Jazz live
Publié le 26 Nov 2015

SCLAVIS-PIFARÉLY-COURTOIS : BEAUTÉ ACOUSTIQUE !

Pour la seconde fois en trois jours, le bonheur d’assister à un concert sans sonorisation. La précédente était au Centre Wallonie-Bruxelles pour Mâäk Quintet (voir le Jazz Live du 24 novembre). Cette fois c’est dans la très intime salle de l’Atelier du Plateau, avec le trio Sclavis-Pifarély-Courtois, qui reprend le répertoire créé en mars dernier au festival A Vaulx Jazz, afin de préparer la séance d’enregistrement prévue en décembre pour le label ECM.

 

 

 

Louis Sclavis (clarinette & clarinette basse), Dominique Pifarély (violon), Vincent Courtois (violoncelle)

Paris, Atelier du Plateau, 26 novembre 2015, 20h

L’ambiance est celle de la musique de chambre, par l’intimité de la prestation, l’intensité sans fracas qui donne le ton et sied au lieu. Sclavis côtoie ses partenaires de longtemps : au disque depuis 1987 pour Dominique Pifarély, et depuis 1999 pour Vincent Courtois, l’un et l’autre ayant été partie prenante du très beau « Dans la nuit », enregistré en 2000 pour accompagner un film muet de Charles Vanel réalisé en 1929. C’est dire que l’on est ici en territoire de connivence aiguë, point commun entre la musique de chambre et le jazz. Mon voisin évoque discrètement, en cours de concert, le fabuleux « Acoustic Quartet » (Sclavis, Pifarély, Ducret & Chevillon, ECM, 1993 ). Je lui réponds, tout aussi discrètement, que si le disque évoqué portait la marque des musiques contemporaines de la fin du vingtième siècle, ce qui se jouait sur scène (pas moins contemporain) portait aussi le souvenir du lyrisme de la seconde École de Vienne (La Nuit transfigurée de Schönberg, La Suite lyrique et le Concerto à la mémoire d’un ange de Berg). La transition est constante d’un univers à l’autre : on glisse d’un thème à consonance ethnique vers une improvisation collective très homorythmique, puis c’est un solo soutenu par la paire accompagnante en un contrepoint que l’on croirait improvisé. Ailleurs, le souvenir du Concerto à la mémoire d’un ange conduit à la musique du diable, tendue, dissonante, d’une sourde violence. Chacun d’eux est en verve : chambriste à la clarinette, plutôt rythmique à la clarinette basse, pour Sclavis ; audacieusement lyrique pour Pifarély ; porteur de modes de jeu hétérodoxes qui nous entraînent loin de nos bases pour Courtois : pendant quelques instant, son violoncelle se fait kora. Et soudain surgit ce qui pourrait ressembler à une version syncopée du thème de l’Offrande musicale de Bach, avec un enchevêtrement diabolique des voix. Aux compositions de Louis Sclavis s’adjoignent, en cours de concert, celles de ses partenaires. On passe en permanence d’une sorte d’ethno-jazz à des mélodies tendues, du consonant au dissonant, du lent cheminement d’un thème écrit à son survol improvisé par un violon prolixe. Un instant je me dis : c’est beau comme du Schubert qui serait dévoyé par un chromatisme tenace ; à un autre moment mon voisin évoque Schumann : il n’a pas tort. Mais alors me direz-vous : et le jazz dans tout ça ? Présent à 100%, par l’absolue vitalité, la force de l’instant, le goût de la syncope et de la surprise. Bref ce fut un moment de beauté, illuminé par la densité charnelle, presque palpable, du timbre des instruments (bonheur du concert « tout acoustique » !). Et en rappel le trio joua une mélodie de Vincent Courtois qui fleurait bon la nostalgie du jazz des années trente : le jazz, vous dis-je !

Xavier Prévost

|

Pour la seconde fois en trois jours, le bonheur d’assister à un concert sans sonorisation. La précédente était au Centre Wallonie-Bruxelles pour Mâäk Quintet (voir le Jazz Live du 24 novembre). Cette fois c’est dans la très intime salle de l’Atelier du Plateau, avec le trio Sclavis-Pifarély-Courtois, qui reprend le répertoire créé en mars dernier au festival A Vaulx Jazz, afin de préparer la séance d’enregistrement prévue en décembre pour le label ECM.

