Jazz live
Publié le 22 Mar 2015

…et la forêt de Birnam marcha sur le Triton

 Vendredi dernier, 20 mars, Guillaume de Chassy, Christophe Marguet et Andy Sheppard revisitait l’œuvre de William Shakespeare au Triton.

 

Le Triton, Les Lilas (93), 20 mars 2015.

 

Shakespeare Songs : Andy Sheppard (saxes ténor et soprano), Guillaume de Chassy (piano), Christophe Marguet (batterie).

 

21h15, dans la nouvelle salle du Triton, Yves Robert annonce la dernière pièce du concert de son trio. Je profite de ma présence près de la porte de sortie et de ce que j’aperçois la dessinatrice Annie-Claire Alvoët et le rédacteur Jean-François Mondot, l’une croquant de ses pinceaux pour ce blog, l’autre notant de son stylo au même dessein, pour filer vers l’autre salle, où sont programmés à 21h les Shakespeare Songs de Guillaume de Chassy, Christophe Marguet et Andy Sheppard. Si j’arrive à temps pour voir les musiciens faire leur entrée, j’imagine déjà quelque sérieux contraste entre cette fresque historique héroïque qui remonte à la littérature élisabéthaine en traversant l’héritage musical classique et cet autre trio reposant sur les petits sketches sonores d’Yves Robert, une complicité avec Bruno Chevillon qui remonte quasiment à leurs débuts et le remplacement de Cyril Atef par Edward Perraud, le tout combiné aux mimiques, pauses et présentations electro-boufonnes du leader jouant sur la distance, l’ironie, l’anti-kitsch.

 

Alors que Guillaume de Chassy présente son projet d’évocation de l’œuvre shakespearienne, de ses héros et de leurs conflits, on pourrait s’interroger sur la nécessité d’un prétexte à l’œuvre musicale, de lui superposer des personnages, des histoires, des intrigues, une surcharge programmatique, tout comme on pourrait s’interroger, au spectacle d’Yves Robert et Edward Perraud, sur la nécessité de l’humour, de la pause et du spectaculaire… vaste débat.

 

La musique commence, ouvrons nos oreilles. J’avoue m’être laissé submerger par le son. Comme si ce projet dont Guillaume de Chassy crédite tant sa plume que celle de Christophe Marguet, était en premier lieu un travail d’orchestration. Certes, il y a cette écriture mélodique et harmonique qui fait résonner les profondeurs du piano physique présent sur scène ainsi que l’histoire mentale de l’instrument qui innerve le geste pianistique de Guillaume de Chassy de son néocortex à l’extrémité de ses doigts, et bien plus que l’histoire de l’instrument, l’histoire de la musique qui a vu naître ce dernier et que le pianiste fréquente depuis toujours. Citons en premier lieu Bach l’incontournable, Prokofiev cher à de Chassy (et on peut imaginer qu’il a en tête le ballet Roméo et Juliette, tout comme il invoque en ouverture du concert les compositeurs élisabéthains William Byrd et John Dowland).

 

Mais ces draperies harmoniques que ses deux mains déploient, ces motifs qu’il répartit entre elles (jusqu’à nous faire oublier l’absence d’une contrebasse) et entre ses partenaires, magnifient l’exercice de l’orchestration. Le choix même d’Andy Sheppard en relève, pour cette sonorité large, profonde, onctueuse, et pour cette économie lyrique de la phrase, bref, ce que l’on appelle le “son” d’un musicien, que j’ai rarement tant apprécié que dans ce programme. Et puis Christophe Marguet qui, sans remettre en cause les fondamentaux de son instrument et de sa tradition, constitue la clé de voûte de ce travail d’orchestration, comme si de son poste, au centre de cette hétérogénéité instrumentale inhérente à la batterie, il avait le pouvoir de ramasser la disparité d’un collectif sonore pour en faire une balle compacte, je parle de ces balles dont les agriculteurs parsèment leurs champs, les faisant tomber de leurs presses mécaniques à intervalles réguliers, après y avoir ramassé l’immensité de la paille ou du foin qu’ils y ont récolté et d’abord mis à sécher en rubans s’étirant à perte de vue, que l’on appelle andins. En ce sens, Christophe Marguet serait un peu le moissonneur de cette formule orchestrale.

 

Alors l’histoire peut commencer et, jouant la carte de l’épique, nos trois hommes feront marcher la forêt de Birnam sur le Triton. Et peut-être que les trois instrumentistes moqueurs du trio d’Yves Robert dans l’autre salle n’étaient autres que les trois sorcières de MacBeth. Franck Bergerot


Rappel: Trois sorcières avaient prédit à McBeth que son royaume durerait tant que la forêt de Birnam ne se mettraient pas en marche. Un jour, la forêt de Birnam se mit en marche vers le château de MacBeth…

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 Vendredi dernier, 20 mars, Guillaume de Chassy, Christophe Marguet et Andy Sheppard revisitait l’œuvre de William Shakespeare au Triton.

