Jazz live
Publié le 27 Avr 2016

Patrick Molard et la Grande Musique: le retour du temps long

Où, un an après sa création rapportée dans ces pages, un mois après le Choc attribué par Jazz Magazine pour le disque “Shade and Light”, la formation réunie autour du joueur de cornemuse Patrick Molard pour interpréter la “Grande musique” d’Ecosse conquiert le Théâtre national de Bretagne de Rennes avant de rejoindre le festival Rio Loco de Toulouse où il est attendu le 15 juin.

Salle Jean Vilar du Théâtre National de Bretagne, Rennes (35), le 26 avril 2016.

Ceol Mor : Patrick Molard (cornemuses écossaise), Jacky Molard (violon, arrangements), Yannick Jory (sax sopano), Eric Daniel (guitare électrique), Hélène Labarrière (contrebase), Simon Goubert (batterie).

Redisons le, le Pibroch (qu’on traduirait en anglais par “piping” et qui désigne l’acte de jouer de la cornemuse) ou Ceol Mor (La Grande Musique par opposition à la petite musique à danser) est une tradition musicale ancestrale, transmise de manière orale de génération en génération dans le nord Ouest de l’Ecosse au sein de véritables dynasties de sonneurs de cornemuse. Une musique très savante, en dépit de son extrême dépouillement. Sa précise codification comme art Chapiteau Langonnetde la variation n’est pas sans m’évoquer la tradition indienne mais son extrême austérité, le caractère minimal de ses micro-variations serait à l’exubérance mOttobeurenélodique et rythmique des derniers mouvements du raga, ce que les chapiteaux romans de l’Eglise Saint-Pierre de Langonnet (à 100 mètres de la Grande Boutique où a été produit ce projet) sont à l’exubérance iconographique de l’église d’Ottobeuren, sommet du baroque allemand (ceci dit avec toutes les approximations propres à l’exercice métaphorique qui ici va m’attirer les foudres des amateurs de musique indienne).

Ceol Mor est un art du temps long des Highlands, un art du même toujours répété et toujours renouvelé, de la répétition à l’identique des heures et des collines qui se succèdent à perte de vue, un art de l’identique et de son infime variation, en correspondance avec la litanie des noms de “pipers” constituant la longue dynastie dont Patrick Molard est l’un des derniers dépositaires. Litanie qu’il aime réciter avec ces beaux accents chargés de tourbe, d’herbes sèches et de cailloux roulés par les rivières, ces micro-phonèmes qui requièrent tout l’appareil phonique de la voute du palais au plus profond de la gorge, si l’on songe que pibroch, s’orthographie en fait piobaireachd et qu’il faut prononcer pibrachk en raclant un peu la gorge sur le “ch” et une petite vélaire finale, prononciation dont on pourrait presque faire un équivalent des micro-ornementations qui font tout l’art du piping (grace notes, birl, grip, sliding, cranning).

Eric Daniel, Yannick Jory, Hélène Labarrière, Patrick Molard, Jacky Molard et Simon Goubert.

De cet art grandiose et tellement étranger à notre temps court et rapide, notre monde rétréci où semble abolie la distance, à notre culture du “novelty” (cette notion contemporaine du jazz qui s’en est abondamment nourrie), Jacky Molard, frère de Patrick à voulu s’emparer. Violoniste, improvisateur, jazzman à sa façon nourri des heures de fest-noz et de sessions irlandaises, mais aussi de voyages réels ou imaginaires vers les Balkans, l’Inde, l’Americana, le jazz et le rock, il n’a pas voulu en donner une version fun ou jazzy, mais une sorte d’invitation initiatique. Pour ce faire, il a fait appel à Hélène Labarrière et Yannick Jory, complices de son quartette (dans le répertoire duquel le pibroch a déjà eu sa place) et deux nouveaux venus, le batteur Simon Goubert et le guitariste Eric Daniel. Les arrangements qu’il leur a soumis, l’écoute et la curiosité qu’ils ont su consacrer au micro-détails de cet étrange temps long, leur capacité d’initiative (que ce soit dans l’art du voicing, du placement rythmique ou de l’improvisation, cet art du dehors-dedans avec lequel le jazz a grandi) nous ouvre des portes, nous achemine vers la grandeur des Highlands, doucement mais surement, de ce pas lent, rêveur mais endurant qu’est celui des sonneurs de pibroch.

