Jazz live
Publié le 16 Avr 2016

À ORLÉANS, JAZZ OR JAZZ, MADAME RÊVE… JOZEF ENTRE L'ORGUE ET L'ARTIFICE !

« Madame rêve ». Et comme tout rêve, ça commence dans le mystère. Et ça s’achève de même : les mots sont bien impuissants à restituer quelque chose d’un rêve. Éve Risser (Rêve Ressir) essaye quand même de nous dire de quoi ça parle : des fractures terrestres, des pierres, d’un désert blanc, du grand nord, des fjords. Des pas dans la neige, quoi…

White Desert Orchestra : Sylvaine Hélary (fl), Antonin-Tri Hoang (as, cl, b-cl), Benjamin Dousteyssier (ts, bs), Sophie Bernado (basson), Eivind Lønning (tp), Fidel Fourneyron (tb), Julien Desprez (el-g), Eve Risser (p, comp, dir), Fanny Lasfargues (el-acoustic-b), Sylvain Darrifourcq (dm), Céline Grangey (son). 

Un assemblage de sons et de personnes, consonnes et dissonnes. Se calment par l’arrivée d’un rythme, puis d’un thème descendant repris plusieurs fois : une marche lente. Une écriture qu’on dirait parfois issue du livre de Carla. Un solo de basson, magnifique. La musique enfle, montées, descentes. Stop brutal. Commence un dialogue entre la très grosse caisse et le piano. Puis ce dernier émerge seul, dans une sorte de plainte, auxquels répondent les anches et les cuivres. Echo de flamenco, bribes de Gil Evans. Et toujours cette marche lente, entre déploration et berceuse. Final en solo sur la flûte.

Le rythme se fait alors plus alerte, la musique plus pointilliste. Petits riffs des cuivres, solo de trombone, les choses prennent corps. Solo bruitiste du guitariste. Fanny relance la machine, les riffs deviennent plus énergiques, duo piano/batterie, puis trio rythmique, et l’orchestre au complet. Applaudissements. Manifestement, le public est ravi. Madame rêve. Nous aussi. On les connaît tous ou presque, on les a entendus en solo (Ève, Fanny, Julien), parfois en trio (Q), ou alors en duo (Sylvaine avec Noémie), dans d’autres orchestres aussi : Benjamin, Antonin, Fidel, indispensables aujourd’hui un peu partout où ça joue. Sans oublier ce trompettiste venu de Norvège, sublime.

Au baryton, soutenu par tout l’orchestre, un solo qui pourrait être, par sa violence, un hommage au petit chat, récemment disparu. Au final, la batterie lance un rythme roulant sur un ostinato de piano. L’alto intervient, intensifie, débouche sur des accords de cuivres. Crescendo et dévoration. Madame prend un plaisir fou à diriger son orchestre, il tonne, il rugit, il sourit aussi. Sur une coda décroissante, le rythme roulant disparaît doucement. La musique s’efface. Standing ovation des premiers rangs, succès total, imprévu quoi. Prévue (ou pensée ?) pour des fondus de jazz vif et des malades de l’improvisation, la musique d’Ève Risser, portée par ce bel orchestre, a touché des gens qui n’imaginaient même pas que cela pouvait exister. Toujours ce même effet d’élévation, là où la consommation des affiches déçoit le plus souvent – si l’on veut bien se l’avouer. La beauté qui sourd de cette jeune et belle équipe a quelque chose d’inoxydable. Oui, je n’ai pas dit que le concert de Jan Garbarek avait été annulé pour cause d’indisposition de Trilok Gurtu, à qui l’on souhaite d’aller mieux très vite.

Car pour qui – chanceux – a écouté le solo d’Ève Risser (Perpignan, cherchez sur ce même site), et bien sûr son disque (Des Pas Sur la Neige, un must absolu de ces deux ou trois dernières années) rien d’étonnant à ce que cette musique prenne : c’est tout ce qu’elle porte en tête dans son expression solitaire, multiplié par vingt bras, deux cents doigts agiles, sans compter les bouts, les embouts, les becs, les langues, les brosses, les archets. Et surtout les flèches, qui nous atteignent à tout coup. Et voilà ! Avez-vous compris qu’on attend la trace enregistrée de ce drapé ?

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Fanny Lasfargues

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La rythmique, qui fut le trio « Q »

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Benjamin Dousteyssier

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Antonin Tri et Benjamin Dousteyssier

 

 

Jozef Dumoulin : fender Rhodes, electronics

Les « Afters » ont lieu salle Vitez. Jozef y joue des pieds, des mains et de tous les bruits que la machine peut engendrer. Comme tout amateur de clavier qui se respecte, il titille les registrations, les sollicite pour un fond, butine ici et là. Une astucieux et fascinant mélange d’organiste et d’artificier. Quarante cinq minutes en suspension, et une virgule pour finir. Très réussi.