 

Le Triton, Les Lilas (93), 20 mars 2015.

 

Shakespeare Songs : Andy Sheppard (saxes ténor et soprano), Guillaume de Chassy (piano), Christophe Marguet (batterie).

 

21h15, dans la nouvelle salle du Triton, Yves Robert annonce la dernière pièce du concert de son trio. Je profite de ma présence près de la porte de sortie et de ce que j’aperçois la dessinatrice Annie-Claire Alvoët et le rédacteur Jean-François Mondot, l’une croquant de ses pinceaux pour ce blog, l’autre notant de son stylo au même dessein, pour filer vers l’autre salle, où sont programmés à 21h les Shakespeare Songs de Guillaume de Chassy, Christophe Marguet et Andy Sheppard. Si j’arrive à temps pour voir les musiciens faire leur entrée, j’imagine déjà quelque sérieux contraste entre cette fresque historique héroïque qui remonte à la littérature élisabéthaine en traversant l’héritage musical classique et cet autre trio reposant sur les petits sketches sonores d’Yves Robert, une complicité avec Bruno Chevillon qui remonte quasiment à leurs débuts et le remplacement de Cyril Atef par Edward Perraud, le tout combiné aux mimiques, pauses et présentations electro-boufonnes du leader jouant sur la distance, l’ironie, l’anti-kitsch.

 

Alors que Guillaume de Chassy présente son projet d’évocation de l’œuvre shakespearienne, de ses héros et de leurs conflits, on pourrait s’interroger sur la nécessité d’un prétexte à l’œuvre musicale, de lui superposer des personnages, des histoires, des intrigues, une surcharge programmatique, tout comme on pourrait s’interroger, au spectacle d’Yves Robert et Edward Perraud, sur la nécessité de l’humour, de la pause et du spectaculaire… vaste débat.

 

La musique commence, ouvrons nos oreilles. J’avoue m’être laissé submerger par le son. Comme si ce projet dont Guillaume de Chassy crédite tant sa plume que celle de Christophe Marguet, était en premier lieu un travail d’orchestration. Certes, il y a cette écriture mélodique et harmonique qui fait résonner les profondeurs du piano physique présent sur scène ainsi que l’histoire mentale de l’instrument qui innerve le geste pianistique de Guillaume de Chassy de son néocortex à l’extrémité de ses doigts, et bien plus que l’histoire de l’instrument, l’histoire de la musique qui a vu naître ce dernier et que le pianiste fréquente depuis toujours. Citons en premier lieu Bach l’incontournable, Prokofiev cher à de Chassy (et on peut imaginer qu’il a en tête le ballet Roméo et Juliette, tout comme il invoque en ouverture du concert les compositeurs élisabéthains William Byrd et John Dowland).

 

Mais ces draperies harmoniques que ses deux mains déploient, ces motifs qu’il répartit entre elles (jusqu’à nous faire oublier l’absence d’une contrebasse) et entre ses partenaires, magnifient l’exercice de l’orchestration. Le choix même d’Andy Sheppard en relève, pour cette sonorité large, profonde, onctueuse, et pour cette économie lyrique de la phrase, bref, ce que l’on appelle le “son” d’un musicien, que j’ai rarement tant apprécié que dans ce programme. Et puis Christophe Marguet qui, sans remettre en cause les fondamentaux de son instrument et de sa tradition, constitue la clé de voûte de ce travail d’orchestration, comme si de son poste, au centre de cette hétérogénéité instrumentale inhérente à la batterie, il avait le pouvoir de ramasser la disparité d’un collectif sonore pour en faire une balle compacte, je parle de ces balles dont les agriculteurs parsèment leurs champs, les faisant tomber de leurs presses mécaniques à intervalles réguliers, après y avoir ramassé l’immensité de la paille ou du foin qu’ils y ont récolté et d’abord mis à sécher en rubans s’étirant à perte de vue, que l’on appelle andins. En ce sens, Christophe Marguet serait un peu le moissonneur de cette formule orchestrale.

 

Alors l’histoire peut commencer et, jouant la carte de l’épique, nos trois hommes feront marcher la forêt de Birnam sur le Triton. Et peut-être que les trois instrumentistes moqueurs du trio d’Yves Robert dans l’autre salle n’étaient autres que les trois sorcières de MacBeth. Franck Bergerot


Rappel: Trois sorcières avaient prédit à McBeth que son royaume durerait tant que la forêt de Birnam ne se mettraient pas en marche. Un jour, la forêt de Birnam se mit en marche vers le château de MacBeth…

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 Vendredi dernier, 20 mars, Guillaume de Chassy, Christophe Marguet et Andy Sheppard revisitait l’œuvre de William Shakespeare au Triton.

