Jazz live
Publié le 11 Mar 2013

Coltrane au fond du cœur

Soirée tout à fait originale et parfaitement réussie samedi 9 au ‘Off’ d’Eymet, dans un Hall bien garni : plus de 80 personnes, dont pas mal de jeunes gens attirés sans doute par l’aura de John Coltrane à qui la soirée était consacrée. Laurent Pasquon, président de Maquiz’art, l’association organisatrice de ce festival à la fois intime et ambitieux, avait choisi une formule originale et risquée : évoquer la figure du célébrissime saxophoniste non seulement par la musique, mais aussi par le verbe.

Coltrane for ever

Samedi 9 mars 2013, le Hall, Eymet (24).

Boris Blanchet (ts,ss), Michel Zénino (b), Simon Goubert (dm), François-René Simon (narrateur).

Pour célébrer l’auteur de “A Love Supreme”, Laurent Pasquon avait misé sur trois musiciens non seulement influencés par Coltrane mais plus encore marqués par lui, par son aventure incessante, par sa quête jamais satisfaite, par sa force, sa puissance, sa liberté toujours à conquérir et toujours conquise : Boris Blanchet aux saxophones (ténor et soprano), Michel Zénino à la contrebasse, Simon Goubert à la batterie. En première partie de soirée, votre serviteur a fait office de narrateur. Mais plutôt que raconter la vie de John Coltrane selon son déroulé chronologique, plutôt qu’approfondir tel ou tel aspect de sa démarche, j’avais préféré improviser moi aussi, à partir d’un choix de thèmes coltraniens préalablement établi en complicité avec les musiciens. Les choses démarrèrent en trombe avec un Impressions qui mit d’emblée le public au diapason d’une énergie incroyable, immédiatement libérée autant que parfaitement maîtrisée. Boris Blanchet possède un son et un souffle qui font sens. Accroché très jeune par cette musique, il a cette faculté rare de la faire éprouver. Sans la paraphraser, il s’est accaparée ses lignes de force : homogénéité permanente, précision et amplitude, puissance, fougue. Et sa façon de s’investir dans ce qu’il joue n’est pas très éloignée de cette démesure, ce jusqu’au-boutisme qui caractérisent (entre autres) son modèle. Plus à l’aise au bout de son bec qu’avec les mots, Boris a néanmoins expliqué par la parole les fameux “Coltrane’s Changes” avant d’en faire la démonstration – ou d’en donner une illustration – en enchaînant Hot House et The Fifth House. Car le principe adopté par les mousquetaires de la coltranitude était, pour cette première partie de panacher les morceaux avec improvisation et les morceaux simplement cités (avec une courte improvisation). Et si The Big Nick, Blue Train, Bessie’s Blues n’ont pu être qu’évoqués, Mile’s Mode, Spiritual, Central Park West ont connu des développements très inspirés, où le plaisir de jouer n’avait d’égale que la connaissance profonde, intérieure, de la musique du Trane comme de ses ramifications dans la vie. Une véritable science. Sollicités par le narrateur, Michel Zénino d’une part et Simon Goubert ont souligné par des propos à la fois techniques et sensibles l’un « la fausse simplicité » de l’architecture coltranienne, l’autre l’implication à la fois complète et distanciée de Coltrane dans les souffrances et les combats de la communauté africaine-américaine pour les droits civiques. C’est d’ailleurs  sur un Ogunde véritablement cataclysmique que s’est achevée cette première partie. Le narrateur s’éclipsa pour la seconde, laissant « l’indissociable trio » s’aventurer dans la jungle coltranienne, de The Inch Worm à One Down, One Up en passant par Liberia et Soul Eyes (signé Mal Waldron) avec une authenticité et un lyrisme qui ont fait s’effondrer les préjugés contre le “free jazz” et suscité l’adhésion sans réserve d’un public pourtant peu habitué aux envolées vers l’extrême. Et pour donner une idée du plaisir pris par les musiciens eux-mêmes, rapportons les propos de Simon Goubert à l’issue de cette soirée thématique : « Depuis une dizaine d’années, je m’étais un peu éloigné de cette musique. En m’y replongeant, j’ai eu l’impression de rentrer à la maison ».

