Jazz live
Publié le 21 Mar 2019

Rocher de Palmer: Las Hermanas Caronni, tout en nuances

Un nouvel album Santa Plástica, un concert inaugural joué á domicile avant un rebond parisien. Las Hermanas Caronni, musiciennes et voix argentines singulières veulent ouvrir leur champ d’expérience musicale en plaidant pour la vie de la planète. Pour ce faire elles avaient choisi le Rocher de Palmer à Cenon pour ouvrir le bal.

“On travaillait sur une composition récente Tingo qu’aime sa fille Nina. J’ai dit à ma sœur: tu vois là dessus je verrais bien la trompette d’Eric Truffaz” raconte Gianna Caronni “Et bien, la vie est simple quelquefois. Voià Éric Truffaz …“ Le trompettiste suisse,  chapeau planté sur la tête rejoint alors sur scène les deux sœurs argentines de Bordeaux.

Laura Caronni (voc, cello), Gianna Caronni (cl, bel), invité: Erik Truffaz (Tp)

Le Rocher de Palmer, Cenon (33150), 20 mars

 

Laura Caronni

Une base de cordes pincée au violoncelle. Et le dialogue débute en douceur, clarinette lancée en notes rondes et claires, trompette lâchée pour une ballade réverbérée d’essence aérienne. C’est Tingo donc on y revient “thème inspiré du territoire du compositeur Charles Ives” Premier rendez vous sur scène avec Érik Truffaz.  Les sœurs Caronni, pour ce nouveau travail rendu (album Santa Plástica, Label Les Grands Fleuves/ L’autre distribution) ont opté désormais en live pour des séquences d’improvisation plus ou moins longues. Gianna en particulier qui dans cet exercice sollicite davantage la clarinette basse en développement solo ou en échange, petits moments de  défis relevés avec Truffaz, avec le violoncelle  également (Partir, composition basée sur un traditionnel de la musique basque, Banagoa) Voire à trois voix en lignes croisées, boucles électro et voix portées en échos, apports personnels de Laura. Le fond, les racines argentines demeurent bien sûr, ressortent tel ce morceau au nom singulier, Tôle qui reprend quelques lignes du Liber Tango d’Arthur Piazzolla. Car l’inspiration de ce nouveau travail (terreau) musical se veut conjuguer des courants classique, jazz ou traditionnels façon musiques du monde. Sur les mots, les idées, la philosophie il porte également les préocupations, les revendications, les enjeux actuels de l’environnement, du climat. Avec pourtant, non obstant une lucidité certaine, ce petit recul, ces pointes d’humour,  cette sensibilité caractéristiques du tempérament des Hermanas Caronni. Lesquelles entrent en scène dans le costume de belles italiennes des années 60 avec foulard et talons hauts en hommage à Fellini sur fond d’échos de Nino Rota. Ou bien  se plaisent à utiliser des matières plastiques en guise de percussion cheap sur le morceau éponyme de l’album, Santa Plástica. Come un cri poussé en mode douceur, sensé éveiller les consciences sur les mers de plastique envahissant les océans.

 

Gianna Caronni

 

On sent le besoin de l’improvisation, la prise de risque dans le  choix musical, l’envie pressante de nouveaux horizons sonore comme un chantier ouvert. En live ou enregistrées, dans l’improvisation comme l’ecriture, le sceau artistique, créatif imprimé par Las Hermanas Caronni (cf One way) passe avant tout par la nuance. Forme d’élégance.

 

Erik Truffaz & Las Hermanas

 

Robert Latxague