 

Le Triton, Les Lilas (93), 20 mars 2015.

 

Shakespeare Songs : Andy Sheppard (saxes ténor et soprano), Guillaume de Chassy (piano), Christophe Marguet (batterie).

 

21h15, dans la nouvelle salle du Triton, Yves Robert annonce la dernière pièce du concert de son trio. Je profite de ma présence près de la porte de sortie et de ce que j’aperçois la dessinatrice Annie-Claire Alvoët et le rédacteur Jean-François Mondot, l’une croquant de ses pinceaux pour ce blog, l’autre notant de son stylo au même dessein, pour filer vers l’autre salle, où sont programmés à 21h les Shakespeare Songs de Guillaume de Chassy, Christophe Marguet et Andy Sheppard. Si j’arrive à temps pour voir les musiciens faire leur entrée, j’imagine déjà quelque sérieux contraste entre cette fresque historique héroïque qui remonte à la littérature élisabéthaine en traversant l’héritage musical classique et cet autre trio reposant sur les petits sketches sonores d’Yves Robert, une complicité avec Bruno Chevillon qui remonte quasiment à leurs débuts et le remplacement de Cyril Atef par Edward Perraud, le tout combiné aux mimiques, pauses et présentations electro-boufonnes du leader jouant sur la distance, l’ironie, l’anti-kitsch.

 

Alors que Guillaume de Chassy présente son projet d’évocation de l’œuvre shakespearienne, de ses héros et de leurs conflits, on pourrait s’interroger sur la nécessité d’un prétexte à l’œuvre musicale, de lui superposer des personnages, des histoires, des intrigues, une surcharge programmatique, tout comme on pourrait s’interroger, au spectacle d’Yves Robert et Edward Perraud, sur la nécessité de l’humour, de la pause et du spectaculaire… vaste débat.

 

La musique commence, ouvrons nos oreilles. J’avoue m’être laissé submerger par le son. Comme si ce projet dont Guillaume de Chassy crédite tant sa plume que celle de Christophe Marguet, était en premier lieu un travail d’orchestration. Certes, il y a cette écriture mélodique et harmonique qui fait résonner les profondeurs du piano physique présent sur scène ainsi que l’histoire mentale de l’instrument qui innerve le geste pianistique de Guillaume de Chassy de son néocortex à l’extrémité de ses doigts, et bien plus que l’histoire de l’instrument, l’histoire de la musique qui a vu naître ce dernier et que le pianiste fréquente depuis toujours. Citons en premier lieu Bach l’incontournable, Prokofiev cher à de Chassy (et on peut imaginer qu’il a en tête le ballet Roméo et Juliette, tout comme il invoque en ouverture du concert les compositeurs élisabéthains William Byrd et John Dowland).

 

Mais ces draperies harmoniques que ses deux mains déploient, ces motifs qu’il répartit entre elles (jusqu’à nous faire oublier l’absence d’une contrebasse) et entre ses partenaires, magnifient l’exercice de l’orchestration. Le choix même d’Andy Sheppard en relève, pour cette sonorité large, profonde, onctueuse, et pour cette économie lyrique de la phrase, bref, ce que l’on appelle le “son” d’un musicien, que j’ai rarement tant apprécié que dans ce programme. Et puis Christophe Marguet qui, sans remettre en cause les fondamentaux de son instrument et de sa tradition, constitue la clé de voûte de ce travail d’orchestration, comme si de son poste, au centre de cette hétérogénéité instrumentale inhérente à la batterie, il avait le pouvoir de ramasser la disparité d’un collectif sonore pour en faire une balle compacte, je parle de ces balles dont les agriculteurs parsèment leurs champs, les faisant tomber de leurs presses mécaniques à intervalles réguliers, après y avoir ramassé l’immensité de la paille ou du foin qu’ils y ont récolté et d’abord mis à sécher en rubans s’étirant à perte de vue, que l’on appelle andins. En ce sens, Christophe Marguet serait un peu le moissonneur de cette formule orchestrale.

 

Alors l’histoire peut commencer et, jouant la carte de l’épique, nos trois hommes feront marcher la forêt de Birnam sur le Triton. Et peut-être que les trois instrumentistes moqueurs du trio d’Yves Robert dans l’autre salle n’étaient autres que les trois sorcières de MacBeth. Franck Bergerot


Rappel: Trois sorcières avaient prédit à McBeth que son royaume durerait tant que la forêt de Birnam ne se mettraient pas en marche. Un jour, la forêt de Birnam se mit en marche vers le château de MacBeth…

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 Vendredi dernier, 20 mars, Guillaume de Chassy, Christophe Marguet et Andy Sheppard revisitait l’œuvre de William Shakespeare au Triton.

