Jazz live
Publié le 4 Fév 2017

SONS d'HIVER à CRÉTEIL : autour de BECHET

Soirée de gala (grande salle, public nombreux) à la Maison des Arts de Créteil, pour célébrer Sidney Bechet, symbole de la présence du jazz en France (dès 1919), en cette année où l’on commémore tout à la fois le centenaire du jazz enregistré et celui de l’arrivée des troupes états-uniennes pour leur engagement dans la « Grande guerre ». À l’affiche Matt Wilson et Archie Shepp.

Je viens d’une autre banlieue, côté Nord-Est, celle du 9-3, et l’aventure commence en sortant du métro, ligne 8, à Créteil Préfecture. Pour gagner le lieu des dévotions culturelles, il faut traverser un gigantesque centre commercial puis affronter, sur une esplanade démesurée et fort sombre, une vent d’avant tempête. Heureusement le temple laïc des arts culturisés se profile à l’horizon….

Maison des Arts Créteil Sidney Bechet, pour plusieurs générations (dont celle de votre serviteur) ce fut la porte d’accès aux arcanes du jazz. Porte dérobée à la tristesse de la quatrième République finissante, et de la cinquième naissante. Because of Bechet, disait joliment Aldo Romano : c’est à cause de lui, très populaire en France, et de quelques autres, que des enfants et des adolescents des fifties ont goûté les premières joies du jazz. Bechet vint souvent dans notre pays, jusqu’à s’y établir en 1950, et y mourir en 1959. Une chose me surprend : sur le billet du concert, seul Archie Shepp est mentionné, alors que je suis venu surtout pour écouter Matt Wilson, batteur que j’avais vu sur scène en octobre 2015 dans le quartette de Jane Ira Bloom, au Cornelia Street Café de New York (chronique sur le site de Jazz Magazine). Ce batteur, mine de rien, nous fait revivre l’histoire de son instrument, de Big Sid Catlett jusqu’à Ed Blackwell en passant par Jo Jones, Max Roach et Roy Haynes.

Matt Wilson 4tet + Cath DelaunayMATT WILSON QUARTET invite CATHERINE DELAUNAY

Matt Wilson (batterie), Catherine Delaunay (clarinette), Jeff Lederer (saxophones soprano et ténor, clarinette), Kirk Knuffke (cornet), Chris Lightcap (contrebasse)

Créteil, Maison des Arts, 3 février 2017, 20h

Cette première partie du concert était intitulée « Vol pour Sidney (retour) », C’est une allusion complice à l’album produit en 1992 par Jean Rochard pour Nato sous le titre « Vol pour Sidney (aller) », qui rassemblait une foule d’artistes, de Lol Coxhill à Lee Konitz en passant par Michel Doneda et Elvin Jones. Pour jouer Bechet, et autour de Bechet, le quartette accueille Catherine Delaunay, formidable clarinettiste tout-terrain, et qui se révèle magistrale dans ce répertoire. Sur l’anatole, sur le blues, sur Blackstick, elle tient la dragée haute à ses confrères. On n’est nullement dans le revivalisme formolisé : on passe allègrement de la plus pure effervescence néo-orléanaise à des embardées hors de l’harmonie qui fleurent bon le jazz libertaire. Après une mise en route légèrement laborieuse, les deux souffleurs états-uniens ont déployé toutes les couleurs d’un univers où, à l’esprit de Bechet et aux effluves créolisés, se mêlaient un thème signé Henry Grimes, et des compositions des membres du groupe. Et le bonheur constant du concert, ce fut aussi le formidable drumming de Matt Wilson, d’apparence très carré, mais nourri de saillies polyrythmiques, d’accents imprévus, et dans les solos d’une extraordinaire palette de timbres, dont il offre une collection impressionnante, aux baguettes comme aux balais, faisant littéralement chanter la batterie dans une partition inouïe.

ARCHIE SHEPP plays SIDNEY BECHET

Archie Shepp (saxophones ténor et soprano, voix), Olivier Miconi (trompette), Sébastien Llado (trombone), Tom McClung (piano), Wayne Dockery (contrebasse), Steve Mc Craven (batterie)

