Jazz live
Publié le 23 Sep 2017

Ludovic Beier Septet "Toots Thielemans Tribute" à Jazz en Touraine

Ludovic Beier Septet, « Toots Thielemans Tribute », Espace Ligéria

Festival Jazz en Touraine, Montlouis s/Loire, 22 septembre

Pour la première fois en 31 éditions, le festival Jazz en Touraine a mis sur pied une résidence de création d’une semaine, offerte ici à l’accordéoniste/accordiniste Ludovic Beier qui a eu l’occasion de partager la scène avec Toots Thielemans. Rappelons que l’harmoniciste et guitariste belge s’est éteint en août 2016 en route vers son centenaire.

Ludovic Beier s’est entouré d’une rythmique de luxe complétée par un trio de cordes, mais il a aussi souhaité saluer le Toots Thielemans polyinstrumentiste (il avait d’ailleurs débuté à l’accordéon). Ainsi, Christophe Cravero troquera parfois le clavier pour le violon, Sébastien Giniaux le violoncelle pour la guitare (où il se confirme impressionnant de musicalité) et Fanny Rome son alto pour quelques contrechants et solos au trombone. Le programme sera constitué pour partie de standards qu’affectionnait Toots (ainsi le Beautiful Love d’entrée où le leader montre une virtuosité éclatante, The Day of Wine and Roses ou l’infernal Giant Steps que Thielemans a le premier défriché à l’harmonica, de compositions évoquant des compagnonnages illustres (Three Views of a Secret et Liberty City de Jaco Pastorius), enfin quelques compositions originales et naturellement l’immémorial Bluesette. A l’approche de la fin du programme, c’est Toots lui-même qui apparaîtra sur les écrans pour en énoncer le thème accompagné par la rythmique sur scène, avant de laisser la place à un arrangement efficace et bien senti. Parmi les points forts de ce concert, une poignée de solistes de haut vol à commencer par un Ludovic Beier incroyablement véloce et précis, doté d’une belle sensibilité vocale à l’accordina où ses inflexions et son sens de l’ornementation font merveille. Le surdoué Mathias Lévy (voir mon compte-rendu de sa performance en trio de la veille) semble n’être limité ni par sa technique ni dans la qualité de l’inspiration, dans des interventions parfois très courtes, parfois heureusement plus développées. Il va falloir, je le confirme, être attentif au devenir de ce violoniste, tout autant qu’à celui de Sébastien Giniaux dont on se demande parfois où il va chercher telle résonance ou telle harmonique. Christophe Cravero dispose d’une belle palette de couleurs et construit des solos souvent captivants, de même qu’il soutient ses partenaires d’une écoute toujours attentive. Il souffre simplement, à mon goût, d’un toucher de main droite parfois peu délicat. Il y a peu à dire des arrangements de cordes, fades dans la première partie, plus intéressants par la suite (Giant Steps), et que du bien de l’impeccable paire Wallemme-Huchard qui se connaît si bien. Je retiens entre autres un solo de contrebasse ample et inspiré en introduction de Liberty City. Un projet qui en définitive donne du plaisir, parsemé de très belles parenthèses intimistes en duo et principalement porté par la verve du leader et les excellents solistes qu’il a réunis. On ne peut qu’encourager l’initiative des organisateur, aidés par la Spedidam, pour porter l’aide à la création dans un domaine – un jazz tourné vers le grand public et sans prétention avant-gardiste – où elle n’est pas si abondante et qu’on aurait tort d’imaginer inutile. L’Espace Ligéria n’a pas fait le plein, loin s’en faut, mais n’a pas déçu son public.

Ludovic Beier (acc, accordina), Christophe Cravero (vl, p), Sébastien Giniaux (cello, g), Mathias Lévy (vl), Fanny Rome (vla, tb), Christophe Wallemme (b), Stéphane Huchard (d).