 

Le Triton, Les Lilas (93), 20 mars 2015.

 

Shakespeare Songs : Andy Sheppard (saxes ténor et soprano), Guillaume de Chassy (piano), Christophe Marguet (batterie).

 

21h15, dans la nouvelle salle du Triton, Yves Robert annonce la dernière pièce du concert de son trio. Je profite de ma présence près de la porte de sortie et de ce que j’aperçois la dessinatrice Annie-Claire Alvoët et le rédacteur Jean-François Mondot, l’une croquant de ses pinceaux pour ce blog, l’autre notant de son stylo au même dessein, pour filer vers l’autre salle, où sont programmés à 21h les Shakespeare Songs de Guillaume de Chassy, Christophe Marguet et Andy Sheppard. Si j’arrive à temps pour voir les musiciens faire leur entrée, j’imagine déjà quelque sérieux contraste entre cette fresque historique héroïque qui remonte à la littérature élisabéthaine en traversant l’héritage musical classique et cet autre trio reposant sur les petits sketches sonores d’Yves Robert, une complicité avec Bruno Chevillon qui remonte quasiment à leurs débuts et le remplacement de Cyril Atef par Edward Perraud, le tout combiné aux mimiques, pauses et présentations electro-boufonnes du leader jouant sur la distance, l’ironie, l’anti-kitsch.

 

Alors que Guillaume de Chassy présente son projet d’évocation de l’œuvre shakespearienne, de ses héros et de leurs conflits, on pourrait s’interroger sur la nécessité d’un prétexte à l’œuvre musicale, de lui superposer des personnages, des histoires, des intrigues, une surcharge programmatique, tout comme on pourrait s’interroger, au spectacle d’Yves Robert et Edward Perraud, sur la nécessité de l’humour, de la pause et du spectaculaire… vaste débat.

 

La musique commence, ouvrons nos oreilles. J’avoue m’être laissé submerger par le son. Comme si ce projet dont Guillaume de Chassy crédite tant sa plume que celle de Christophe Marguet, était en premier lieu un travail d’orchestration. Certes, il y a cette écriture mélodique et harmonique qui fait résonner les profondeurs du piano physique présent sur scène ainsi que l’histoire mentale de l’instrument qui innerve le geste pianistique de Guillaume de Chassy de son néocortex à l’extrémité de ses doigts, et bien plus que l’histoire de l’instrument, l’histoire de la musique qui a vu naître ce dernier et que le pianiste fréquente depuis toujours. Citons en premier lieu Bach l’incontournable, Prokofiev cher à de Chassy (et on peut imaginer qu’il a en tête le ballet Roméo et Juliette, tout comme il invoque en ouverture du concert les compositeurs élisabéthains William Byrd et John Dowland).

 

Mais ces draperies harmoniques que ses deux mains déploient, ces motifs qu’il répartit entre elles (jusqu’à nous faire oublier l’absence d’une contrebasse) et entre ses partenaires, magnifient l’exercice de l’orchestration. Le choix même d’Andy Sheppard en relève, pour cette sonorité large, profonde, onctueuse, et pour cette économie lyrique de la phrase, bref, ce que l’on appelle le “son” d’un musicien, que j’ai rarement tant apprécié que dans ce programme. Et puis Christophe Marguet qui, sans remettre en cause les fondamentaux de son instrument et de sa tradition, constitue la clé de voûte de ce travail d’orchestration, comme si de son poste, au centre de cette hétérogénéité instrumentale inhérente à la batterie, il avait le pouvoir de ramasser la disparité d’un collectif sonore pour en faire une balle compacte, je parle de ces balles dont les agriculteurs parsèment leurs champs, les faisant tomber de leurs presses mécaniques à intervalles réguliers, après y avoir ramassé l’immensité de la paille ou du foin qu’ils y ont récolté et d’abord mis à sécher en rubans s’étirant à perte de vue, que l’on appelle andins. En ce sens, Christophe Marguet serait un peu le moissonneur de cette formule orchestrale.

 

Alors l’histoire peut commencer et, jouant la carte de l’épique, nos trois hommes feront marcher la forêt de Birnam sur le Triton. Et peut-être que les trois instrumentistes moqueurs du trio d’Yves Robert dans l’autre salle n’étaient autres que les trois sorcières de MacBeth. Franck Bergerot


Rappel: Trois sorcières avaient prédit à McBeth que son royaume durerait tant que la forêt de Birnam ne se mettraient pas en marche. Un jour, la forêt de Birnam se mit en marche vers le château de MacBeth…