Jazz live
Publié le 14 Jan 2022

CHRISTOPHE LELOIL OpenMindeD au Bal Blomet

Date parisienne de la tournée de sortie du disque «OpenMindeD feat. Julia Minkin» (Onde Music / Inouïe Distribution), après Marseille, et avant Digne-les-Bains, Nîmes et Salon-de-Provence. La chanteuse et le guitariste, qui vivaient à Marseille à l’époque de l’enregistrement du disque, au printemps 2020, sont depuis repartis à Chicago ; mais ils sont revenus dans notre pays spécialement pour cette tournée.

CHRISTOPHE LELOIL ‘OpenMindeD’

Christophe LeLoil (trompette), Julia Minkin (voix), Andrew Sudhibhasilp (guitare), Pierre Fenichel (contrebasse), Cédrick Bec (batterie & percussions)

Paris, Bal Blomet, 12 janvier 2022, 20h

Le concert commence en quartette instrumental, et le premier thème s’ouvre par un beau solo d’une trompette qui timbre comme un bugle (ce sera d’ailleurs le cas à plusieurs reprises au cours du concert). Puis les autres musiciens entrent dans le vif du sujet, avec une grande intensité.

Après cette prise de contact, le leader présente le guitariste et annonce l’arrivée de la chanteuse. La presque totalité de ce concert en un seul set sera consacrée au répertoire du disque qui vient de paraître. D’abord deux compositions de Christophe LeLoil, puis une autre signée par Andrew Sudhibhasilp. Les textes sont de la chanteuse Julia Minkin. Le premier titre repose sur une ligne mélodique très sinueuse, soulignée par la trompette, et la guitare, dans un jeu subtil d’unisson et de commentaire. Une magie s’installe. Le thème suivant procède un peu de la même esthétique : unisson sur des intervalles inattendus, même atmosphère de mélancolie. Puis ce sera une composition du guitariste, sorte de pop sophistiquée teintée d’esprit folky, avec toujours de fortes interactions entre la ligne de la voix et celles des instrumentistes.

Nouvelle escale en quartette, sur un tempo vif, avec une sorte de répons entre trompette et guitare, qui deviendra torride avant un solo de batterie accompagné par la basse : l’esprit de la musique est toujours très collectif. Suit un autre épisode en quartette, sur un lent tempo chargé de mélancolie. Retour sur scène de la chanteuse, pour un titre dont elle signe non seulement le texte mais aussi la musique. Couleur de folk music, mais avec une ligne mélodique qui s’émancipe à chaque mesure. Le trompettiste, dans son improvisation, cite furtivement, me semble-t-il, Laura (de David Raskin & Johnny Mercer), comme il l’avait déjà fait, tout aussi furtivement, en début de concert. Puis c’est, comme sur le disque, l’enchaînement de deux titres, Red Note et If If, le second avec une métrique infernale que maîtrisent cependant les improvisateurs. Ce sera ensuite un thème absent du CD, puis en premier rappel une composition de Cédrick Bec (là encore ambiance légèrement folky), et en second rappel le thème qui conclut le disque. Tout le concert fut un très beau moment de musique, d’expressivité et d’invention. Régal pour le chroniqueur ! On souhaite que les festivals entendent le disque, et le groupe en concert : il y a urgence à faire rayonner comme il le mérite ce très beau programme.

Xavier Prévost