Créteil, Maison des Arts, 3 février 2017, 21h45

Archie Shepp est en forme, il est volubile, et avant de jouer évoque l’importance de Bechet dans l’histoire du jazz, et plus encore dans la présence de cette musique en France. Le saxophoniste se souvient qu’il avait voici plus de quarante ans, dans l’album « Bijou », signé un hommage à Bechet, avant de lui consacrer en 1981 le disque « My Man ». On passe d’un esprit biguine à une longue succession de choruses sur une grille d’accord qui devient obsédante : Tom McClung, au piano, tente à plusieurs reprises ces petits signes mélodiques et rythmiques qui essaient de faire comprendre au saxophoniste qu’il faudrait peut-être passer au soliste suivant : rien n’y fait, Shepp est en verve, et il revendique la part du lion. Même si certains solos m’ont semblé un peu longs, je dois dire que la fougue et l’abattage m’ont souvent impressionné. Un petit détour par Fats Waller, avec une belle version de Jitterbug Waltz, et un duo vocal avec Marion Rampal sur Ain’t Misbehavin, et plongée à nouveau dans le pur Bechet, période française, avec Si tu vois ma mère, chanté dans notre langue par Marion, et une version de Petite Fleur, en français également, sur un rythme afro cubain. Avant le rappel, ce sera It Don’t Mean a Thing, avec dialogue vocal ludique, et parfois laborieux du côté d’Archie : jazz de fête en somme, avec des sidemen qui eurent quand même le loisir de s’exprimer, et un Tom McClung qui déploie une très large pallette, dans l’accompagnement comme dans le solos qui lui échoient. Bref, toute nostalgie mise à part, cette soirée Bechet valait la peine d’être vécue….

Xavier Prévost|Soirée de gala (grande salle, public nombreux) à la Maison des Arts de Créteil, pour célébrer Sidney Bechet, symbole de la présence du jazz en France (dès 1919), en cette année où l’on commémore tout à la fois le centenaire du jazz enregistré et celui de l’arrivée des troupes états-uniennes pour leur engagement dans la « Grande guerre ». À l’affiche Matt Wilson et Archie Shepp.

Je viens d’une autre banlieue, côté Nord-Est, celle du 9-3, et l’aventure commence en sortant du métro, ligne 8, à Créteil Préfecture. Pour gagner le lieu des dévotions culturelles, il faut traverser un gigantesque centre commercial puis affronter, sur une esplanade démesurée et fort sombre, une vent d’avant tempête. Heureusement le temple laïc des arts culturisés se profile à l’horizon….

Maison des Arts Créteil Sidney Bechet, pour plusieurs générations (dont celle de votre serviteur) ce fut la porte d’accès aux arcanes du jazz. Porte dérobée à la tristesse de la quatrième République finissante, et de la cinquième naissante. Because of Bechet, disait joliment Aldo Romano : c’est à cause de lui, très populaire en France, et de quelques autres, que des enfants et des adolescents des fifties ont goûté les premières joies du jazz. Bechet vint souvent dans notre pays, jusqu’à s’y établir en 1950, et y mourir en 1959. Une chose me surprend : sur le billet du concert, seul Archie Shepp est mentionné, alors que je suis venu surtout pour écouter Matt Wilson, batteur que j’avais vu sur scène en octobre 2015 dans le quartette de Jane Ira Bloom, au Cornelia Street Café de New York (chronique sur le site de Jazz Magazine). Ce batteur, mine de rien, nous fait revivre l’histoire de son instrument, de Big Sid Catlett jusqu’à Ed Blackwell en passant par Jo Jones, Max Roach et Roy Haynes.

Matt Wilson 4tet + Cath DelaunayMATT WILSON QUARTET invite CATHERINE DELAUNAY

Matt Wilson (batterie), Catherine Delaunay (clarinette), Jeff Lederer (saxophones soprano et ténor, clarinette), Kirk Knuffke (cornet), Chris Lightcap (contrebasse)

Créteil, Maison des Arts, 3 février 2017, 20h

Cette première partie du concert était intitulée « Vol pour Sidney (retour) », C’est une allusion complice à l’album produit en 1992 par Jean Rochard pour Nato sous le titre « Vol pour Sidney (aller) », qui rassemblait une foule d’artistes, de Lol Coxhill à Lee Konitz en passant par Michel Doneda et Elvin Jones. Pour jouer Bechet, et autour de Bechet, le quartette accueille Catherine Delaunay, formidable clarinettiste tout-terrain, et qui se révèle magistrale dans ce répertoire. Sur l’anatole, sur le blues, sur Blackstick, elle tient la dragée haute à ses confrères. On n’est nullement dans le revivalisme formolisé : on passe allègrement de la plus pure effervescence néo-orléanaise à des embardées hors de l’harmonie qui fleurent bon le jazz libertaire. Après une mise en route légèrement laborieuse, les deux souffleurs états-uniens ont déployé toutes les couleurs d’un univers où, à l’esprit de Bechet et aux effluves créolisés, se mêlaient un thème signé Henry Grimes, et des compositions des membres du groupe. Et le bonheur constant du concert, ce fut aussi le formidable drumming de Matt Wilson, d’apparence très carré, mais nourri de saillies polyrythmiques, d’accents imprévus, et dans les solos d’une extraordinaire palette de timbres, dont il offre une collection impressionnante, aux baguettes comme aux balais, faisant littéralement chanter la batterie dans une partition inouïe.