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Soirée tout à fait originale et parfaitement réussie samedi 9 au ‘Off’ d’Eymet, dans un Hall bien garni : plus de 80 personnes, dont pas mal de jeunes gens attirés sans doute par l’aura de John Coltrane à qui la soirée était consacrée. Laurent Pasquon, président de Maquiz’art, l’association organisatrice de ce festival à la fois intime et ambitieux, avait choisi une formule originale et risquée : évoquer la figure du célébrissime saxophoniste non seulement par la musique, mais aussi par le verbe.

Coltrane for ever

Samedi 9 mars 2013, le Hall, Eymet (24).

Boris Blanchet (ts,ss), Michel Zénino (b), Simon Goubert (dm), François-René Simon (narrateur).

Pour célébrer l’auteur de “A Love Supreme”, Laurent Pasquon avait misé sur trois musiciens non seulement influencés par Coltrane mais plus encore marqués par lui, par son aventure incessante, par sa quête jamais satisfaite, par sa force, sa puissance, sa liberté toujours à conquérir et toujours conquise : Boris Blanchet aux saxophones (ténor et soprano), Michel Zénino à la contrebasse, Simon Goubert à la batterie. En première partie de soirée, votre serviteur a fait office de narrateur. Mais plutôt que raconter la vie de John Coltrane selon son déroulé chronologique, plutôt qu’approfondir tel ou tel aspect de sa démarche, j’avais préféré improviser moi aussi, à partir d’un choix de thèmes coltraniens préalablement établi en complicité avec les musiciens. Les choses démarrèrent en trombe avec un Impressions qui mit d’emblée le public au diapason d’une énergie incroyable, immédiatement libérée autant que parfaitement maîtrisée. Boris Blanchet possède un son et un souffle qui font sens. Accroché très jeune par cette musique, il a cette faculté rare de la faire éprouver. Sans la paraphraser, il s’est accaparée ses lignes de force : homogénéité permanente, précision et amplitude, puissance, fougue. Et sa façon de s’investir dans ce qu’il joue n’est pas très éloignée de cette démesure, ce jusqu’au-boutisme qui caractérisent (entre autres) son modèle. Plus à l’aise au bout de son bec qu’avec les mots, Boris a néanmoins expliqué par la parole les fameux “Coltrane’s Changes” avant d’en faire la démonstration – ou d’en donner une illustration – en enchaînant Hot House et The Fifth House. Car le principe adopté par les mousquetaires de la coltranitude était, pour cette première partie de panacher les morceaux avec improvisation et les morceaux simplement cités (avec une courte improvisation). Et si The Big Nick, Blue Train, Bessie’s Blues n’ont pu être qu’évoqués, Mile’s Mode, Spiritual, Central Park West ont connu des développements très inspirés, où le plaisir de jouer n’avait d’égale que la connaissance profonde, intérieure, de la musique du Trane comme de ses ramifications dans la vie. Une véritable science. Sollicités par le narrateur, Michel Zénino d’une part et Simon Goubert ont souligné par des propos à la fois techniques et sensibles l’un « la fausse simplicité » de l’architecture coltranienne, l’autre l’implication à la fois complète et distanciée de Coltrane dans les souffrances et les combats de la communauté africaine-américaine pour les droits civiques. C’est d’ailleurs  sur un Ogunde véritablement cataclysmique que s’est achevée cette première partie. Le narrateur s’éclipsa pour la seconde, laissant « l’indissociable trio » s’aventurer dans la jungle coltranienne, de The Inch Worm à One Down, One Up en passant par Liberia et Soul Eyes (signé Mal Waldron) avec une authenticité et un lyrisme qui ont fait s’effondrer les préjugés contre le “free jazz” et suscité l’adhésion sans réserve d’un public pourtant peu habitué aux envolées vers l’extrême. Et pour donner une idée du plaisir pris par les musiciens eux-mêmes, rapportons les propos de Simon Goubert à l’issue de cette soirée thématique : « Depuis une dizaine d’années, je m’étais un peu éloigné de cette musique. En m’y replongeant, j’ai eu l’impression de rentrer à la maison ».