Philippe Méziat|« Madame rêve ». Et comme tout rêve, ça commence dans le mystère. Et ça s’achève de même : les mots sont bien impuissants à restituer quelque chose d’un rêve. Éve Risser (Rêve Ressir) essaye quand même de nous dire de quoi ça parle : des fractures terrestres, des pierres, d’un désert blanc, du grand nord, des fjords. Des pas dans la neige, quoi…

White Desert Orchestra : Sylvaine Hélary (fl), Antonin-Tri Hoang (as, cl, b-cl), Benjamin Dousteyssier (ts, bs), Sophie Bernado (basson), Eivind Lønning (tp), Fidel Fourneyron (tb), Julien Desprez (el-g), Eve Risser (p, comp, dir), Fanny Lasfargues (el-acoustic-b), Sylvain Darrifourcq (dm), Céline Grangey (son). 

Un assemblage de sons et de personnes, consonnes et dissonnes. Se calment par l’arrivée d’un rythme, puis d’un thème descendant repris plusieurs fois : une marche lente. Une écriture qu’on dirait parfois issue du livre de Carla. Un solo de basson, magnifique. La musique enfle, montées, descentes. Stop brutal. Commence un dialogue entre la très grosse caisse et le piano. Puis ce dernier émerge seul, dans une sorte de plainte, auxquels répondent les anches et les cuivres. Echo de flamenco, bribes de Gil Evans. Et toujours cette marche lente, entre déploration et berceuse. Final en solo sur la flûte.

Le rythme se fait alors plus alerte, la musique plus pointilliste. Petits riffs des cuivres, solo de trombone, les choses prennent corps. Solo bruitiste du guitariste. Fanny relance la machine, les riffs deviennent plus énergiques, duo piano/batterie, puis trio rythmique, et l’orchestre au complet. Applaudissements. Manifestement, le public est ravi. Madame rêve. Nous aussi. On les connaît tous ou presque, on les a entendus en solo (Ève, Fanny, Julien), parfois en trio (Q), ou alors en duo (Sylvaine avec Noémie), dans d’autres orchestres aussi : Benjamin, Antonin, Fidel, indispensables aujourd’hui un peu partout où ça joue. Sans oublier ce trompettiste venu de Norvège, sublime.

Au baryton, soutenu par tout l’orchestre, un solo qui pourrait être, par sa violence, un hommage au petit chat, récemment disparu. Au final, la batterie lance un rythme roulant sur un ostinato de piano. L’alto intervient, intensifie, débouche sur des accords de cuivres. Crescendo et dévoration. Madame prend un plaisir fou à diriger son orchestre, il tonne, il rugit, il sourit aussi. Sur une coda décroissante, le rythme roulant disparaît doucement. La musique s’efface. Standing ovation des premiers rangs, succès total, imprévu quoi. Prévue (ou pensée ?) pour des fondus de jazz vif et des malades de l’improvisation, la musique d’Ève Risser, portée par ce bel orchestre, a touché des gens qui n’imaginaient même pas que cela pouvait exister. Toujours ce même effet d’élévation, là où la consommation des affiches déçoit le plus souvent – si l’on veut bien se l’avouer. La beauté qui sourd de cette jeune et belle équipe a quelque chose d’inoxydable. Oui, je n’ai pas dit que le concert de Jan Garbarek avait été annulé pour cause d’indisposition de Trilok Gurtu, à qui l’on souhaite d’aller mieux très vite.

Car pour qui – chanceux – a écouté le solo d’Ève Risser (Perpignan, cherchez sur ce même site), et bien sûr son disque (Des Pas Sur la Neige, un must absolu de ces deux ou trois dernières années) rien d’étonnant à ce que cette musique prenne : c’est tout ce qu’elle porte en tête dans son expression solitaire, multiplié par vingt bras, deux cents doigts agiles, sans compter les bouts, les embouts, les becs, les langues, les brosses, les archets. Et surtout les flèches, qui nous atteignent à tout coup. Et voilà ! Avez-vous compris qu’on attend la trace enregistrée de ce drapé ?

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Fanny Lasfargues

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La rythmique, qui fut le trio « Q »

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Benjamin Dousteyssier

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Antonin Tri et Benjamin Dousteyssier

 

 

Jozef Dumoulin : fender Rhodes, electronics

Les « Afters » ont lieu salle Vitez. Jozef y joue des pieds, des mains et de tous les bruits que la machine peut engendrer. Comme tout amateur de clavier qui se respecte, il titille les registrations, les sollicite pour un fond, butine ici et là. Une astucieux et fascinant mélange d’organiste et d’artificier. Quarante cinq minutes en suspension, et une virgule pour finir. Très réussi.