À la sortie de ce programme qui ne demande plus qu’à tourner pour que le son se fasse comme un whisky en fût (on les attend juin Toulouse au festival Rio Loco qui du 15 au 19 juin célèbre cette année la Bretagne avec notamment à la même affiche Bojan Z en compagnie du chanteur Erik Marchand, et un trio de cornemuses emmené par le piper Erwarn Keravec), Patrick Molard et Hélène m’interroge sur le premier morceau qui avait suscité mes réserves lors de la création. Je ne m’en souvenais plus et constate seulement qu’aujourd’hui, précédé d’un premier exposé chanté par Patrick Molard selon le traditionnel solfège oral que pratiquaient les apprentis pipers avant même de toucher la cornemuse, peut-être aussi allégé de redondances orchestrales, ce premier morceau participe de cette initiation progressive voulue par Jacky Molard. Franck Bergerot

PS : Les Parisiens retrouveront Ceol Mor à la Philharmonie le 26 février 2017.

 

 |Où, un an après sa création rapportée dans ces pages, un mois après le Choc attribué par Jazz Magazine pour le disque “Shade and Light”, la formation réunie autour du joueur de cornemuse Patrick Molard pour interpréter la “Grande musique” d’Ecosse conquiert le Théâtre national de Bretagne de Rennes avant de rejoindre le festival Rio Loco de Toulouse où il est attendu le 15 juin.

Salle Jean Vilar du Théâtre National de Bretagne, Rennes (35), le 26 avril 2016.

Ceol Mor : Patrick Molard (cornemuses écossaise), Jacky Molard (violon, arrangements), Yannick Jory (sax sopano), Eric Daniel (guitare électrique), Hélène Labarrière (contrebase), Simon Goubert (batterie).

Redisons le, le Pibroch (qu’on traduirait en anglais par “piping” et qui désigne l’acte de jouer de la cornemuse) ou Ceol Mor (La Grande Musique par opposition à la petite musique à danser) est une tradition musicale ancestrale, transmise de manière orale de génération en génération dans le nord Ouest de l’Ecosse au sein de véritables dynasties de sonneurs de cornemuse. Une musique très savante, en dépit de son extrême dépouillement. Sa précise codification comme art Chapiteau Langonnetde la variation n’est pas sans m’évoquer la tradition indienne mais son extrême austérité, le caractère minimal de ses micro-variations serait à l’exubérance mOttobeurenélodique et rythmique des derniers mouvements du raga, ce que les chapiteaux romans de l’Eglise Saint-Pierre de Langonnet (à 100 mètres de la Grande Boutique où a été produit ce projet) sont à l’exubérance iconographique de l’église d’Ottobeuren, sommet du baroque allemand (ceci dit avec toutes les approximations propres à l’exercice métaphorique qui ici va m’attirer les foudres des amateurs de musique indienne).

Ceol Mor est un art du temps long des Highlands, un art du même toujours répété et toujours renouvelé, de la répétition à l’identique des heures et des collines qui se succèdent à perte de vue, un art de l’identique et de son infime variation, en correspondance avec la litanie des noms de “pipers” constituant la longue dynastie dont Patrick Molard est l’un des derniers dépositaires. Litanie qu’il aime réciter avec ces beaux accents chargés de tourbe, d’herbes sèches et de cailloux roulés par les rivières, ces micro-phonèmes qui requièrent tout l’appareil phonique de la voute du palais au plus profond de la gorge, si l’on songe que pibroch, s’orthographie en fait piobaireachd et qu’il faut prononcer pibrachk en raclant un peu la gorge sur le “ch” et une petite vélaire finale, prononciation dont on pourrait presque faire un équivalent des micro-ornementations qui font tout l’art du piping (grace notes, birl, grip, sliding, cranning).

Eric Daniel, Yannick Jory, Hélène Labarrière, Patrick Molard, Jacky Molard et Simon Goubert.