ARCHIE SHEPP plays SIDNEY BECHET

Archie Shepp (saxophones ténor et soprano, voix), Olivier Miconi (trompette), Sébastien Llado (trombone), Tom McClung (piano), Wayne Dockery (contrebasse), Steve Mc Craven (batterie)

Créteil, Maison des Arts, 3 février 2017, 21h45

Archie Shepp est en forme, il est volubile, et avant de jouer évoque l’importance de Bechet dans l’histoire du jazz, et plus encore dans la présence de cette musique en France. Le saxophoniste se souvient qu’il avait voici plus de quarante ans, dans l’album « Bijou », signé un hommage à Bechet, avant de lui consacrer en 1981 le disque « My Man ». On passe d’un esprit biguine à une longue succession de choruses sur une grille d’accord qui devient obsédante : Tom McClung, au piano, tente à plusieurs reprises ces petits signes mélodiques et rythmiques qui essaient de faire comprendre au saxophoniste qu’il faudrait peut-être passer au soliste suivant : rien n’y fait, Shepp est en verve, et il revendique la part du lion. Même si certains solos m’ont semblé un peu longs, je dois dire que la fougue et l’abattage m’ont souvent impressionné. Un petit détour par Fats Waller, avec une belle version de Jitterbug Waltz, et un duo vocal avec Marion Rampal sur Ain’t Misbehavin, et plongée à nouveau dans le pur Bechet, période française, avec Si tu vois ma mère, chanté dans notre langue par Marion, et une version de Petite Fleur, en français également, sur un rythme afro cubain. Avant le rappel, ce sera It Don’t Mean a Thing, avec dialogue vocal ludique, et parfois laborieux du côté d’Archie : jazz de fête en somme, avec des sidemen qui eurent quand même le loisir de s’exprimer, et un Tom McClung qui déploie une très large pallette, dans l’accompagnement comme dans le solos qui lui échoient. Bref, toute nostalgie mise à part, cette soirée Bechet valait la peine d’être vécue….

Xavier Prévost|Soirée de gala (grande salle, public nombreux) à la Maison des Arts de Créteil, pour célébrer Sidney Bechet, symbole de la présence du jazz en France (dès 1919), en cette année où l’on commémore tout à la fois le centenaire du jazz enregistré et celui de l’arrivée des troupes états-uniennes pour leur engagement dans la « Grande guerre ». À l’affiche Matt Wilson et Archie Shepp.

Je viens d’une autre banlieue, côté Nord-Est, celle du 9-3, et l’aventure commence en sortant du métro, ligne 8, à Créteil Préfecture. Pour gagner le lieu des dévotions culturelles, il faut traverser un gigantesque centre commercial puis affronter, sur une esplanade démesurée et fort sombre, une vent d’avant tempête. Heureusement le temple laïc des arts culturisés se profile à l’horizon….

Maison des Arts Créteil Sidney Bechet, pour plusieurs générations (dont celle de votre serviteur) ce fut la porte d’accès aux arcanes du jazz. Porte dérobée à la tristesse de la quatrième République finissante, et de la cinquième naissante. Because of Bechet, disait joliment Aldo Romano : c’est à cause de lui, très populaire en France, et de quelques autres, que des enfants et des adolescents des fifties ont goûté les premières joies du jazz. Bechet vint souvent dans notre pays, jusqu’à s’y établir en 1950, et y mourir en 1959. Une chose me surprend : sur le billet du concert, seul Archie Shepp est mentionné, alors que je suis venu surtout pour écouter Matt Wilson, batteur que j’avais vu sur scène en octobre 2015 dans le quartette de Jane Ira Bloom, au Cornelia Street Café de New York (chronique sur le site de Jazz Magazine). Ce batteur, mine de rien, nous fait revivre l’histoire de son instrument, de Big Sid Catlett jusqu’à Ed Blackwell en passant par Jo Jones, Max Roach et Roy Haynes.

