight in Vermont, I’ve got you under my skin, I get a kick out of you, Fly me to the moon, As time goes by, Bad bad Leroy Brown (chantée, en français, du temps des yéyé, par Sylvie Vartan), You are the sunshine of my life de Stevie Wonder, Hello Dolly. En deuxième partie, encore des tubes incontournables : Perdido, La mer (en français), Top Hat, Mack the knife, «New York-New York», «Stranger in the night», «Night and day», «What now my love» (du Bécaud… en anglais), les «Feuilles mortes» (en français) et pour conclure… l’incontournable My Way. Mulheran fit fredonner à plusieurs reprises le public ravi. Un concert jubilatoire. Lucille Humair, qui est américaine et qui a vécu longtemps aux USA, était très touchée : « Toutes les chansons de ma jeunesse avec le bon background orchestral… un très bon concert. Vraiment ».

Steeve Laffont (g) Trio plus un invité « surprise » : Rudy Buffeti (g), William Brunard (b), Jérôme Brajtman (g). 16 août : Mollans sur Ouvèze.

Plus de 300 personnes sur la place de Mollans sur Ouveze, pittoresque petit village drômois, pour le Steeve Laffont Trio rendant hommage à Django. Steeve Laffont avait invité, sans l’annoncer aux organisateurs, un jeune guitariste: Jérôme Brajtman, rencontré par Steeve lors d’un boeuf. Belle surprise. Ce jeune homme (31 ans, mais, comme on dit, « il ne les fait pas ») est ariégois et joue dans le style des grands guitaristes bop et post bop : Jim Hall, Wes… Mais il est aussi un grand admirateur du pianiste Georges Shearing. Etonnant dans le contexte d’un concert de jazz manouche ! A plusieurs reprises il s’évada avec talent et originalité des phrasés à la Django… Sous le regard bienveillant et étonné du leader. Le lendemain il participa, au marché de Buis, à une jam session torride avec les be-boppers du Parfum de Jazz All Stars. Très à l’aise il épata les vieux routiers de cet aréopage. Un garçon à suivre.

Michel Portal (bcl, ss, cla), Daniel Humair (dr), Bruno Chevillon (b) et Bojan Z (claviers). 20 août : Buis Les Baronnies .

Pour le concert de clôture l’affiche prestigieuse (un all stars de la musique improvisée européenne) avait attiré la foule. Presque 500 personnes à la salle des fêtes… En limite de la jauge maximale. Une vingtaine de spectateurs furent même installés sur scène ! Michel Portal était malade (aphone) et fatigué (déplacements compliqués pour différents « gigs » dans les jours précédents). A la balance il était inquiet et stressé. Comme d’habitude… penserons ses fans et amis. Mais peut-être quand même encore plus que d’habitude ? Moult partitions en vrac un peu partout sur la scène à la répétition… Que jouer ? Dilemme portalien habituel. Ses interrogations continuèrent pendant le concert… Heureusement ses accompagnateurs le connaissent bien et ils ne s’inquiètent plus, même quand Portal décide soudain de jouer un thème non prévu dans la liste laborieusement établie quelques minutes avant le concert…

Quoiqu’il en soit… le concert fut triomphal. Longs applaudissements entre chaque thème. Rappels. En deuxième partie Portal se détendit. Le soutien inconditionnel de « son » public ce soir là (comme très souvent) joua bien sûr un grand drôle dans son relâchement (relatif, mais bien réel). Une étude sérieuse sur la composition sociologique des grandes caractéristiques des inconditionnel(le)s de son fan club serait passionnante (entre autres beaucoup de femmes, de tous âges, qu’à 81 ans il fascine littéralement…).

Quasiment pas d’improvisations libertaires, celles que ses fans de la première heure adorent depuis les années 70. La quasi-totalité des deux sets fut consacrée à des thèmes très écrits, dans le champ de ses somptueuses musiques de films ou de ses « tubes » enregistrés. Comme, pour le premier set, Dolce ou Bailador. La fascinante mélodie de Max mon amour (musique du film de Nagisa Oshima de 1986) lui permet de belles envolées à la clarinette. Les variations autour du Jean Pierre de Miles Davis sont magnifiées par le jeu « balkanique » plein et fascinant de Bojan Z.

Pendant le deuxième set le rôle de pilier solide et brillant de Bojan se confirme : Full Half Moon (composition de Bojan dédiée à Sarajevo). Sur Mino Miro en duo contrebasse/clarinette basse on savoure (enfin, car jusque là il s’était surtout cantonné à son rôle d’accompagnateur) la subtilité, la complexité et la profondeur du jeu de Bruno Chevillon. « Un des meilleurs contrebassistes du monde aujourd’hui » (Daniel Humair). Cuba si/Cuba no, The sandpiper, Tadorna, Citrus Juice (une compo d’Eddy Louiss dédiée à M. Portal) et CD-Rom (de Bojan) déclenchent des applaudissements de plus en plus soutenus… « Condamné » à un ultime rappel par la pression du public, Portal proposa une jolie et douce petite mélodie sous forme d’un riff: Judy Garland. Thème composé par Michel lorsqu’il enregistra Minneapolis avec des musiciens de Prince en 2001.

Daniel Humair (78 ans) a démarré sa carrière professionnelle il y a 60 ans. Il a joué avec quasiment toutes les pointures du jazz moderne (« Sauf Miles et Rollins » dit-il en riant). Grand découvreur de jeunes talents. Son jeu est toujours remarquable de vivacité et d’originalité. Cet été il n’a joué que 3 fois (Parfum de Jazz compris) ! Il est pour le moins étonnant (et même carrément regrettable) qu’aucun festival n’ait fêté cet anniversaire, sous forme d’un jubilé ou d’une carte blanche…

Parfum de Jazz All Stars : Daniel Barda (tb) , « Baby » Clavel (as), José Caparros (tp) accompagné par le Magnetix Orchestra : François Gallix (b), Benoît Thévenot (claviers), Nicolas Serret (dr)

Le be-bop ne fut pas honoré cette année dans les concerts du soir. Mais chaque jour à midi et à l’heure de l’apéritif le Parfum de Jazz All Stars célébra abondamment et brillamment cette musique.

Akpé Motion : Pascal Bouterin (dr), Alain Brunet (tp, fluegelhorn), Jean Gros (g) et Luis Manresa (elb)

Enfin l’Akpé Motion d’Alain Brunet, jazz modal et électrique, qui tourne beaucoup depuis deux ans et qui a joué ici plusieurs fois a montré que, dans sa nouvelle formule (deux nouveaux musiciens) il jouait désormais dans la cour des grands.

Pierre-Henri Ardonceau