De cet art grandiose et tellement étranger à notre temps court et rapide, notre monde rétréci où semble abolie la distance, à notre culture du “novelty” (cette notion contemporaine du jazz qui s’en est abondamment nourrie), Jacky Molard, frère de Patrick à voulu s’emparer. Violoniste, improvisateur, jazzman à sa façon nourri des heures de fest-noz et de sessions irlandaises, mais aussi de voyages réels ou imaginaires vers les Balkans, l’Inde, l’Americana, le jazz et le rock, il n’a pas voulu en donner une version fun ou jazzy, mais une sorte d’invitation initiatique. Pour ce faire, il a fait appel à Hélène Labarrière et Yannick Jory, complices de son quartette (dans le répertoire duquel le pibroch a déjà eu sa place) et deux nouveaux venus, le batteur Simon Goubert et le guitariste Eric Daniel. Les arrangements qu’il leur a soumis, l’écoute et la curiosité qu’ils ont su consacrer au micro-détails de cet étrange temps long, leur capacité d’initiative (que ce soit dans l’art du voicing, du placement rythmique ou de l’improvisation, cet art du dehors-dedans avec lequel le jazz a grandi) nous ouvre des portes, nous achemine vers la grandeur des Highlands, doucement mais surement, de ce pas lent, rêveur mais endurant qu’est celui des sonneurs de pibroch.

À la sortie de ce programme qui ne demande plus qu’à tourner pour que le son se fasse comme un whisky en fût (on les attend juin Toulouse au festival Rio Loco qui du 15 au 19 juin célèbre cette année la Bretagne avec notamment à la même affiche Bojan Z en compagnie du chanteur Erik Marchand, et un trio de cornemuses emmené par le piper Erwarn Keravec), Patrick Molard et Hélène m’interroge sur le premier morceau qui avait suscité mes réserves lors de la création. Je ne m’en souvenais plus et constate seulement qu’aujourd’hui, précédé d’un premier exposé chanté par Patrick Molard selon le traditionnel solfège oral que pratiquaient les apprentis pipers avant même de toucher la cornemuse, peut-être aussi allégé de redondances orchestrales, ce premier morceau participe de cette initiation progressive voulue par Jacky Molard. Franck Bergerot

PS : Les Parisiens retrouveront Ceol Mor à la Philharmonie le 26 février 2017.

 

 |Où, un an après sa création rapportée dans ces pages, un mois après le Choc attribué par Jazz Magazine pour le disque “Shade and Light”, la formation réunie autour du joueur de cornemuse Patrick Molard pour interpréter la “Grande musique” d’Ecosse conquiert le Théâtre national de Bretagne de Rennes avant de rejoindre le festival Rio Loco de Toulouse où il est attendu le 15 juin.

Salle Jean Vilar du Théâtre National de Bretagne, Rennes (35), le 26 avril 2016.

Ceol Mor : Patrick Molard (cornemuses écossaise), Jacky Molard (violon, arrangements), Yannick Jory (sax sopano), Eric Daniel (guitare électrique), Hélène Labarrière (contrebase), Simon Goubert (batterie).

Redisons le, le Pibroch (qu’on traduirait en anglais par “piping” et qui désigne l’acte de jouer de la cornemuse) ou Ceol Mor (La Grande Musique par opposition à la petite musique à danser) est une tradition musicale ancestrale, transmise de manière orale de génération en génération dans le nord Ouest de l’Ecosse au sein de véritables dynasties de sonneurs de cornemuse. Une musique très savante, en dépit de son extrême dépouillement. Sa précise codification comme art Chapiteau Langonnetde la variation n’est pas sans m’évoquer la tradition indienne mais son extrême austérité, le caractère minimal de ses micro-variations serait à l’exubérance mOttobeurenélodique et rythmique des derniers mouvements du raga, ce que les chapiteaux romans de l’Eglise Saint-Pierre de Langonnet (à 100 mètres de la Grande Boutique où a été produit ce projet) sont à l’exubérance iconographique de l’église d’Ottobeuren, sommet du baroque allemand (ceci dit avec toutes les approximations propres à l’exercice métaphorique qui ici va m’attirer les foudres des amateurs de musique indienne).