Matt Wilson 4tet + Cath DelaunayMATT WILSON QUARTET invite CATHERINE DELAUNAY

Matt Wilson (batterie), Catherine Delaunay (clarinette), Jeff Lederer (saxophones soprano et ténor, clarinette), Kirk Knuffke (cornet), Chris Lightcap (contrebasse)

Créteil, Maison des Arts, 3 février 2017, 20h

Cette première partie du concert était intitulée « Vol pour Sidney (retour) », C’est une allusion complice à l’album produit en 1992 par Jean Rochard pour Nato sous le titre « Vol pour Sidney (aller) », qui rassemblait une foule d’artistes, de Lol Coxhill à Lee Konitz en passant par Michel Doneda et Elvin Jones. Pour jouer Bechet, et autour de Bechet, le quartette accueille Catherine Delaunay, formidable clarinettiste tout-terrain, et qui se révèle magistrale dans ce répertoire. Sur l’anatole, sur le blues, sur Blackstick, elle tient la dragée haute à ses confrères. On n’est nullement dans le revivalisme formolisé : on passe allègrement de la plus pure effervescence néo-orléanaise à des embardées hors de l’harmonie qui fleurent bon le jazz libertaire. Après une mise en route légèrement laborieuse, les deux souffleurs états-uniens ont déployé toutes les couleurs d’un univers où, à l’esprit de Bechet et aux effluves créolisés, se mêlaient un thème signé Henry Grimes, et des compositions des membres du groupe. Et le bonheur constant du concert, ce fut aussi le formidable drumming de Matt Wilson, d’apparence très carré, mais nourri de saillies polyrythmiques, d’accents imprévus, et dans les solos d’une extraordinaire palette de timbres, dont il offre une collection impressionnante, aux baguettes comme aux balais, faisant littéralement chanter la batterie dans une partition inouïe.

ARCHIE SHEPP plays SIDNEY BECHET

Archie Shepp (saxophones ténor et soprano, voix), Olivier Miconi (trompette), Sébastien Llado (trombone), Tom McClung (piano), Wayne Dockery (contrebasse), Steve Mc Craven (batterie)

Créteil, Maison des Arts, 3 février 2017, 21h45

Archie Shepp est en forme, il est volubile, et avant de jouer évoque l’importance de Bechet dans l’histoire du jazz, et plus encore dans la présence de cette musique en France. Le saxophoniste se souvient qu’il avait voici plus de quarante ans, dans l’album « Bijou », signé un hommage à Bechet, avant de lui consacrer en 1981 le disque « My Man ». On passe d’un esprit biguine à une longue succession de choruses sur une grille d’accord qui devient obsédante : Tom McClung, au piano, tente à plusieurs reprises ces petits signes mélodiques et rythmiques qui essaient de faire comprendre au saxophoniste qu’il faudrait peut-être passer au soliste suivant : rien n’y fait, Shepp est en verve, et il revendique la part du lion. Même si certains solos m’ont semblé un peu longs, je dois dire que la fougue et l’abattage m’ont souvent impressionné. Un petit détour par Fats Waller, avec une belle version de Jitterbug Waltz, et un duo vocal avec Marion Rampal sur Ain’t Misbehavin, et plongée à nouveau dans le pur Bechet, période française, avec Si tu vois ma mère, chanté dans notre langue par Marion, et une version de Petite Fleur, en français également, sur un rythme afro cubain. Avant le rappel, ce sera It Don’t Mean a Thing, avec dialogue vocal ludique, et parfois laborieux du côté d’Archie : jazz de fête en somme, avec des sidemen qui eurent quand même le loisir de s’exprimer, et un Tom McClung qui déploie une très large pallette, dans l’accompagnement comme dans le solos qui lui échoient. Bref, toute nostalgie mise à part, cette soirée Bechet valait la peine d’être vécue….

Xavier Prévost|Soirée de gala (grande salle, public nombreux) à la Maison des Arts de Créteil, pour célébrer Sidney Bechet, symbole de la présence du jazz en France (dès 1919), en cette année où l’on commémore tout à la fois le centenaire du jazz enregistré et celui de l’arrivée des troupes états-uniennes pour leur engagement dans la « Grande guerre ». À l’affiche Matt Wilson et Archie Shepp.

Je viens d’une autre banlieue, côté Nord-Est, celle du 9-3, et l’aventure commence en sortant du métro, ligne 8, à Créteil Préfecture. Pour gagner le lieu des dévotions culturelles, il faut traverser un gigantesque centre commercial puis affronter, sur une esplanade démesurée et fort sombre, une vent d’avant tempête. Heureusement le temple laïc des arts culturisés se profile à l’horizon….