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Soirée tout à fait originale et parfaitement réussie samedi 9 au ‘Off’ d’Eymet, dans un Hall bien garni : plus de 80 personnes, dont pas mal de jeunes gens attirés sans doute par l’aura de John Coltrane à qui la soirée était consacrée. Laurent Pasquon, président de Maquiz’art, l’association organisatrice de ce festival à la fois intime et ambitieux, avait choisi une formule originale et risquée : évoquer la figure du célébrissime saxophoniste non seulement par la musique, mais aussi par le verbe.

Coltrane for ever

Samedi 9 mars 2013, le Hall, Eymet (24).

Boris Blanchet (ts,ss), Michel Zénino (b), Simon Goubert (dm), François-René Simon (narrateur).

Pour célébrer l’auteur de “A Love Supreme”, Laurent Pasquon avait misé sur trois musiciens non seulement influencés par Coltrane mais plus encore marqués par lui, par son aventure incessante, par sa quête jamais satisfaite, par sa force, sa puissance, sa liberté toujours à conquérir et toujours conquise : Boris Blanchet aux saxophones (ténor et soprano), Michel Zénino à la contrebasse, Simon Goubert à la batterie. En première partie de soirée, votre serviteur a fait office de narrateur. Mais plutôt que raconter la vie de John Coltrane selon son déroulé chronologique, plutôt qu’approfondir tel ou tel aspect de sa démarche, j’avais préféré improviser moi aussi, à partir d’un choix de thèmes coltraniens préalablement établi en complicité avec les musiciens. Les choses démarrèrent en trombe avec un Impressions qui mit d’emblée le public au diapason d’une énergie incroyable, immédiatement libérée autant que parfaitement maîtrisée. Boris Blanchet possède un son et un souffle qui font sens. Accroché très jeune par cette musique, il a cette faculté rare de la faire éprouver. Sans la paraphraser, il s’est accaparée ses lignes de force : homogénéité permanente, précision et amplitude, puissance, fougue. Et sa façon de s’investir dans ce qu’il joue n’est pas très éloignée de cette démesure, ce jusqu’au-boutisme qui caractérisent (entre autres) son modèle. Plus à l’aise au bout de son bec qu’avec les mots, Boris a néanmoins expliqué par la parole les fameux “Coltrane’s Changes” avant d’en faire la démonstration – ou d’en donner une illustration – en enchaînant Hot House et The Fifth House. Car le principe adopté par les mousquetaires de la coltranitude était, pour cette première partie de panacher les morceaux avec improvisation et les morceaux simplement cités (avec une courte improvisation). Et si The Big Nick, Blue Train, Bessie’s Blues n’ont pu être qu’évoqués, Mile’s Mode, Spiritual, Central Park West ont connu des développements très inspirés, où le plaisir de jouer n’avait d’égale que la connaissance profonde, intérieure, de la musique du Trane comme de ses ramifications dans la vie. Une véritable science. Sollicités par le narrateur, Michel Zénino d’une part et Simon Goubert ont souligné par des propos à la fois techniques et sensibles l’un « la fausse simplicité » de l’architecture coltranienne, l’autre l’implication à la fois complète et distanciée de Coltrane dans les souffrances et les combats de la communauté africaine-américaine pour les droits civiques. C’est d’ailleurs  sur un Ogunde véritablement cataclysmique que s’est achevée cette première partie. Le narrateur s’éclipsa pour la seconde, laissant « l’indissociable trio » s’aventurer dans la jungle coltranienne, de The Inch Worm à One Down, One Up en passant par Liberia et Soul Eyes (signé Mal Waldron) avec une authenticité et un lyrisme qui ont fait s’effondrer les préjugés contre le “free jazz” et suscité l’adhésion sans réserve d’un public pourtant peu habitué aux envolées vers l’extrême. Et pour donner une idée du plaisir pris par les musiciens eux-mêmes, rapportons les propos de Simon Goubert à l’issue de cette soirée thématique : « Depuis une dizaine d’années, je m’étais un peu éloigné de cette musique. En m’y replongeant, j’ai eu l’impression de rentrer à la maison ».