Ceol Mor est un art du temps long des Highlands, un art du même toujours répété et toujours renouvelé, de la répétition à l’identique des heures et des collines qui se succèdent à perte de vue, un art de l’identique et de son infime variation, en correspondance avec la litanie des noms de “pipers” constituant la longue dynastie dont Patrick Molard est l’un des derniers dépositaires. Litanie qu’il aime réciter avec ces beaux accents chargés de tourbe, d’herbes sèches et de cailloux roulés par les rivières, ces micro-phonèmes qui requièrent tout l’appareil phonique de la voute du palais au plus profond de la gorge, si l’on songe que pibroch, s’orthographie en fait piobaireachd et qu’il faut prononcer pibrachk en raclant un peu la gorge sur le “ch” et une petite vélaire finale, prononciation dont on pourrait presque faire un équivalent des micro-ornementations qui font tout l’art du piping (grace notes, birl, grip, sliding, cranning).

Eric Daniel, Yannick Jory, Hélène Labarrière, Patrick Molard, Jacky Molard et Simon Goubert.

De cet art grandiose et tellement étranger à notre temps court et rapide, notre monde rétréci où semble abolie la distance, à notre culture du “novelty” (cette notion contemporaine du jazz qui s’en est abondamment nourrie), Jacky Molard, frère de Patrick à voulu s’emparer. Violoniste, improvisateur, jazzman à sa façon nourri des heures de fest-noz et de sessions irlandaises, mais aussi de voyages réels ou imaginaires vers les Balkans, l’Inde, l’Americana, le jazz et le rock, il n’a pas voulu en donner une version fun ou jazzy, mais une sorte d’invitation initiatique. Pour ce faire, il a fait appel à Hélène Labarrière et Yannick Jory, complices de son quartette (dans le répertoire duquel le pibroch a déjà eu sa place) et deux nouveaux venus, le batteur Simon Goubert et le guitariste Eric Daniel. Les arrangements qu’il leur a soumis, l’écoute et la curiosité qu’ils ont su consacrer au micro-détails de cet étrange temps long, leur capacité d’initiative (que ce soit dans l’art du voicing, du placement rythmique ou de l’improvisation, cet art du dehors-dedans avec lequel le jazz a grandi) nous ouvre des portes, nous achemine vers la grandeur des Highlands, doucement mais surement, de ce pas lent, rêveur mais endurant qu’est celui des sonneurs de pibroch.

À la sortie de ce programme qui ne demande plus qu’à tourner pour que le son se fasse comme un whisky en fût (on les attend juin Toulouse au festival Rio Loco qui du 15 au 19 juin célèbre cette année la Bretagne avec notamment à la même affiche Bojan Z en compagnie du chanteur Erik Marchand, et un trio de cornemuses emmené par le piper Erwarn Keravec), Patrick Molard et Hélène m’interroge sur le premier morceau qui avait suscité mes réserves lors de la création. Je ne m’en souvenais plus et constate seulement qu’aujourd’hui, précédé d’un premier exposé chanté par Patrick Molard selon le traditionnel solfège oral que pratiquaient les apprentis pipers avant même de toucher la cornemuse, peut-être aussi allégé de redondances orchestrales, ce premier morceau participe de cette initiation progressive voulue par Jacky Molard. Franck Bergerot

PS : Les Parisiens retrouveront Ceol Mor à la Philharmonie le 26 février 2017.

 

 |Où, un an après sa création rapportée dans ces pages, un mois après le Choc attribué par Jazz Magazine pour le disque “Shade and Light”, la formation réunie autour du joueur de cornemuse Patrick Molard pour interpréter la “Grande musique” d’Ecosse conquiert le Théâtre national de Bretagne de Rennes avant de rejoindre le festival Rio Loco de Toulouse où il est attendu le 15 juin.

Salle Jean Vilar du Théâtre National de Bretagne, Rennes (35), le 26 avril 2016.

Ceol Mor : Patrick Molard (cornemuses écossaise), Jacky Molard (violon, arrangements), Yannick Jory (sax sopano), Eric Daniel (guitare électrique), Hélène Labarrière (contrebase), Simon Goubert (batterie).