 

 

 

Louis Sclavis (clarinette & clarinette basse), Dominique Pifarély (violon), Vincent Courtois (violoncelle)

Paris, Atelier du Plateau, 26 novembre 2015, 20h

L’ambiance est celle de la musique de chambre, par l’intimité de la prestation, l’intensité sans fracas qui donne le ton et sied au lieu. Sclavis côtoie ses partenaires de longtemps : au disque depuis 1987 pour Dominique Pifarély, et depuis 1999 pour Vincent Courtois, l’un et l’autre ayant été partie prenante du très beau « Dans la nuit », enregistré en 2000 pour accompagner un film muet de Charles Vanel réalisé en 1929. C’est dire que l’on est ici en territoire de connivence aiguë, point commun entre la musique de chambre et le jazz. Mon voisin évoque discrètement, en cours de concert, le fabuleux « Acoustic Quartet » (Sclavis, Pifarély, Ducret & Chevillon, ECM, 1993 ). Je lui réponds, tout aussi discrètement, que si le disque évoqué portait la marque des musiques contemporaines de la fin du vingtième siècle, ce qui se jouait sur scène (pas moins contemporain) portait aussi le souvenir du lyrisme de la seconde École de Vienne (La Nuit transfigurée de Schönberg, La Suite lyrique et le Concerto à la mémoire d’un ange de Berg). La transition est constante d’un univers à l’autre : on glisse d’un thème à consonance ethnique vers une improvisation collective très homorythmique, puis c’est un solo soutenu par la paire accompagnante en un contrepoint que l’on croirait improvisé. Ailleurs, le souvenir du Concerto à la mémoire d’un ange conduit à la musique du diable, tendue, dissonante, d’une sourde violence. Chacun d’eux est en verve : chambriste à la clarinette, plutôt rythmique à la clarinette basse, pour Sclavis ; audacieusement lyrique pour Pifarély ; porteur de modes de jeu hétérodoxes qui nous entraînent loin de nos bases pour Courtois : pendant quelques instant, son violoncelle se fait kora. Et soudain surgit ce qui pourrait ressembler à une version syncopée du thème de l’Offrande musicale de Bach, avec un enchevêtrement diabolique des voix. Aux compositions de Louis Sclavis s’adjoignent, en cours de concert, celles de ses partenaires. On passe en permanence d’une sorte d’ethno-jazz à des mélodies tendues, du consonant au dissonant, du lent cheminement d’un thème écrit à son survol improvisé par un violon prolixe. Un instant je me dis : c’est beau comme du Schubert qui serait dévoyé par un chromatisme tenace ; à un autre moment mon voisin évoque Schumann : il n’a pas tort. Mais alors me direz-vous : et le jazz dans tout ça ? Présent à 100%, par l’absolue vitalité, la force de l’instant, le goût de la syncope et de la surprise. Bref ce fut un moment de beauté, illuminé par la densité charnelle, presque palpable, du timbre des instruments (bonheur du concert « tout acoustique » !). Et en rappel le trio joua une mélodie de Vincent Courtois qui fleurait bon la nostalgie du jazz des années trente : le jazz, vous dis-je !

Xavier Prévost

|

Pour la seconde fois en trois jours, le bonheur d’assister à un concert sans sonorisation. La précédente était au Centre Wallonie-Bruxelles pour Mâäk Quintet (voir le Jazz Live du 24 novembre). Cette fois c’est dans la très intime salle de l’Atelier du Plateau, avec le trio Sclavis-Pifarély-Courtois, qui reprend le répertoire créé en mars dernier au festival A Vaulx Jazz, afin de préparer la séance d’enregistrement prévue en décembre pour le label ECM.

 

 

 

Louis Sclavis (clarinette & clarinette basse), Dominique Pifarély (violon), Vincent Courtois (violoncelle)

Paris, Atelier du Plateau, 26 novembre 2015, 20h

L’ambiance est celle de la musique de chambre, par l’intimité de la prestation, l’intensité sans fracas qui donne le ton et sied au lieu. Sclavis côtoie ses partenaires de longtemps : au disque depuis 1987 pour Dominique Pifarély, et depuis 1999 pour Vincent Courtois, l’un et l’autre ayant été partie prenante du très beau « Dans la nuit », enregistré en 2000 pour accompagner un film muet de Charles Vanel réalisé en 1929. C’est dire que l’on est ici en territoire de connivence aiguë, point commun entre la musique de chambre et le jazz. Mon voisin évoque discrètement, en cours de concert, le fabuleux « Acoustic Quartet » (Sclavis, Pifarély, Ducret & Chevillon, ECM, 1993 ). Je lui réponds, tout aussi discrètement, que si le disque évoqué portait la marque des musiques contemporaines de la fin du vingtième siècle, ce qui se jouait sur scène (pas moins contemporain) portait aussi le souvenir du lyrisme de la seconde École de Vienne (La Nuit transfigurée de Schönberg, La Suite lyrique et le Concerto à la mémoire d’un ange de Berg). La transition est constante d’un univers à l’autre : on glisse d’un thème à consonance ethnique vers une improvisation collective très homorythmique, puis c’est un solo soutenu par la paire accompagnante en un contrepoint que l’on croirait improvisé. Ailleurs, le souvenir du Concerto à la mémoire d’un ange conduit à la musique du diable, tendue, dissonante, d’une sourde violence. Chacun d’eux est en verve : chambriste à la clarinette, plutôt rythmique à la clarinette basse, pour Sclavis ; audacieusement lyrique pour Pifarély ; porteur de modes de jeu hétérodoxes qui nous entraînent loin de nos bases pour Courtois : pendant quelques instant, son violoncelle se fait kora. Et soudain surgit ce qui pourrait ressembler à une version syncopée du thème de l’Offrande musicale de Bach, avec un enchevêtrement diabolique des voix. Aux compositions de Louis Sclavis s’adjoignent, en cours de concert, celles de ses partenaires. On passe en permanence d’une sorte d’ethno-jazz à des mélodies tendues, du consonant au dissonant, du lent cheminement d’un thème écrit à son survol improvisé par un violon prolixe. Un instant je me dis : c’est beau comme du Schubert qui serait dévoyé par un chromatisme tenace ; à un autre moment mon voisin évoque Schumann : il n’a pas tort. Mais alors me direz-vous : et le jazz dans tout ça ? Présent à 100%, par l’absolue vitalité, la force de l’instant, le goût de la syncope et de la surprise. Bref ce fut un moment de beauté, illuminé par la densité charnelle, presque palpable, du timbre des instruments (bonheur du concert « tout acoustique » !). Et en rappel le trio joua une mélodie de Vincent Courtois qui fleurait bon la nostalgie du jazz des années trente : le jazz, vous dis-je !