 

Samedi 23 septembre :

Baptiste Trotignon / Minino Garay, Magic Mirrors 19h

Ben L’Oncle Soul 8tet, Espace Ligeria 21h

Programme complet sur www.jazzentouraine.com|Ludovic Beier Septet, « Toots Thielemans Tribute », Espace Ligéria

Festival Jazz en Touraine, Montlouis s/Loire, 22 septembre

Pour la première fois en 31 éditions, le festival Jazz en Touraine a mis sur pied une résidence de création d’une semaine, offerte ici à l’accordéoniste/accordiniste Ludovic Beier qui a eu l’occasion de partager la scène avec Toots Thielemans. Rappelons que l’harmoniciste et guitariste belge s’est éteint en août 2016 en route vers son centenaire.

Ludovic Beier s’est entouré d’une rythmique de luxe complétée par un trio de cordes, mais il a aussi souhaité saluer le Toots Thielemans polyinstrumentiste (il avait d’ailleurs débuté à l’accordéon). Ainsi, Christophe Cravero troquera parfois le clavier pour le violon, Sébastien Giniaux le violoncelle pour la guitare (où il se confirme impressionnant de musicalité) et Fanny Rome son alto pour quelques contrechants et solos au trombone. Le programme sera constitué pour partie de standards qu’affectionnait Toots (ainsi le Beautiful Love d’entrée où le leader montre une virtuosité éclatante, The Day of Wine and Roses ou l’infernal Giant Steps que Thielemans a le premier défriché à l’harmonica, de compositions évoquant des compagnonnages illustres (Three Views of a Secret et Liberty City de Jaco Pastorius), enfin quelques compositions originales et naturellement l’immémorial Bluesette. A l’approche de la fin du programme, c’est Toots lui-même qui apparaîtra sur les écrans pour en énoncer le thème accompagné par la rythmique sur scène, avant de laisser la place à un arrangement efficace et bien senti. Parmi les points forts de ce concert, une poignée de solistes de haut vol à commencer par un Ludovic Beier incroyablement véloce et précis, doté d’une belle sensibilité vocale à l’accordina où ses inflexions et son sens de l’ornementation font merveille. Le surdoué Mathias Lévy (voir mon compte-rendu de sa performance en trio de la veille) semble n’être limité ni par sa technique ni dans la qualité de l’inspiration, dans des interventions parfois très courtes, parfois heureusement plus développées. Il va falloir, je le confirme, être attentif au devenir de ce violoniste, tout autant qu’à celui de Sébastien Giniaux dont on se demande parfois où il va chercher telle résonance ou telle harmonique. Christophe Cravero dispose d’une belle palette de couleurs et construit des solos souvent captivants, de même qu’il soutient ses partenaires d’une écoute toujours attentive. Il souffre simplement, à mon goût, d’un toucher de main droite parfois peu délicat. Il y a peu à dire des arrangements de cordes, fades dans la première partie, plus intéressants par la suite (Giant Steps), et que du bien de l’impeccable paire Wallemme-Huchard qui se connaît si bien. Je retiens entre autres un solo de contrebasse ample et inspiré en introduction de Liberty City. Un projet qui en définitive donne du plaisir, parsemé de très belles parenthèses intimistes en duo et principalement porté par la verve du leader et les excellents solistes qu’il a réunis. On ne peut qu’encourager l’initiative des organisateur, aidés par la Spedidam, pour porter l’aide à la création dans un domaine – un jazz tourné vers le grand public et sans prétention avant-gardiste – où elle n’est pas si abondante et qu’on aurait tort d’imaginer inutile. L’Espace Ligéria n’a pas fait le plein, loin s’en faut, mais n’a pas déçu son public.

Ludovic Beier (acc, accordina), Christophe Cravero (vl, p), Sébastien Giniaux (cello, g), Mathias Lévy (vl), Fanny Rome (vla, tb), Christophe Wallemme (b), Stéphane Huchard (d).

 

Samedi 23 septembre :

Baptiste Trotignon / Minino Garay, Magic Mirrors 19h

Ben L’Oncle Soul 8tet, Espace Ligeria 21h

Programme complet sur www.jazzentouraine.com