Jazz live
Publié le 21 Sep 2020

MAURO GARGANO trio : ‘Feed’ au 59 Rivoli

Les concerts ont repris, après 6 mois d’interruption-coronavirus, au 59 Rivoli, ancien squat – 59 rue de Rivoli, cela va sans dire- devenu un lieu culturel conventionné : ateliers d’artistes, expositions, concerts….

Et pour le deuxième jour de reprise, ce dimanche, c’est le nouveau trio du contrebassiste Mauro Gargano qui est invité.

MAURO GARGANO «Feed»

Alessandro Sgobbio (piano), Mauro Gargano (contrebasse), Christophe Marguet (batterie)

Paris, 59 Rivoli, 20 septembre 2020, 18h

©David Abécassis)

Le groupe est tout neuf, il enregistrera début novembre, mais déjà le répertoire est installé, entre les compositions du leader-contrebassiste et celles de ses partenaires. Le nom du groupe ‘Feed’, affiche fièrement des nourritures, aussi spirituelles que concrètes : la force du son, les vibrations de la musique, la vigueur tellurique de l’activité artistique, et les émotions qui s’ensuivent. Ça démarre bille en tête, tempo d’enfer et dynamique qui convient.

 ©David Abécassis)

Le piano droit, très correct malgré son modeste format, fait jaillir des torrents musicaux. Pour le thème suivant, cela commence plus modérément, avec une ligne mélodique et rythmique aux structures un peu explosées, sur un tempo medium, puis le piano s’emballe en mouvements ondulatoires tandis que contrebasse et batterie, en interventions segmentées, offrent une solide fondation aux débordements.

 ©David Abécassis)

Ensuite vient un thème lent (enfin, au début….). On est dans un déroulement comme déstructuré, presque claudicant, avant qu’une fois encore s’enflamment dynamique et tempo.

 ©David Abécassis)

L’Ami David Abécassis tente de saisir le solo de basse

Nous voici maintenant dans un univers de sonorités étranges, qui va déboucher sur un crescendo polyrythmique, avec tout un jeu d’unissons et d’homorythmies qui nous berce autant qu’il nous fourvoie. Les escapades solistes vont conduire à une sorte d’assomption dans le collectif : c’est un groupe, à n’en pas douter !

Pour la suite, nous voici sur la pointe des pieds, avec un ‘je ne sais quoi’ et un ‘presque rien’ esquissé par le piano, sur un rythme joué tout en nuances, mais avec une vigoureuse constance, par le batteur et ses balais. La basse à l’archet prend un essor mélodique, et c’est le continuum de batterie aux balais qui va porter cette forme évolutive et fluctuante, jusqu’à un crescendo. Après un break de batterie l’énergie collective va croissant sur des rythmes composés. Cette musique est riche de fine dramaturgie. Puis c’est une composition de Mauro Gargano en hommage à Pasolini, avec à l’archet une mélopée orientale qui va devenir un concerto pour toms et mailloches quand la batterie s’en mêle. Puis cela devient une rhapsodie pour piano(très)forte ! Le concert va se conclure avec une composition de Christophe Marguet, comme une sorte d’ascension modale vers le terme du concert, et un solo de contrebasse paisible et chantant. On passe le chapeau, rituel bienvenu des concerts gratuits. Ce beau concert nous a entraînés dans des émois fluctuants. Et belle promesse pour l’avenir de ce groupe, et pour le disque que l’on va guetter avidement….

Xavier Prévost, le chroniqueur studieux et attentif….

©David Abécassis)

http://www.59rivoli.org/