Xavier Prévost

|

Pour la seconde fois en trois jours, le bonheur d’assister à un concert sans sonorisation. La précédente était au Centre Wallonie-Bruxelles pour Mâäk Quintet (voir le Jazz Live du 24 novembre). Cette fois c’est dans la très intime salle de l’Atelier du Plateau, avec le trio Sclavis-Pifarély-Courtois, qui reprend le répertoire créé en mars dernier au festival A Vaulx Jazz, afin de préparer la séance d’enregistrement prévue en décembre pour le label ECM.

 

 

 

Louis Sclavis (clarinette & clarinette basse), Dominique Pifarély (violon), Vincent Courtois (violoncelle)

Paris, Atelier du Plateau, 26 novembre 2015, 20h

L’ambiance est celle de la musique de chambre, par l’intimité de la prestation, l’intensité sans fracas qui donne le ton et sied au lieu. Sclavis côtoie ses partenaires de longtemps : au disque depuis 1987 pour Dominique Pifarély, et depuis 1999 pour Vincent Courtois, l’un et l’autre ayant été partie prenante du très beau « Dans la nuit », enregistré en 2000 pour accompagner un film muet de Charles Vanel réalisé en 1929. C’est dire que l’on est ici en territoire de connivence aiguë, point commun entre la musique de chambre et le jazz. Mon voisin évoque discrètement, en cours de concert, le fabuleux « Acoustic Quartet » (Sclavis, Pifarély, Ducret & Chevillon, ECM, 1993 ). Je lui réponds, tout aussi discrètement, que si le disque évoqué portait la marque des musiques contemporaines de la fin du vingtième siècle, ce qui se jouait sur scène (pas moins contemporain) portait aussi le souvenir du lyrisme de la seconde École de Vienne (La Nuit transfigurée de Schönberg, La Suite lyrique et le Concerto à la mémoire d’un ange de Berg). La transition est constante d’un univers à l’autre : on glisse d’un thème à consonance ethnique vers une improvisation collective très homorythmique, puis c’est un solo soutenu par la paire accompagnante en un contrepoint que l’on croirait improvisé. Ailleurs, le souvenir du Concerto à la mémoire d’un ange conduit à la musique du diable, tendue, dissonante, d’une sourde violence. Chacun d’eux est en verve : chambriste à la clarinette, plutôt rythmique à la clarinette basse, pour Sclavis ; audacieusement lyrique pour Pifarély ; porteur de modes de jeu hétérodoxes qui nous entraînent loin de nos bases pour Courtois : pendant quelques instant, son violoncelle se fait kora. Et soudain surgit ce qui pourrait ressembler à une version syncopée du thème de l’Offrande musicale de Bach, avec un enchevêtrement diabolique des voix. Aux compositions de Louis Sclavis s’adjoignent, en cours de concert, celles de ses partenaires. On passe en permanence d’une sorte d’ethno-jazz à des mélodies tendues, du consonant au dissonant, du lent cheminement d’un thème écrit à son survol improvisé par un violon prolixe. Un instant je me dis : c’est beau comme du Schubert qui serait dévoyé par un chromatisme tenace ; à un autre moment mon voisin évoque Schumann : il n’a pas tort. Mais alors me direz-vous : et le jazz dans tout ça ? Présent à 100%, par l’absolue vitalité, la force de l’instant, le goût de la syncope et de la surprise. Bref ce fut un moment de beauté, illuminé par la densité charnelle, presque palpable, du timbre des instruments (bonheur du concert « tout acoustique » !). Et en rappel le trio joua une mélodie de Vincent Courtois qui fleurait bon la nostalgie du jazz des années trente : le jazz, vous dis-je !

Xavier Prévost