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Soirée tout à fait originale et parfaitement réussie samedi 9 au ‘Off’ d’Eymet, dans un Hall bien garni : plus de 80 personnes, dont pas mal de jeunes gens attirés sans doute par l’aura de John Coltrane à qui la soirée était consacrée. Laurent Pasquon, président de Maquiz’art, l’association organisatrice de ce festival à la fois intime et ambitieux, avait choisi une formule originale et risquée : évoquer la figure du célébrissime saxophoniste non seulement par la musique, mais aussi par le verbe.

Coltrane for ever

Samedi 9 mars 2013, le Hall, Eymet (24).

Boris Blanchet (ts,ss), Michel Zénino (b), Simon Goubert (dm), François-René Simon (narrateur).

Pour célébrer l’auteur de “A Love Supreme”, Laurent Pasquon avait misé sur trois musiciens non seulement influencés par Coltrane mais plus encore marqués par lui, par son aventure incessante, par sa quête jamais satisfaite, par sa force, sa puissance, sa liberté toujours à conquérir et toujours conquise : Boris Blanchet aux saxophones (ténor et soprano), Michel Zénino à la contrebasse, Simon Goubert à la batterie. En première partie de soirée, votre serviteur a fait office de narrateur. Mais plutôt que raconter la vie de John Coltrane selon son déroulé chronologique, plutôt qu’approfondir tel ou tel aspect de sa démarche, j’avais préféré improviser moi aussi, à partir d’un choix de thèmes coltraniens préalablement établi en complicité avec les musiciens. Les choses démarrèrent en trombe avec un Impressions qui mit d’emblée le public au diapason d’une énergie incroyable, immédiatement libérée autant que parfaitement maîtrisée. Boris Blanchet possède un son et un souffle qui font sens. Accroché très jeune par cette musique, il a cette faculté rare de la faire éprouver. Sans la paraphraser, il s’est accaparée ses lignes de force : homogénéité permanente, précision et amplitude, puissance, fougue. Et sa façon de s’investir dans ce qu’il joue n’est pas très éloignée de cette démesure, ce jusqu’au-boutisme qui caractérisent (entre autres) son modèle. Plus à l’aise au bout de son bec qu’avec les mots, Boris a néanmoins expliqué par la parole les fameux “Coltrane’s Changes” avant d’en faire la démonstration – ou d’en donner une illustration – en enchaînant Hot House et The Fifth House. Car le principe adopté par les mousquetaires de la coltranitude était, pour cette première partie de panacher les morceaux avec improvisation et les morceaux simplement cités (avec une courte improvisation). Et si The Big Nick, Blue Train, Bessie’s Blues n’ont pu être qu’évoqués, Mile’s Mode, Spiritual, Central Park West ont connu des développements très inspirés, où le plaisir de jouer n’avait d’égale que la connaissance profonde, intérieure, de la musique du Trane comme de ses ramifications dans la vie. Une véritable science. Sollicités par le narrateur, Michel Zénino d’une part et Simon Goubert ont souligné par des propos à la fois techniques et sensibles l’un « la fausse simplicité » de l’architecture coltranienne, l’autre l’implication à la fois complète et distanciée de Coltrane dans les souffrances et les combats de la communauté africaine-américaine pour les droits civiques. C’est d’ailleurs  sur un Ogunde véritablement cataclysmique que s’est achevée cette première partie. Le narrateur s’éclipsa pour la seconde, laissant « l’indissociable trio » s’aventurer dans la jungle coltranienne, de The Inch Worm à One Down, One Up en passant par Liberia et Soul Eyes (signé Mal Waldron) avec une authenticité et un lyrisme qui ont fait s’effondrer les préjugés contre le “free jazz” et suscité l’adhésion sans réserve d’un public pourtant peu habitué aux envolées vers l’extrême. Et pour donner une idée du plaisir pris par les musiciens eux-mêmes, rapportons les propos de Simon Goubert à l’issue de cette soirée thématique : « Depuis une dizaine d’années, je m’étais un peu éloigné de cette musique. En m’y replongeant, j’ai eu l’impression de rentrer à la maison ».