Redisons le, le Pibroch (qu’on traduirait en anglais par “piping” et qui désigne l’acte de jouer de la cornemuse) ou Ceol Mor (La Grande Musique par opposition à la petite musique à danser) est une tradition musicale ancestrale, transmise de manière orale de génération en génération dans le nord Ouest de l’Ecosse au sein de véritables dynasties de sonneurs de cornemuse. Une musique très savante, en dépit de son extrême dépouillement. Sa précise codification comme art Chapiteau Langonnetde la variation n’est pas sans m’évoquer la tradition indienne mais son extrême austérité, le caractère minimal de ses micro-variations serait à l’exubérance mOttobeurenélodique et rythmique des derniers mouvements du raga, ce que les chapiteaux romans de l’Eglise Saint-Pierre de Langonnet (à 100 mètres de la Grande Boutique où a été produit ce projet) sont à l’exubérance iconographique de l’église d’Ottobeuren, sommet du baroque allemand (ceci dit avec toutes les approximations propres à l’exercice métaphorique qui ici va m’attirer les foudres des amateurs de musique indienne).

Ceol Mor est un art du temps long des Highlands, un art du même toujours répété et toujours renouvelé, de la répétition à l’identique des heures et des collines qui se succèdent à perte de vue, un art de l’identique et de son infime variation, en correspondance avec la litanie des noms de “pipers” constituant la longue dynastie dont Patrick Molard est l’un des derniers dépositaires. Litanie qu’il aime réciter avec ces beaux accents chargés de tourbe, d’herbes sèches et de cailloux roulés par les rivières, ces micro-phonèmes qui requièrent tout l’appareil phonique de la voute du palais au plus profond de la gorge, si l’on songe que pibroch, s’orthographie en fait piobaireachd et qu’il faut prononcer pibrachk en raclant un peu la gorge sur le “ch” et une petite vélaire finale, prononciation dont on pourrait presque faire un équivalent des micro-ornementations qui font tout l’art du piping (grace notes, birl, grip, sliding, cranning).

Eric Daniel, Yannick Jory, Hélène Labarrière, Patrick Molard, Jacky Molard et Simon Goubert.

De cet art grandiose et tellement étranger à notre temps court et rapide, notre monde rétréci où semble abolie la distance, à notre culture du “novelty” (cette notion contemporaine du jazz qui s’en est abondamment nourrie), Jacky Molard, frère de Patrick à voulu s’emparer. Violoniste, improvisateur, jazzman à sa façon nourri des heures de fest-noz et de sessions irlandaises, mais aussi de voyages réels ou imaginaires vers les Balkans, l’Inde, l’Americana, le jazz et le rock, il n’a pas voulu en donner une version fun ou jazzy, mais une sorte d’invitation initiatique. Pour ce faire, il a fait appel à Hélène Labarrière et Yannick Jory, complices de son quartette (dans le répertoire duquel le pibroch a déjà eu sa place) et deux nouveaux venus, le batteur Simon Goubert et le guitariste Eric Daniel. Les arrangements qu’il leur a soumis, l’écoute et la curiosité qu’ils ont su consacrer au micro-détails de cet étrange temps long, leur capacité d’initiative (que ce soit dans l’art du voicing, du placement rythmique ou de l’improvisation, cet art du dehors-dedans avec lequel le jazz a grandi) nous ouvre des portes, nous achemine vers la grandeur des Highlands, doucement mais surement, de ce pas lent, rêveur mais endurant qu’est celui des sonneurs de pibroch.

À la sortie de ce programme qui ne demande plus qu’à tourner pour que le son se fasse comme un whisky en fût (on les attend juin Toulouse au festival Rio Loco qui du 15 au 19 juin célèbre cette année la Bretagne avec notamment à la même affiche Bojan Z en compagnie du chanteur Erik Marchand, et un trio de cornemuses emmené par le piper Erwarn Keravec), Patrick Molard et Hélène m’interroge sur le premier morceau qui avait suscité mes réserves lors de la création. Je ne m’en souvenais plus et constate seulement qu’aujourd’hui, précédé d’un premier exposé chanté par Patrick Molard selon le traditionnel solfège oral que pratiquaient les apprentis pipers avant même de toucher la cornemuse, peut-être aussi allégé de redondances orchestrales, ce premier morceau participe de cette initiation progressive voulue par Jacky Molard. Franck Bergerot

PS : Les Parisiens retrouveront Ceol Mor à la Philharmonie le 26 février 2017.