Philippe Méziat|« Madame rêve ». Et comme tout rêve, ça commence dans le mystère. Et ça s’achève de même : les mots sont bien impuissants à restituer quelque chose d’un rêve. Éve Risser (Rêve Ressir) essaye quand même de nous dire de quoi ça parle : des fractures terrestres, des pierres, d’un désert blanc, du grand nord, des fjords. Des pas dans la neige, quoi…

White Desert Orchestra : Sylvaine Hélary (fl), Antonin-Tri Hoang (as, cl, b-cl), Benjamin Dousteyssier (ts, bs), Sophie Bernado (basson), Eivind Lønning (tp), Fidel Fourneyron (tb), Julien Desprez (el-g), Eve Risser (p, comp, dir), Fanny Lasfargues (el-acoustic-b), Sylvain Darrifourcq (dm), Céline Grangey (son). 

Un assemblage de sons et de personnes, consonnes et dissonnes. Se calment par l’arrivée d’un rythme, puis d’un thème descendant repris plusieurs fois : une marche lente. Une écriture qu’on dirait parfois issue du livre de Carla. Un solo de basson, magnifique. La musique enfle, montées, descentes. Stop brutal. Commence un dialogue entre la très grosse caisse et le piano. Puis ce dernier émerge seul, dans une sorte de plainte, auxquels répondent les anches et les cuivres. Echo de flamenco, bribes de Gil Evans. Et toujours cette marche lente, entre déploration et berceuse. Final en solo sur la flûte.

Le rythme se fait alors plus alerte, la musique plus pointilliste. Petits riffs des cuivres, solo de trombone, les choses prennent corps. Solo bruitiste du guitariste. Fanny relance la machine, les riffs deviennent plus énergiques, duo piano/batterie, puis trio rythmique, et l’orchestre au complet. Applaudissements. Manifestement, le public est ravi. Madame rêve. Nous aussi. On les connaît tous ou presque, on les a entendus en solo (Ève, Fanny, Julien), parfois en trio (Q), ou alors en duo (Sylvaine avec Noémie), dans d’autres orchestres aussi : Benjamin, Antonin, Fidel, indispensables aujourd’hui un peu partout où ça joue. Sans oublier ce trompettiste venu de Norvège, sublime.

Au baryton, soutenu par tout l’orchestre, un solo qui pourrait être, par sa violence, un hommage au petit chat, récemment disparu. Au final, la batterie lance un rythme roulant sur un ostinato de piano. L’alto intervient, intensifie, débouche sur des accords de cuivres. Crescendo et dévoration. Madame prend un plaisir fou à diriger son orchestre, il tonne, il rugit, il sourit aussi. Sur une coda décroissante, le rythme roulant disparaît doucement. La musique s’efface. Standing ovation des premiers rangs, succès total, imprévu quoi. Prévue (ou pensée ?) pour des fondus de jazz vif et des malades de l’improvisation, la musique d’Ève Risser, portée par ce bel orchestre, a touché des gens qui n’imaginaient même pas que cela pouvait exister. Toujours ce même effet d’élévation, là où la consommation des affiches déçoit le plus souvent – si l’on veut bien se l’avouer. La beauté qui sourd de cette jeune et belle équipe a quelque chose d’inoxydable. Oui, je n’ai pas dit que le concert de Jan Garbarek avait été annulé pour cause d’indisposition de Trilok Gurtu, à qui l’on souhaite d’aller mieux très vite.

Car pour qui – chanceux – a écouté le solo d’Ève Risser (Perpignan, cherchez sur ce même site), et bien sûr son disque (Des Pas Sur la Neige, un must absolu de ces deux ou trois dernières années) rien d’étonnant à ce que cette musique prenne : c’est tout ce qu’elle porte en tête dans son expression solitaire, multiplié par vingt bras, deux cents doigts agiles, sans compter les bouts, les embouts, les becs, les langues, les brosses, les archets. Et surtout les flèches, qui nous atteignent à tout coup. Et voilà ! Avez-vous compris qu’on attend la trace enregistrée de ce drapé ?

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Fanny Lasfargues

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La rythmique, qui fut le trio « Q »

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Benjamin Dousteyssier

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Antonin Tri et Benjamin Dousteyssier

 

 

Jozef Dumoulin : fender Rhodes, electronics

Les « Afters » ont lieu salle Vitez. Jozef y joue des pieds, des mains et de tous les bruits que la machine peut engendrer. Comme tout amateur de clavier qui se respecte, il titille les registrations, les sollicite pour un fond, butine ici et là. Une astucieux et fascinant mélange d’organiste et d’artificier. Quarante cinq minutes en suspension, et une virgule pour finir. Très réussi.