Maison des Arts Créteil Sidney Bechet, pour plusieurs générations (dont celle de votre serviteur) ce fut la porte d’accès aux arcanes du jazz. Porte dérobée à la tristesse de la quatrième République finissante, et de la cinquième naissante. Because of Bechet, disait joliment Aldo Romano : c’est à cause de lui, très populaire en France, et de quelques autres, que des enfants et des adolescents des fifties ont goûté les premières joies du jazz. Bechet vint souvent dans notre pays, jusqu’à s’y établir en 1950, et y mourir en 1959. Une chose me surprend : sur le billet du concert, seul Archie Shepp est mentionné, alors que je suis venu surtout pour écouter Matt Wilson, batteur que j’avais vu sur scène en octobre 2015 dans le quartette de Jane Ira Bloom, au Cornelia Street Café de New York (chronique sur le site de Jazz Magazine). Ce batteur, mine de rien, nous fait revivre l’histoire de son instrument, de Big Sid Catlett jusqu’à Ed Blackwell en passant par Jo Jones, Max Roach et Roy Haynes.

Matt Wilson 4tet + Cath DelaunayMATT WILSON QUARTET invite CATHERINE DELAUNAY

Matt Wilson (batterie), Catherine Delaunay (clarinette), Jeff Lederer (saxophones soprano et ténor, clarinette), Kirk Knuffke (cornet), Chris Lightcap (contrebasse)

Créteil, Maison des Arts, 3 février 2017, 20h

Cette première partie du concert était intitulée « Vol pour Sidney (retour) », C’est une allusion complice à l’album produit en 1992 par Jean Rochard pour Nato sous le titre « Vol pour Sidney (aller) », qui rassemblait une foule d’artistes, de Lol Coxhill à Lee Konitz en passant par Michel Doneda et Elvin Jones. Pour jouer Bechet, et autour de Bechet, le quartette accueille Catherine Delaunay, formidable clarinettiste tout-terrain, et qui se révèle magistrale dans ce répertoire. Sur l’anatole, sur le blues, sur Blackstick, elle tient la dragée haute à ses confrères. On n’est nullement dans le revivalisme formolisé : on passe allègrement de la plus pure effervescence néo-orléanaise à des embardées hors de l’harmonie qui fleurent bon le jazz libertaire. Après une mise en route légèrement laborieuse, les deux souffleurs états-uniens ont déployé toutes les couleurs d’un univers où, à l’esprit de Bechet et aux effluves créolisés, se mêlaient un thème signé Henry Grimes, et des compositions des membres du groupe. Et le bonheur constant du concert, ce fut aussi le formidable drumming de Matt Wilson, d’apparence très carré, mais nourri de saillies polyrythmiques, d’accents imprévus, et dans les solos d’une extraordinaire palette de timbres, dont il offre une collection impressionnante, aux baguettes comme aux balais, faisant littéralement chanter la batterie dans une partition inouïe.

ARCHIE SHEPP plays SIDNEY BECHET

Archie Shepp (saxophones ténor et soprano, voix), Olivier Miconi (trompette), Sébastien Llado (trombone), Tom McClung (piano), Wayne Dockery (contrebasse), Steve Mc Craven (batterie)

Créteil, Maison des Arts, 3 février 2017, 21h45

Archie Shepp est en forme, il est volubile, et avant de jouer évoque l’importance de Bechet dans l’histoire du jazz, et plus encore dans la présence de cette musique en France. Le saxophoniste se souvient qu’il avait voici plus de quarante ans, dans l’album « Bijou », signé un hommage à Bechet, avant de lui consacrer en 1981 le disque « My Man ». On passe d’un esprit biguine à une longue succession de choruses sur une grille d’accord qui devient obsédante : Tom McClung, au piano, tente à plusieurs reprises ces petits signes mélodiques et rythmiques qui essaient de faire comprendre au saxophoniste qu’il faudrait peut-être passer au soliste suivant : rien n’y fait, Shepp est en verve, et il revendique la part du lion. Même si certains solos m’ont semblé un peu longs, je dois dire que la fougue et l’abattage m’ont souvent impressionné. Un petit détour par Fats Waller, avec une belle version de Jitterbug Waltz, et un duo vocal avec Marion Rampal sur Ain’t Misbehavin, et plongée à nouveau dans le pur Bechet, période française, avec Si tu vois ma mère, chanté dans notre langue par Marion, et une version de Petite Fleur, en français également, sur un rythme afro cubain. Avant le rappel, ce sera It Don’t Mean a Thing, avec dialogue vocal ludique, et parfois laborieux du côté d’Archie : jazz de fête en somme, avec des sidemen qui eurent quand même le loisir de s’exprimer, et un Tom McClung qui déploie une très large pallette, dans l’accompagnement comme dans le solos qui lui échoient. Bref, toute nostalgie mise à part, cette soirée Bechet valait la peine d’être vécue….

Xavier Prévost