Philippe Méziat|« Madame rêve ». Et comme tout rêve, ça commence dans le mystère. Et ça s’achève de même : les mots sont bien impuissants à restituer quelque chose d’un rêve. Éve Risser (Rêve Ressir) essaye quand même de nous dire de quoi ça parle : des fractures terrestres, des pierres, d’un désert blanc, du grand nord, des fjords. Des pas dans la neige, quoi…

White Desert Orchestra : Sylvaine Hélary (fl), Antonin-Tri Hoang (as, cl, b-cl), Benjamin Dousteyssier (ts, bs), Sophie Bernado (basson), Eivind Lønning (tp), Fidel Fourneyron (tb), Julien Desprez (el-g), Eve Risser (p, comp, dir), Fanny Lasfargues (el-acoustic-b), Sylvain Darrifourcq (dm), Céline Grangey (son). 

Un assemblage de sons et de personnes, consonnes et dissonnes. Se calment par l’arrivée d’un rythme, puis d’un thème descendant repris plusieurs fois : une marche lente. Une écriture qu’on dirait parfois issue du livre de Carla. Un solo de basson, magnifique. La musique enfle, montées, descentes. Stop brutal. Commence un dialogue entre la très grosse caisse et le piano. Puis ce dernier émerge seul, dans une sorte de plainte, auxquels répondent les anches et les cuivres. Echo de flamenco, bribes de Gil Evans. Et toujours cette marche lente, entre déploration et berceuse. Final en solo sur la flûte.

Le rythme se fait alors plus alerte, la musique plus pointilliste. Petits riffs des cuivres, solo de trombone, les choses prennent corps. Solo bruitiste du guitariste. Fanny relance la machine, les riffs deviennent plus énergiques, duo piano/batterie, puis trio rythmique, et l’orchestre au complet. Applaudissements. Manifestement, le public est ravi. Madame rêve. Nous aussi. On les connaît tous ou presque, on les a entendus en solo (Ève, Fanny, Julien), parfois en trio (Q), ou alors en duo (Sylvaine avec Noémie), dans d’autres orchestres aussi : Benjamin, Antonin, Fidel, indispensables aujourd’hui un peu partout où ça joue. Sans oublier ce trompettiste venu de Norvège, sublime.

Au baryton, soutenu par tout l’orchestre, un solo qui pourrait être, par sa violence, un hommage au petit chat, récemment disparu. Au final, la batterie lance un rythme roulant sur un ostinato de piano. L’alto intervient, intensifie, débouche sur des accords de cuivres. Crescendo et dévoration. Madame prend un plaisir fou à diriger son orchestre, il tonne, il rugit, il sourit aussi. Sur une coda décroissante, le rythme roulant disparaît doucement. La musique s’efface. Standing ovation des premiers rangs, succès total, imprévu quoi. Prévue (ou pensée ?) pour des fondus de jazz vif et des malades de l’improvisation, la musique d’Ève Risser, portée par ce bel orchestre, a touché des gens qui n’imaginaient même pas que cela pouvait exister. Toujours ce même effet d’élévation, là où la consommation des affiches déçoit le plus souvent – si l’on veut bien se l’avouer. La beauté qui sourd de cette jeune et belle équipe a quelque chose d’inoxydable. Oui, je n’ai pas dit que le concert de Jan Garbarek avait été annulé pour cause d’indisposition de Trilok Gurtu, à qui l’on souhaite d’aller mieux très vite.

Car pour qui – chanceux – a écouté le solo d’Ève Risser (Perpignan, cherchez sur ce même site), et bien sûr son disque (Des Pas Sur la Neige, un must absolu de ces deux ou trois dernières années) rien d’étonnant à ce que cette musique prenne : c’est tout ce qu’elle porte en tête dans son expression solitaire, multiplié par vingt bras, deux cents doigts agiles, sans compter les bouts, les embouts, les becs, les langues, les brosses, les archets. Et surtout les flèches, qui nous atteignent à tout coup. Et voilà ! Avez-vous compris qu’on attend la trace enregistrée de ce drapé ?

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Fanny Lasfargues

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La rythmique, qui fut le trio « Q »

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Benjamin Dousteyssier

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Antonin Tri et Benjamin Dousteyssier

 

 

Jozef Dumoulin : fender Rhodes, electronics

Les « Afters » ont lieu salle Vitez. Jozef y joue des pieds, des mains et de tous les bruits que la machine peut engendrer. Comme tout amateur de clavier qui se respecte, il titille les registrations, les sollicite pour un fond, butine ici et là. Une astucieux et fascinant mélange d’organiste et d’artificier. Quarante cinq minutes en suspension, et une virgule pour finir. Très réussi.

Philippe Méziat